Bois Papineau : Une forêt précoloniale

Bois Papineau : Une forêt précoloniale au sommet d’un couteau de sable – Bienvenue dans une forêt ancienne

Le Bois Papineau est un espace naturel préservé pour le bénéfice de la collectivité. Il sert principalement de refuge faunique et floristique en milieu urbain, de laboratoire d’éducation eu milieu naturel et de site d’activités récréatives en milieu naturel.

Au terme de la dernière glaciation

C’est la dernière glaciation qui a tracé le destin des la hêtraie. L’inlandsis laurentien qui recouvrait jadis la région a érodé le roc, le brisant en blocs de toutes tailles. Puis le réchauffement du climat a entraîné la fonte des glaces. Le poids des glaciers était tel qu’après leur passage le continent est demeuré enfoncé longtemps. Les eaux de l’Atlantique ont envahi cette dépression et créé la mer de Champlain, mais le relèvement du continent (isostasie) a chassé ces eaux. De larges chenaux ont fait leur chemin, charriant les sédiments et les déposant aux endroits où le courant ralentissait. C’est ainsi que le coteau de sable du Bois Papineau a été créé il y a environ 8000 ans, époque où l’eau s’est retirée pour sa confiner au lit du fleuve Saint-Laurent.

L’arrivée des arbres

Après le retrait des eaux, la croissance des arbres a été rapide. Le vert a disséminé des graines de peupliers, de bouleaux et d’érables. Comme ses graines sont transportées par des animaux, le hêtre est arrivé plus tard. Nous estimons que le hêtre s’est établi dans la région il y a environ 4000 ans. La forêt dans laquelle vous vous trouvez a essentiellement évolué depuis de façon naturelle, ce qui est exceptionnel en milieu urbain..

Bois Papineau. Les visiteurs sont priés de circuler sur les sentiers aménagés afin de protéger les sous-bois et certaines plantes dont la survie est précaire. Photo de GrandQuebe.com.

Un peu d’histoire

Une découverte archéologique a révélé que les Amérindiens sillonnaient le territoire il y a environ 3400 ans. Sur la colline de la hêtraie ou près d’un étang, des tribus ont peut-être installé leur campement pour profiter des ressources de saison en saison, jusqu’à l’arrivée des pionniers français.

Sous le régime seigneurial

Les Jésuites reçurent d’abord l’île de Jésus en 1636. L’île Jésus fut échangée à Mgr François de Laval, qui en fit don au séminaire de Québec en 1680. En raison de son droit sur la réserve de bois, le séminaire veilla sur l’état de la forêt. C’est en 1747, sous le régime seigneurial, que les terres furent concédées à des colons. Le secteur de la hêtraie était situé au trécarré du rang de la Côte du Sud (l’actuel boulevard Lévesque) et du rang Saint-François. Au bout des terres et loin des maisons, le trécarré était souvent exempt de l’exploitation. Son éloignement et la nature du sol, peu propice à l’agriculture, expliqueraient la présence du Bois Papineau ici aujourd’hui.

Au XIXe siècle

Aboli en 1854, le régime seigneurial fut remplacé par un régime municipal l’année suivante. Tout au long du XIXe siècle, sur le territoire du futur Bois Papineau, les habitants profitèrent des ressources offertes par les forêts et les étangs (bois de chauffage ou de construction, sirop d’érable, petits fruits, plantes médicinales, animaux à chasser, à pêcher). Bien qu’elles aient repoussé depuis, la majorité des forêts du Grand Montréal furent coupées à cette époque. Sauf celle-ci qui, par un heureux concours de circonstances, fut présentée.

Du XXe siècle à aujourd’hui : l’enjeu de la conservation

L’implantation du régime municipal favorisa l’essor des municipalités. Au moment de sa création, en 1965, 14 municipalités fusionnèrent pour former l’actuelle Ville de Laval. Célébrant son 50e anniversaire en 2015, la Ville de Laval a choisi d’illustrer sa vision par la devise Urbaine de nature. Si l’histoire nous lègue un passé, l’avenir nous confie de nouvelles responsabilités. Nous devons protéger la forêt urbaine pour nos enfants et pour améliorer la résilience de la ville face aux changements climatiques. L’Association pour la conservation du Bois Papineau souhaite que votre expérience dans ses sentiers vous incite à la conservation.

