
L’«Athenia » portait une forte quantité d’or; 1,418 survivants ; Ottawa aide les passagers canadiens; Québécois sur l’Athenia
Les passagers sont unanimes à affirmer que le sous-marin a fait feu après avoir torpillé le paquebot — L’or est sauf, de même que tous les passagers moins 44.
Londres. 6 septembre 1939. — Des lèvres fatiguées des réfugiés et de brefs messages télégraphiques envoyés par les autorités des vaisseaux qui leur ont porté secours, parvient aujourd’hui l’histoire complète du torpillage de l' »Athenia » avec la perte de plus de 40 personnes. On a appris que seulement 44 des 1.418 personnes qui se trouvaient à bord de l’«Athenia», quand il a été torpillé au large des Hébrides dimanche soir, sont portées disparues, et que le vaisseau a été bombardé pendant que l »on descendait les passagers dans les chaloupes de sauvetage.
« Un obus a emporté le mât principal », dit le capitaine James Cook, en descendant sur terre avec d’autres survivants à Galway, dans l’Eire. Le capitaine Cook dit qu’immédiatement après le torpillage, le sous-marin a monté à la surface et a fait feu. L’obus qui a emporté le mât était apparemment dirigé contre la chambre de TSF, mais a manqué son objectif. Le fréteur américain « City of Flint » a fait rapport à la United States Maritime Commission qu’il avait 221 survivants à son bord. Il a notamment à son bord une centaine des 495 passagers canadiens. Plus tôt hier, la ligne Donaldson, qui est propriétaire de l’«Athenia», a fait rapport que 506 survivants étaient rendus à Galway, en Irlande, 497 à Greenock. en Ecosse, et 150 à bord du yacht « Southern Cross ».
De sorte que l’on est au courant du sort de 1,374 des personnes qui se trouvaient à bord, passagers et membres de l’équipage et l’on a bien peu d’espoir que des 44 autres il y ait des survivants. Il y a eu environ 200 blessés, dont la plupart ont été conduits à l’hôpital dès en touchant terre. Le « City of Flint » a fait rapport qu’il se rendra directement à Halifax, où il arrivera samedi.
Les survivants insistent sur le fait qu’ils ont eu connaissance que le sous-marin est venu à la surface après avoir atteint l’«Athenia» et un groupe de personnes à bord d’une chaloupe l’a entendu passer sous l’eau en attendant d’être sauvées. Tous son positifs que le vaisseau n’a pas frappé une mine. On sait qu’à Berlin on a dit que le navire avait bien pu frapper une mine anglaise, tandis que Londres accuse directement l’Allemagne d’avoir voulu ce torpillage.
Les journaux anglais s’indignent de l’insinuation que le vaisseau aurait été torpillé par un sous-marin anglais pour indigner l’opinion américaine contre l’Allemagne. Le « News Chronicle » dit : « Même par les « standards » terribles de la guerre, ce torpillage est un crime. N’ayant pu faire croire leur premier mensonge, les Nazis veulent maintenant persuader le monde que le vaisseau a été torpillé par un sous-marin britannique comme « mesure de propagande Vraiment, Dr. Goebbels! »
Le « Daily Herald » mentionne que les vaisseaux de sauvetage ont sauvé environ 2.500,000 livres sterling en or. qui se trouvaient à bord du navire.
Ottawa aide les passagers canadiens de l’«Athenia »
Le gouvernement a câblé des instructions au haut-commissaire du Canada à Londres afin que les soins voulus soient donnés aux passagers canadiens du navire «Athenia» torpillé par un sous-marin allemand.
Les survivants canadiens du navire «Athenia» torpillé par un sous-marin allemand, dimanche dernier, ont appris, aujourd’hui, que le gouvernement canadien faisait tout en son possible pour les aider dans leur détresse. Des Instructions ont été câblées par le gouvernement canadien à l’hon. Vincent Massey, haut-commissaire canadien à Londres, de nourrir, de vêtir et de donner de l’argent aux survivants.
