
Paroisse de Sainte-Dorothée
Le Jardin de Montréal et le relais des voyageurs
Fondée à la pointe ouest de l’île en 1869, la paroisse Sainte-Dorothée demeure essentiellement rurale pendant un siècle environ. Cette paroisse, auparavant secteur de Saint-François-de-Sales, nommé Haut-Saint-Martin, partage certaines caractéristiques avec Saint-François, notamment une situation géographique qui la rend tributaire des activités économiques des paroisses voisines, surtout de la paroisse de Saint-Martin (dans cet esprit, le notaire André-Benjamin Papineau, installé aux limites ouest de Sainte-Dorothée, dessert les deux paroisses).
La fondation de Sainte-Dorothée ne fait pas l’unanimité. Les habitants de Sainte-Dorothée, rencontrant une opposition farouche aussi bien de la part des résidents de la paroisse de Sainte-Rose-de-Lima que de Saint-Martin dont ils cherchent à se détacher, devront la fondation de leur paroisse à leur seule ténacité.
En fait, la querelle affronte les adversaires pendant quatre ans et ne mène qu’à l’impasse. Le chanoine Hippolyte Moreau tranche alors : une nouvelle aire sacrée sera érigée. Après tout, les raisons invoquées pour la fondation de cette nouvelle paroisse sont les mêmes que pour les précédentes : l’éloignement de l’église qui compromet l’observance des devoirs religieux et la réception des sacrements.
Le développement de Sainte-Dorothée qui s’ensuit s’articule autour de la place publique, liée à l’église, et les chemins de montées qui la bordent. L’une des premières maisons est la maison des Laurin (652, rue Marcel-Gamache), érigée en 1850, 19 ans avant la fondation de la paroisse, à deux pas de ce qui allait devenir la place publique du village. Cette maison demeure l’un des premiers témoins du développement villageois.
Pendant l’été 1868, les paroissiens ramassent près de 2 500 $ pour la construction de l’église et du presbytère, tandis que le marguillier Félix Charron et les cultivateurs Louis Laurin, père et fils, font don des terrains pour le cimetière et la place publique, destinée à la criée et au remisage des voitures. En outre, un terrain est réservé à l’usage du curé, à l’ouest de la montée Gravel.
En 1893, une première rue est ouverte au sud et à l’est de la place publique, ce qui la rend désormais accessible en voiture de tous les côtés. Dès lors, la place sert à l’exhibition des étalons, mais seulement les jours ouvrables, sous peine d’une amende de « cinq piastres ».
Ensuite, un hameau se forme à la croisée de la côte Saint-Martin et de la montée Champagne. Ce secteur, connu désormais sous l’appellation de Sainte-Dorothée Est, est un lieu de convergence par excellence et sert de relais pour les voyageurs.
Ouvert en 1850 (avant le détachement de Sainte-Dorothée de Saint-Martin) Le Coin Flambant devient un carrefour important où l’« on s’arrêtait pour faire manger et ferrer les chevaux, réparer une voiture, faire quelques achats au magasin général, aller au bureau de poste et à l’auberge, naturellement, pour prendre un petit blanc à cinq sous » (Charlemagne Laurin, Sainte-Dorothée ; Cent ans de vie paroissiale).
Dès 1885, la municipalité procède au pavage de ses routes avec l’aide des propriétaires fonciers, tenus de fournir homme, cheval, voiture et outils, au prorata de leurs habitations, en plus d’installer des trottoirs de bois dans le village.
Pour assurer la santé publique, la paroisse met au service de sa population un dispensaire que dirige d’abord un médecin de Saint-Martin, le docteur Amédée Gaboury. Lors d’une épidémie de variole en 1902, on met sur pied un comité d’hygiène qui adopte de sévères mesures destinées à enrayer la contagion. Ainsi, les institutrices ne peuvent accepter en classe que les élèves vaccinés. Dans un geste de solidarité, on fournira des aliments aux familles frappées par la maladie.
Peu à peu, la production laitière, prédominante à Sainte-Dorothée en 1869, cède le pas à la culture maraîchère. Les maraîchers, qui écoulent leurs primeurs dans les grands marchés de la métropole, revendiquent des droits de péage réduits à l’entrée de Montréal et cherchent à devenir de plus en plus productifs. Au marché Bonsecours de Montréal, les légumes se vendent à prix fort, tant et si bien que, de 1920 à 1940, la production sous verre est multipliée par cinq. L’île Jésus et notamment Sainte-Dorothée, deviennent alors ce qu’on appellera à juste titre « le jardin de Montréal ».