Le cycle de croissance des vieux arbres

Aux alentours, dans le quartier, plusieurs érables argentés qui ont été plantés sont plus gros que les arbres d’ici. Sont-ils plus vieux pour autant? Non, les arbres d’ici ont plus de 200 ans. Mais comment grandissent les vieux arbres?

À l’ombre du couvert forestier, les petits arbres reçoivent peu de lumière. Ils doivent attendre une trouée qui laissera passer les rayons du soleil. Dès lors, ils pourront croître vers la lumière jusqu’à ce que la canopée se referme à nouveau. Ce type de croissance façonne de très grands arbres, peu branchus. Parmi les espèces qui tolèrent l’ombre, le hêtre à grandes feuilles, l’érable à sucre et la pruche du Canada.

Imaginez que, quand ils étaient petits, les arbres autour de vous avaient au-dessus d’eau une forêt semblable à celle d’aujourd’hui. Voilà ce qu’est une forêt ancienne.

Dans la région de Montréal, la hêtraie du Bois Papineau est possiblement le dernier témoin de ce qu »était la forêt à l’arrivée des Européens. On désigne comme « forêt ancienne » un écosystème forestier qui a été peu modifié par l’humain ou par les grandes perturbations naturelles. La colonisation et l’urbanisation expliquent qu’il y ait peu de forêts anciennes dans le sud du Québec.

La nécessité de préserver les forêts anciennes

Comme la perte d’habitats occasionne la perte d’espèces, préserver la forêt ancienne contribue à maintenir la variété des écosystèmes, autant que la biodiversité. La forêt ancienne abrite plusieurs espèces qui lui sont associées, notamment celles qui vivent dans le bois mort et dans les cavités. Les trous las vieilles arbres abritent nombre d’oiseaux et de mammifères, conne le petit duc maculé ou la petite nyctale.

Saviez-vous que…

Les hêtres de la forêt du Bois Papineau poussent sur une butte de sable. Si le hêtre s’accommode bien d’un sol pauvre et acide au drainage rapide, il croît également sur les versants humides avec l’érable, le bouleau jaune et la pruche. Mais pourquoi est-il abondant ici uniquement sur cette butte de sable?

Le hêtre, roi des forêts anciennes

L’histoire de la forêt y est pour quelque chose… Les colons ont d’abord déboisé les riches plaines pour la culture et le pâturage. Les coteaux de sable, comme celui-ci, peu propices à l’agriculture et à la colonisation, n’ont pas été exploités. Même si la forêt a repris le bas versants autrefois cultivés, le hêtre n’y est pourtant pas fréquent. En fait, le hêtre ne domine que les forêts ancienne comme celle-ci.

L’écorce du hêtre : une bien mince couche protectrice

Malgré sa taille imposante, le hêtre est fragile. Si l’écorce protège l’arbre contre le froid et les insectes, elle ne résiste pas aux entailles. À cause d’un insecte parasite qui s’y infiltre, le visage de la hêtraie est appelé à changer : arrivée d’Europe, la cochenille du hêtre porte un champignon qui entraîne la mort de nos hêtres. Il y a aussi des chancres causés par la maladie corticale du hêtre et des champignons.

Zone en cours de régénération. Voici un site à haute valeur écologique. Il ne s’agit pas d’un espace non entretenu ou couvert de mauvais herbes, mais plutôt d’une zone en cours de régénération contribuant à filtrer les polluants, créer de l’ombre et des habitats, prévenir l’érosion des sols. Merci de laisser intacte cette aire protégée qui vous procure de nombreux bienfaits.

Durant plusieurs années, des piétons et des chiens ont circulé à l’extérieur des sentiers, mettant en péril l’écosystème fragile de ce magnifique boisé.

Dans le but de les sauvegarder, la Ville de Laval a installé des clôtures temporaires qui permettent à la végétation de renaître.

En tout temps, merci de marcher dans les sentiers et de garder votre chien en laisse.

Voir aussi :

Ici, au Boisé Papineau, nous retrouvons trois écosystèmes forestiers exceptionnels. Celui où vous vous trouvez présentement, la hêtraie à érable à sucre, est à la fois une forêt rare, ancienne et un refuge pour certaines espèces en péril. Photo de GrandQuebec.com.

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