Terreur du Saint-Laurent

 Paul Hartwig, la Terreur du Saint-Laurent

En 1942, le détroit de Belle-Isle retient l’attention des Allemands. Pour sortir du golfe Saint-Laurent, il faut parcourir un étroit couloir entre la pointe de Terre-Neuve et l’extrémité sud-est du Labrador. Cet détroit est devenu une importante, mais dangereuse voie navigable. D’énormes volume d’approvisionnements passent par le golfe.

La base canadienne de Goose-Bay à Labrador a par mission d’assurer la sécurité du corridor pour les navires qui partent de Montréal sous escorte des navires canadiens, tandis que les Américains protègent les convois partant de Sydney en destination au Groenland.

En septembre 1942, un seul sous-marin allemand presque détruit ce précieux trafic. Il s’agit du sous-marin U-517 avec lieutenant-commander Paul Hartwig à la tête. Il faut admettre que du point de vue purement militaire, ce qu’il a fait, parait incroyable.

Le U-517 parte de la base allemande de Kiel le 8 août 1942. Le commandant du sous-marin, homme de haute compétence, est fort admiré de son équipage et cette confidence et respect sont évidement une des raisons de son succès.

Le sous-marin de Hartwig arrive en vue de Belle-Isle le 26 août. Il occupe les positions entre l’île et le cap Bauld et le lendemain matin, le 27 août, le premier jour des opérations, il aperçoit un convoi Sydney-Groenland, escorté par des garde-côtes américains. Dès que le convoi est à la porte du tir, Hartwig lance deux torpille.

La toute première torpille, lancée par U-517 dans son voyage vers le Canada, coule le transport Chatham. Puis, déjouant les contre-attaques des convoyeurs, il revient au nord.

L’après-midi du même jour, toujours le 27 août, il rencontre le même convois qu’il avait déjà attaqué et y coula autre navire. Deux attaques contre le même convoi prévenu, et deux navires coulés. C’est déjà beaucoup et beaucoup de sous-marins ont été détruits dans une situation semblable. Pas Hartwig.

Il se tiré indemne d’une autre série de contre-attaques américaines et canadiennes et retourne dans le détroit.

Le 29 août, soit, deux jours après la première attaque, le sous-marin allemand s’engage dans le golfe Saint-Laurent et l’après-midi, il s’approche de l’île d’Anticosti.

Il commence de patrouiller la zone jusqu’au 2 septembre, lorsque, vers la nuit, il rencontre un convoi canadien. Le 3 septembre, à une heure et demie de la nuit, le 517, à demi submergé attaque le convoi.

La corvette Weyburn, navire d’escorte, aperçoit le kiosque du sous-marin. Le navire canadien lance des fusées, tire des coups de son canon de 4 pouces et fonce sur l’ennemi à toute vitesse. Pourtant, Hartwig, imperturbable, attend que la corvette fût à moins de mille verges, puis il fait demi-tour et, caché par la corvette, lance une seule torpille qui atteint le cargo Donald Stewart.

Hartwig plonge et les Canadiens le grenadent sans parvenir à rien.

Le lendemain, le U-517 parcourt les côtes de la Gaspésie. Plusieurs avions canadiens l’aperçoivent et l’attaquent avec des bombes. Une bombe tombe sur le pont du sous-marin, mais elle n’éclate pas (probablement, une erreur de calcul du pilote, parce que les bombes sont censées à exploser conformément à la hauteur, etc.).

La nuit du 6 septembre, Hartwig se rend à 200 milles de Québec. Il aperçoit immédiatement un convoi qui vient de quitter Québec. Le convoi est escorté par deux corvettes, deux Fairmiles et le yacht armé Raccoon.

Le U-517 lance un torpille. Un des cargos est atteint. Le quatrième depuis le 27 août. Le Arrowhead, une des corvettes d’escorte, grenade le sous-marin qui accomplit quelques manœuvres habiles et coule le Racoon.

Le convoi essaie de poursuivre sa route, mais avant l’aube, Hartwig se glisse entre les colonnes du convoi et lance trois torpilles. Chaque torpille atteint un navire canadien.

Cinq navires en une seule nuit, du même convoi protégé par des corvettes et à quelques kilomètres des côtes du Québec, à l’intérieur du golfe…

Mais, l’épopée du sous-marin allemand ne finit pas. Le 11 septembre, il retourne vers la Gaspésie et aperçoit le convoi canadien à destination à Rimouski. Cette fois, Hartwig attaque la corvette Charlottetown qui coule en trois minutes, plusieurs marins sont tués et blessés.

L’après midi du 15 septembre, il attaque un autre convoi Québec – Sydney, protégé par un grand destroyer anglais arrivé sur les lieux pour aider les Canadiens contre le terrible ennemi. Cette fois, au cours de sa première attaque, Hartwig coule deux navires en deux minutes. Le lendemain, il en coule autres deux.

Heureusement, les Canadiens endommagent le mécanisme de tir du sous-marin et Hartwig qui ne quitte pas le golfe,  tire ses dernières quatre torpilles sans atteindre son but près du Gaspé. Il rentre en Allemagne victorieux, remportant la victoire sur une quinzaine des navires canadiens et américains au cours des combats contre puissantes escortes dans le golfe Saint-Laurent.

Mais il a épuisé toute sa chance. Un mois plus tard, au cours de sa sortie suivante, son sous-marin est surpris par un hydravion anglais et coulé. Hartwig est fait prisonnier par les britanniques.

Il faut admettre que Hartwig, le terreur du Saint-Laurent, était un marin audacieux, habile et intelligent. Après la guerre, la Marine Royale du Canada a invité cet officier à donner quelques conférence sur sa tactique. Il fut reçu au Canada con honneurs militaires dus à l’ennemi digne. Dommage qu’un brave homme comme Paul Hartwig ait servi à une cause tellement mesquine que le nazisme.

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Paul Hartwig, photo du domaine public.

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