La guerre et le Québec

Un Québécois dans le maquis

Un Québécois dans le maquis

Un Québécois dans le maquis

Le 22 mai 1920, le Royal 22e régiment d’infanterie, la célèbre unité canadienne-française, fait son entrée dans la Citadelle de Québec, sous le commandement du lieutenant-colonel Henri Chassé. Pour la première fois dans l’histoire de ce monument historique, la Citadelle sera occupée par une garnison francophone. Seule la mascotte du régiment, un bouc dénommée Baptiste, ne parlera pas français dans cette caserne.

Commandé par le lieutenant-colonel Henri Chassé, le Royal 22e s’est illustré, durant la guerre 1914-1918, à Ypres et en Artois en 1915, à la Somme en 1916, à Vimy en 1917 et a participé en 1918 à la marche depuis Villiers-Bretonneux. Parmi ses officiers figurent les majors Antoine Chassé, frère du commandant, et Georges Vanier, qui finira non seulement général, mais aussi gouverneur général du Canada, le premier Canadien français à occuper ce poste.

En 1924, le lieutenant-colonel Henri Chassé remet le commandement du Royal 22e au major Georges Vanier pour aller occuper d’autres fonctions au quartier général de l’armée à Montréal. Il mourra quatre ans plus tard des suites d’un rhumatisme inflammatoire contracté dans les Flandres.

Le nom Chassé restera associé à celui du Royal 22e. En 1941, Pierre Chassé, fils du premier commandant du régiment, y fait son entrée. Il était auparavant sous-lieutenant dans une unité de réserve, les Voltigeurs de Québec.

Après avoir participé avec le 22e à l’invasion de la Sicile et de l’Italie, Pierre Chassé, promu major, est affecté aux services de renseignements de l’armée britannique comme officier supérieur de liaison avec les forces françaises libres.

Parachuté en France en 1944, le major Pierre Chassé fera partie, sous le no, d’emprunt de Pierre Dorval, d’un réseau de maquisards. C’est lui qui, par ses contacts avec Londres, est chargé d’assurer le ravitaillement du réseau en argent, en armes et en vivres. Un jour, le réseau est trahi et plusieurs de ses membres sont arrêtés et fusillés. Lorsqu’il tentera de le réorganiser, Pierre Chassé alias Pierre Dorval aura l’occasion de collaborer avec un autre résistant célèbre, Chaban-Delmas. (Après la guerre, celui-ci décidera de garder son nom de résistant et c’est sous ce nom qu’il sera élu à la présidence de l’Assemblée nationale française).

Au moment où la défaite allemande semble de plus en plus imminente, un général allemand, au courant de la présence d’un officier britannique dans le maquis lyonnais, réussit à entrer en contact avec le major Chassé et lui offre de se rendre avec ses troupes, à la condition qu’elles soient traitées conformément aux dispositions de la convention internationale de Genève. Lors d’un contact radio avec les supérieurs de Londres, cette permission est accordée et le jeune militaire (il n’a que 22 ans) accepte la reddition d’un général et d’une division d’infanterie allemande, ou ce qui en reste, soit environ 6 000 hommes.

Après la signature de l’armistice en Europe, le major Pierre Chassé rentre en Grande-Bretagne, d’où il est réaffecté à l’armée canadienne. Mais la guerre du Pacifique n’est pas finie et le service de renseignements britannique lui propose de reprendre du service. De l’Inde, il sera parachuté d’abord en Birmanie, puis en Malaisie où il sera officier de liaison avec les maquis locaux.
Revenu en Angleterre, le major Pierre Chassé obtient un long congé dont il profitera pour aller revoir, en France, ses anciens camarades de la Résistance.

En somme, c’est l’imbrication d’une tradition familiale et des fières traditions d’un régiment qui, après avoir été une unité d’élite sur de nombreux fronts pendant la guerre, a été affecté sous l’égide des Nations Unies, à surveiller les « lieux chauds » d’un monde où la paix semble précaire et fragile.

(D’après Le Mémorial du Québec, tome VI, 1939-1952, les Éditions du Mémorial Inc. 666 ouest, rue Sherbrooke (1608), Montréal H3A 1E7, 1979.)

colonel chasse

Colonel Pierre Chassé. Source de la photographie : lequebecetlesguerres.org

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