C’est, d’ailleurs, à Sainte-Dorothée qui vit Midas Dion, avant-gardiste, le premier jardinier à développer la culture en couche chaude. M. Dion ouvre la voie à la production accélérée en préparant la terre et les semis, placés sous verre, pendant les giboulées de mars.
Plus tard, devant la mainmise des spéculateurs sur les terres agricoles et l’arrivée des supermarchés, les agriculteurs locaux se tourneront vers l’horticulture. En 1895, les agriculteurs se réunissent en coopérative et dès 1915, afin de répondre à la demande de produits non périssables, ils commencent à vendre leur manufacture de conserves spécialisée dans la tomate à la Dominion Canners.
Avant même l’arrivée de l’électricité au village, en 1924, la fabrique jouit d’une technologie moderne grâce à sa dynamo qui fournit le courant à deux grosses bouilloires. L’entreprise, sise rue de la Manufacture, devenue rue Renaud, fonctionnera encore pendant 12 ans avec ses 140 employés saisonniers, jusqu’à sa fermeture en 1927.
En 1903, on construira sur ce terrain la première école du village, devenue aujourd’hui l’école primaire Sainte-Dorothée.
Vers 1920, le village prend de l’expansion. Le long de la rue Principale apparaissent un hôtel, une forge, un moulin à scie et un magasin général logeant une succursale bancaire (mais cette dernière – succursale de la Banque d’Hochelaga, sera le théâtre de l’un feu le plus ravageur, le 21 juin 1929).
Au cours du XXe siècle, surviennent des transformations territoriales qui donnent lieu à un démembrement progressif des paroisses de l’île Jésus. Sainte-Dorothée reflète en cela l’ensemble des bouleversements que connaîtra l’île à l’échelle de son territoire. En effet, en 1915, avec la forte croissance de l’industrie récréo-touristique, la partie ouest de Sainte-Dorothée se détache pour devenir Laval-sur-le-Lac. La paroisse des Îles-Laval naîtra en 1941. La paroisse et le village fusionnant, la municipalité de Sainte-Dorothée deviendra finalement une ville en 1959, cédant une partie de son territoire à Laval-Ouest.
Contrairement à Saint-François-de-Sales qui conservera son emplacement aux abords des deux rivières, Sainte-Dorothée, délestée de ses parties nord et ouest, verra alors son accès à l’eau limité à la rivière des Prairies.
Rappelons finalement une légende qui entoure la chapelle de Sainte-Dorothée : La légende du Cheval blanc raconte l’histoire d’un diable de cheval qui, harnaché à son corps défendant pour déménager les pierres destinées à la chapelle du Sault-au-Récollet, alla s’engloutir, écumant de rage, dans la rivière. Après quoi, la dernière pierre de la chapelle demeure à jamais impossible à fixer en raison du mauvais sort jeté par cette noyade spectaculaire…
Circonscription électorale de Fabre
Établie en 1965, cette circonscription électorale, qui se situe à l’extrémité ouest de l’île Jésus, est limitée à l’est par les circonscriptions de Chomedey et de Vimont, et donne sur la rivière des Mille Îles, au nord, et sur celle des Prairies, au sud. D’une superficie de 54 km carrés, elle prend place dans la ville de Laval et regroupe une population provenant des anciennes municipalités des Île-Laval, de Laval-Ouest, de Laval-sur-le-Lac, de Fabreville et de Sainte-Dorothée.
Urbanisée, principalement dans ces anciens noyaux devenus aujourd’hui des secteurs de la ville, cette circonscription demeure toutefois encore pourvue en exploitations maraîchères situées au centre à l’est. Ce nom, tiré de la municipalité de Fabreville, l’une des quatorze municipalités fusionnées pour former la ville de Laval en 1965, honore la mémoire de monseigneur Édouard-Charles Fabre (1827-1896), troisième évêque et premier archevêque de Montréal.
Sources :
- Ville de Laval, quelques pages d’histoire
- Charlemagne Laurin, Sainte-Dorothée ; Cent ans de vie paroissiale, cité dans Paroisses et Villages anciens de Ville de Laval, SHGIJ, vol. 5, 1996.
- Paroisses et Villages anciens de Ville de Laval, SHGIJ, vol. 3, 1995.
- Moulin de Saint-François-de-Sales ; Étude historique et archéologique, Ethnoscop, 1986.