Plusieurs rescapés sont arrivés de Glasgow à Londres et ils se sont présentés r Canada House afin d avoir ce dont ils avaient besoin. Plusieurs d’entre eux portaient des vêtements qui leur avaient été fournis par le Comité d’assistance publique de Glasgow. Ils ont fait l’éloge des Ecossais qui se sont montrés très généreux à leur égard. Le fonds canadien mis à la disposition des naufragés s’ajoutera au fonds créé par le Lord – Prevost de Glasgow, hier soir, et qui dépassait déjà $10,000 aujourd’hui. La moitié de cette somme a été donnée par la Donaldson Atlantic Line, propriétaire de l’«Athenia».
Les fonctionnaires du haut-commissariat canadien à Londres ont déclaré qu’ils faisaient tous les efforts voulus en vue de retracer les survivants canadiens qui sont répandus un peu partout. Des arrangements seraient faits dans le but de les diriger vers le Canada le plus tôt possible. Ils feront la traversée dans un navire escorté suivant le système préconisé par le Très Hon, Winston Churchill, premier Lord de l’Amirauté, dans, un discours prononcé aux Communes anglaises le 4 septembre dernier, soit au lendemain du torpillage de l’«Athenia.»
Deux jeunes filles, Mlles Margaret Walker, de Winnipeg et Patricia Belk, de Toronto semblaient réconfortées quand elles ont raconté, par téléphone de Glasgow à Londres combien les Écossais s’étaient montrés empressés pour tous les naufragés. Des vêtements de toutes sortes ont été distribués aux rescapés dont la plupart n’étaient vêtus que de guenilles.
C’était merveilleux de voir les Ecossais nous combler de nourriture et de breuvage chauds, ont-elles dit – Ce matin, nous avons reçu 10 shillings (environ $2.50) pour nous acheter des bas et d’antres articles de lingerie pour nous-mêmes », a ajouté Mlle Belk.
125 morts
Winston Churchill a informé la Chambre aujourd’hui qu’on était sans nouvelles de 125 passagers et hommes d’équipage de l’«Athenia». Il a ajouté que certains d’entre eux pourraient encore se trouver sur le yacht suédois « Croix-du-Sud ».
Québécois sur l’«Athenia».
Mlle Margaret Duncan et Mlle Mathilda Jacobs de Québec, étaient sur l’«Athenia» lors de son torpillage. Parmi les passagers, on remarquait aussi Pennie-B. William, Archibald Miller, de Shawinigan-Falls, et Barckley Broadbent de Mascouche.
Les journaux de New York favorisent la neutralité
Les journaux du matin de New York déclarent que le torpillage de l’«Athenia» est une stupidité mais que ce crime ne peut inciter les États-Unis à abandonner leur neutralité.
New York. Les journaux du matin expriment aujourd’hui l’horreur que le torpillage du paquebot anglais «Athenia» inspire à toute la nation américaine et disent que ce fut un acte de stupidité de la part des Allemands, mais ces journaux affirment qu’il n’y a rien dans ce crime pouvant amener les États-Unis à abandonner leur neutralité.
« La pure stupidité d’un acte semblable le rend incroyable au premier abord, dit le New York Times (indépendant). De nouvelles manifestations de barbarie ne manqueront pas d’insulter la raison et d’enflammer l’émotion. Pour diminuer cette tension, l’administration a décidé d’imposer des restrictions inusitées aux voyages des Américains à l’étranger. Dans les circonstances actuelles, cette mesure est juste et sage. Le pays ne veut pas baser ses décisions sur les « incidents », si horribles soient-ils. »
De son côté, le New York Daily News (indépendant) dit : « Ce fut certainement une provocation classique ».
« On reste également stupéfait par tant de brutalité et de stupidité dit le New York Herald Tribune (républicain). D’autre part, même si cela avait quelque chose d’un second Lusitania, nous serons loin d’avoir la même réaction incandescente dans ce pays. D’abord, les Américains ne se laisseront pas sortir par surprise d’une neutralité fantaisiste : la plupart ont pris parti depuis longtemps. En second lieu, ils ont observé la philosophie et les méthodes d’Hitler et ils ont appris à s’atteindre à cet sorte de choses.
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