Régiment de Maisonneuve

Le Régiment de Maisonneuve

À voir défiler, sur la place d’Armes, hier matin (jeudi 28 décembre 1939), les hommes du Régiment de Maisonneuve, on les trouvait bien dignes du beau nom que porte leur unité. En regardant se dérouler dans l’église Notre-Dame l’impressionnante cérémonie à laquelle ils étaient venus assister, on comprenait parfaitement le sens des traditions établies dès la naissance de Montréal par le fondateur de notre ville.

C’était un symbole émouvant que de voir se renouveler à trois siècles d’intervalle, le geste qui préluda à l’établissement de la civilisation chrétienne en notre région et qui dirige aujourd’hui les défenseurs de cette civilisation vers les lieux mêmes d’où elle nous est venue.

L’émouvant rapprochement qu’a fait ce propos le curé de Notre-Dame, tous les assistants l’avaient plus ou moins confusément à l’esprit. L’expression que lui a donnée le pasteur de la Paroisse explique toute la portée et toute la signification de la cérémonie d’hier :

« La cérémonie touchante à laquelle nous avons le privilège d’assister fait revivre de façon saisissante celle qui, il y a trois siècles, se déroulait à Notre-Dame de Paris lorsque les Associés de Montréal consacraient l’œuvre projetée à la Sainte Vierge.

Le sieur de Maisonneuve était du nombre de ces chrétiens héroïques qui n’avaient d’autre ambition que d’étendre le règne de Jésus-Christ en faisant connaître l’Évangile aux peuplades païennes du Canada.

Aujourd’hui, à trois siècles d’intervalle, vous, dignes représentants de la Nouvelle-France, qui composez le Régiment de Maisonneuve, vous brûlez du désir d’aller sur le Vieux Continent défendre la civilisation chrétienne menacée et, avant de partir, vous avez tenu à confier vos glorieux étendards à la garde de Notre-Dame de Montréal.

Oui, c’est bien la civilisation chrétienne qui est menacée par la guerre actuelle, c’est elle que le Régiment de Maisonneuve s’apprête à aller défendre. C’est bien cette même civilisation que Chomedey de Maisonneuve et ses compagnons sont venus établir ici au risque de leur vie. Aussi les compagnons du lieutenant-colonel Robert Bourassa peuvent-ils à juste titre se considérer comme les compagnons de Maisonneuve puisqu’ils poursuivent le même but et continuent la même œuvre. C’est pourquoi ils ont voulu se placer sous la

protection céleste. Ce régiment canadien-français, l’un des premiers du Canada à compléter ses cadres après la déclaration de la guerre, fera honneur au nom qu’il porte. Sa tenue d’hier en est garante autant que le geste accompli en l’église Notre-Dame. Du premier jusqu’au dernier ces hommes avaient l’allure des héros que rappellent les bas-reliefs du monument de la place d’Armes. Leurs officiers, et particulièrement leur commandant, méritent de chaleureuses félicitations pour le résultat qu’ils ont obtenu après leur première période d’entraînement.

Ce serait un crime de montrer les beaux côtés de la guerre, même s’il y en avait! (Henri Barbusse). Photographie d'une mural à Montréal par Megan Jorgensen.
Ce serait un crime de montrer les beaux côtés de la guerre, même s’il y en avait! (Henri Barbusse). Photographie d’une mural à Montréal par Megan Jorgensen.

Prisonniers anglais et français logés dans un château médiéval en Allemagne

Durban, Afrique du Sus, 28 décembre 1939. Derek Nichols, pilote sud-africain dans la Royal Air Force, est actuellement prisonnier dans un château médiéval allemand vieux de plus de 700 ans. Il aimerait beaucoup à recevoir un peu de savon et il apprécierait aussi toutes les vivres que l’on pourrait lui adresser. C’est ce qu’il dit à ses parents dans une lettre qu’ils ont reçue, ces jours-ci. Son avion a été descendu à Kiel, en Allemagne, le 4 septembre dernier.

Nichols écrit aussi à son père, le sénateur G. – Heston Nichols, que le château qu’il habite, accroché à une haute colline, est entouré d’un fossé, large de trente pieds et très profond. Il ne contient pas d’eau, mais trois sangliers qui y passent leurs jours et leurs nuits et qui paraissent féroces y montent la garde. Nichols a pour compagnons sept officiers anglais, onze officiers français et quelques soldats français qui leur servent d’aide-de-camp. On a mis quelques livres à leur disposition et un paquet de cartes. Ils ont aussi des dés qu’ils ont eux-mêmes taillés, Les hommes tuent le temps à jouer ou à lire. Ils ont une heure d’exercice le matin et une autre heure d’après-midi.

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