Rue principale en 1915. Source : C. Laurin, cent ans de vie paroissiale, Ville de Laval, quelques pages d’histoire.

Gare ferroviaire de Sainte-Dorothée. Photo : GrandQuebec.com.

Intersection des rues Chemin du Bord-de-l’Eau et Gobeil. Photo : GrandQuebec.com.

Chemin du Bord-de-l’Eau et rue Val-Brillant. Photo : GrandQuebec.com.

Arbres au parc Jolibourg. Photo : GrandQuebec.com.

Vue générale du parc Jolibourg de Ste-Dorothée. Photo : GrandQuebec.com.

Rue L’Anse-au-Griffon. Photo : GrandQuebec.com.

Club de golf Islemere, 1199 chemin du Bord-de-l’Eau. Photo : GrandQuebec.com.

Salle de réception Paradis. Photo : GrandQuebec.com.

Place Jolibourg. Photo : GrandQuebec.com.

Avenue des Nénuphars. Photo : GrandQuebec.com.

Coin de l’avenue des Nénuphars et Chemin du Bord-de-l’Eau. Photo : GrandQuebec.com.

Parc des Nénuphars. Photo : GrandQuebec.com.

Ruisseau au parc des Nénuphars. Photo : GrandQuebec.com.

Agence Sutton au coin de la rue Crevier et boulevard Samson. Photo : GrandQuebec.com.

Une autre photo de Place Jolibourg. Photo : GrandQuebec.com.

Rue Val-Brillant. Photo : GrandQuebec.com.

Rue Jolibourg. Photo : GrandQuebec.com.

Rue Jeanne-d’Arc. Photo : GrandQuebec.com.

Terrasse Lecavalier. Photo : GrandQuebec.com.

Rue Mirabeau. Photo : GrandQuebec.com.

Coin des rues Mirabeau et chemin Bord-de-l’Eau. Photo : GrandQuebec.com.

Rue Maurice. Photo : GrandQuebec.com.

Coin de la rue Maurice et du boulevard Samson. Photo : GrandQuebec.com.

Parc Sauvé, piste cyclable. Photo : GrandQuebec.com.

Bibliothéque Yves_Thériault, 670, Rue de la Place Publique, Ste-Dorothée, Laval H7X 1G1. Photo : GrandQuebec.com.

Église paroissiale de Ste-Dorothée. Photo : GrandQuebec.com.

Place Publique et parc Marcel Gamache avec sa fontaine. Photo : GrandQuebec.com.

Petit monument de Marcel Gamache au parc qui porte son nom. Photo : GrandQuebec.com.

Une galerie commerciale le long du chemin du Bord-de-l’Eau. Photo : GrandQuebec.com.

Maison des jeunes de Sainte-Dorothée La Place. Photo : GrandQuebec.com.

Manoir Du Ruisseau, au 400 Boulevard Samson. Photo : GrandQuebec.com.

Montée Gravel. Photo : GrandQuebec.com.

Parc Sylvie. Photo : GrandQuebec.com.

Place commerciale. Photo : GrandQuebec.com.

Station de pompiers de Ste-Dorothée. Photo : GrandQuebec.com.

Résidence pour personnes ainés Bégonias554, rue Les Bégonias, Laval (Québec) H7X 1H8. Photo : GrandQuebec.com.

Une rue typique de Ste-Dorothée. Photo : GrandQuebec.com.

Un quartier paisible et très calme. Photo : GrandQuebec.com.
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