Triple évasion des prisonniers italiens du camp de détention de l’Île Sainte-Hélène
Le 24 juillet 1942, une triple évasion, coup d’état théâtre, alors que trois prisonniers – Emilio Rosa, 30 ans, Bambino Salveta, 26 ans et Mario Casti, 24 ans – échappent à la vigilance de leurs gardiens. Ils s’évadent alors à la nage de l’île Sainte-Hélène pour atteindre l’île de Montréal.
Le lendemain dans le style de l’époque la presse écrit : « Trois internés à l’île Sainte-Hélène s’évadent (25 juillet 1942). L’on croit que les mailles du filet tendu par les hommes de la Gendarmerie royale sous les ordres de l’inspecteur J.-R. Lemieux se referment peu à peu autour des 3 prisonniers de guerre civiles de nationalité italienne. Ceux-ci se sont évadés, hier après-midi, du camp d’internement de l’île Sainte-Hélène.
Alors que les limiers ont dirigé leurs recherches près du village de Saint-Luc, près de Saint-Jean à 56 km de Montréal. Un conducteur d’autobus a dit que trois hommes répondant à la description faite par la police avaient pris place dans sa voiture se dirigeant vers Saint- Jean. Les agents ont dirigé donc leurs recherches du côté de Saint-Luc où les trois sont censés être descendus. Les agents ont arrêté, hier soir, toutes les voitures sur la route.
Un automobiliste a déclaré aux agents que trois hommes revêtus d’une chemise blanche et d’une culotte de toile bleue lui avaient fait signe de stopper près de Saint-Jean.
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L’inspecteur Lemieux a déclaré que les trois évadés étaient des prisonniers civiles italiens envoyés ici d’Angleterre. Ils faisaient partie d’un groupe de cinquante internés à qui l’on n’avait permis de se baigner sous bonne escorte.
À la fin de la baignade, vers 05h35, hier après-midi, on fait un appel nominal. L’on découvrit alors la disparition de trois prisonniers. On retrouva leurs vêtements dans les buissons. La chasse à l’homme dure deux jours.
Enfin, le 26 juillet, la police capturera les trois évadés près de Lacolle, non loin de la frontière américaine. Les internes feront 28 jours de cachot.
Les italiens ciblés
À la demande du gouvernement britannique, le Canada accueillera ainsi, entre 1939 et 1945, quelques 35 000 prisonnières et internées dans une vingtaine de camps. La majorité de ces camps sont localisés à l’intérieur du corridor Québec – Windsor.
Les internes de guerre sont des civils et même si, selon la convention de Genève de 1929, ils ne sont pas des militaires (prisonniers de guerre), ils seront traités selon les mêmes normes internationales et ils seront séparés des prisonnières de guerre.
Les règles appliquées sont ainsi quelque peu différentes. En enfermant des citoyens d’origine allemande autrichien italienne et plus tard japonaise le Canada souhaite contrer la menace que peuvent représenter les ressortissants de pays ennemis.
En juin 1940, 600 italiens dont la moitié de Montréal, son arrêtés et internés dans des camps à Fredericton, au fort de l’île Sainte-Hélène à Montréal et à Petawawa.