La Baie de la Bouteille

La baie de la Bouteille

Par Gilles Rivest

La région de la Matawinie doit sa survie à l’industrie forestière.  En 1929 et 1930, les compagnies Laurentide et Shawinigan Engeneering font la coupe du bois dans le bassin du futur lac Taureau. Jean J. Crête, qui sera longtemps présent dans la région, est l’un des jobbers.

En 1944, la Consolidated Paper Corporation Limited a déjà fait l’acquisition de plusieurs des anciennes compagnies forestières. Elle possède des moulins de fabrication de pâte à papier et doit augmenter son approvisionnement en bois. Comme elle n’a pas les contacts politiques ni les moyens nécessaires pour établir elle-même des chantiers dans la région, elle s’associe avec un riche homme d’affaire de l’entourage de Maurice Duplessis, John Murdock. Ce sera le « contracteur ».

C’est lui qui obtient les droits de coupe et qui engagera les « jobbers ». Il sera responsable du dépôt de la Bouteille (du nom de la baie du Taureau du même nom) en 1944 – 1945. On y coupe 35 000 cordes de bois et John Murdock réalise des profits d’un dollar la corde ! Il pouvait bénéficier de ses contacts politiques pour éviter les inconvénients de la guerre et du rationnement.  Au dépôt, on obtenait en abondance ces coupons de rationnement, nécessaires pour l’achat de vivres.

En 1945 – 1946, la compagnie Dupéré-Asselin remplace John Murdock à titre de «contracteur». Jean J. Crête Ltée, propriété de celui que l’on surnommait « le roi de la Mauricie », prendra le relève de 1946 à 1949. Ces « contracteurs » donneront donc en sous-contrat les coupes de bois aux « jobbers  ». Ce sont eux qui opéreront les chantiers. Ceux-ci étaient rattachés au dépôt de la Bouteille. Il y en avait entre autre à la rivière aux Cenelles, tenu par Félix et Victorien Bruneau, à la baie Bouteille, près du dépôt, tenu par Stanislas Beaudoin, aux lacs au Cap, du Loup, Tremblay et Bouteilles, de même que dans la baie du Canot Rouge.

En tout, entre 2 500 et 3 000 hommes tireront leurs revenus de ces chantiers.  Les travailleurs venaient de partout au Québec.

Le nom officiel de l’endroit sera le Toro dépôt. Environ 75 personnes travaillent directement sur ces lieux.

En 1949, le dépôt déménage au lac Cyprès. La Consolidated Paper prend progressivement en charge elle-même les coupes de bois. Dans les années 1960, elle fusionnera avec la compagnie Bathurst, de la ville du même nom au Nouveau-Brunswick, pour former la Consolidated Bathurst Company. À cette époque, elle exploite deux autres secteurs du Taureau, la baie du Milieu et la baie du Poste. Finalement, elle deviendra Stone-Consol, puis, récemment, Abitibi-Consolidated. Jusqu’à la fin des années 1980, tout le bois à papier de la région sera transporté vers la Mauricie via le lac Taureau.

Site Web de Gilles Rivest : Gilles Rivest.

Gilles Rivest
Saint-Ignace. Photo de Gilles Rivest.

Canton d’Aubry

Ce canton de forme irrégulier, situé dans la réserve faunique Mastigouche, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Saint-Michel-des-Saints, est limité au nord par la rivière Matawin et à l’ouest par le réservoir Taureau. Son terrain accidenté et arrosé par plusieurs lacs et les ruisseaux Brûlé, Price et au Cap, varie entre 365 et 563 m d’altitude. Cette unité territoriale, inhabitée et traversée par un chemin forestier, rappelle la mémoire de François-Xavier Aubry (1804-1855), intrépide voyageur né à Maskinongé. Il s’est illustré, au milieu du XIXe siècle, comme explorateur de l’Ouest américain et découvreur de routes entre St.Louis (Missouri) et le Nouveau-Mexique. Surnommé par les Américains le Napoléon des plaines, ce personnage marquant et haut en couleur a été assassiné à Santa Fé (Nouveau-Mexique). Il méritait de faire l’objet d’une désignation toponymique dans la région qui l’a vu naître. Le nom du canton est signalé comme appellation nouvelle dans Noms géographiques de la province de Québec, ouvrage publié en 1921.

Canton de Belleau

Proclamé en 1868, canton désigné en l’honneur de sir Narcisse-Fortunat Belleau (1808-1894), né à Sainte-Foy, premier lieutenant-gouverneur du Québec. Cet avocat connut une brillante carrière. Conseiller de la reine en 1854, il fut ensuite bâtonnier du Barreau de la province de Québec. Au plan municipal, il fut conseiller, puis maire de Québec (1850-1853). Dans l’entreprise privée, il occupa le poste de directeur de la Banque de Québec pendant 44 ans et se trouva parmi les premiers présidents de la compagnie de chemin de fer de la Rive-Nord. Dans le gouvernement du Canada-Uni, il fut ministre de l’Agriculture, receveur général et, enfin, conseiller législatif de 1852 à 1873. Homme d’envergure et souvent décoré, il entra dans la toponymie québécoise de son vivant. Le canton qui porte son nom est situé à une vingtaine de kilomètres, au nord-ouest de Shawinigan. Il n’est habité qu’autour de quelques lacs.

Canton de Laviolette

Ce canton de la MRC de Matawinie s’étend au nord de la réserve faunique Mastigouche et du réservoir Taureau, à environ 115 km au nord-ouest de Trois-Rivières. Ce toponyme rappelle le fondateur de la Capitale de la Mauricie. En 1634, Champlain met à à exécution son projet d’un établissement à Trois-Rivières et et délègue Laviolette, employé de traite à Québec, pour en être le commandant. Les pères jésuites Paul Le Jeune et Jacques Buteux sont mandatés la même année pour y établir une mission. En 1636, après avoir érigé une palissade et construit quelques maisons et magasins, Laviolette quitte Trois-Rivières et probablement la Nouvelle-France. On ne sait plus rien de ses activités par la suite. Proclamé en 1894.

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