Un officier nazi capturé au pont Victoria à Montréal

En fuite depuis lundi, un jeune officier nazi est capturé au pont Victoriaville

Les résultats du recensement – inscription. L’évadé Lorentz fut rattrapé parce qu’il n’était pas inscrit

L’arrestation de cet évadé du camp de concentration montre les services que peut rendre l’enregistrement

Il s’agit du lieutenant-commandant Lorentz Guenther, âgé de 26 ans, de la marine allemande, qui s’était évadé d’un camp de concentration du nord de l’Ontario

Le lieutenant-commandant Lorentz, Guenther, 26 ans, officier de la marine allemande qui s’était évadé lundi dernier, d’un camp de concentration du nord de l’Ontario, était hier soir prisonnier aux quartiers généraux de la division de Montréal de la Gendarmerie royale du Canada. Quoique la chose ne fut déterminée officiellement qu’hier, la capture de ce jeune officier nazi fut effectuée, peu après mercredi soir. On déclara, hier soir, que les agents Jules Ruel et Arthur Trudeau, de la police municipale, actuellement en service au pont Victoria, étaient responsables de cette sensationnelle capture, de concert avec M. A. W. Drum, vétéran de la guerre africaine et de la première Grande Guerre, qui a maintenant la direction du service de la garde des vétérans au pont Victoria, et M. John Reddy, percepteur du péage a ce pont.

Le policier» municipaux relatèrent, hier soir, que l’individu en question leur demanda s’il pouvait « visiter » le pont.

Les agents le laissèrent passer, mais ils alertèrent sans délai, par téléphone, le vétéran Drum, qui s’occupe de la garde militaire a cet endroit. Ce dernier refusa de laisser passer l’homme. Celui-ci revint sur ses pas et, en passant près de l’entrée du pont, l’agent Ruel le questionna et le fit entrer dans le petit bureau que la police municipale possède a cet endroit. Le suspect fut interrogé par les policiers municipaux et le précepteur du pont. Entretemps. le vétéran Drum donnait l’alerte à la Gendarmerie royale du Canada.

Un officier des quartiers généraux de la division de Montréal de la police fédérale rue St-Jacques, près de la place d’Armes. fut promptement dépêché sur place dans le but d’y conduire une enquête judiciaire approfondie.

Au cours de son interrogatoire, au pont Victoria, Guenther relata qu’il venait de Toronto, qu’il avait couché la veille aux chutes Niagara, qu’il avait visité une plage et qu’il était venu, ici où il demeurait dans une maison de pension située près de l’hôtel Queen’s, rue Windsor. Il semblait extrêmement fatigué et il aurait déclaré qu’il se nommait Harm Nielson, d’Oslo, capitale de la Norvège. Les policiers municipaux déclarèrent, hier soir, que l’individu en question ne parlait pas très bien l’anglais, mais qu’il parlait le français avec un accent guttural.

Conduit aux quartiers généraux de la Gendarmerie Royale du Canada, et à la suite d’un long interrogatoire, l’individu en question avoua finalement qu’il s’était évadé d’un camp de concentration du nord de l’Ontario. Puis il fut identifié comme étant le lieutenant-commandant Lorentz Guenther, de la marine allemande, fait prisonnier par la Grande-Bretagne et envoyé au Canada avec d’autres prisonniers de guerre, pour fins d’internement.

Cette sensationnelle capture met fin à une chasse a l’homme des plus mouvementées qui se faisait dans tout le Dominion du Canada depuis lundi dernier, lorsque l’on consulta la disparition de ce prisonnier de guerre. Jusqu’à hier même, les autorités policières étaient à la recherche non pas de Guenther, mais d’un autre nazi répondant au nom de Werbner Köche, également officier de la marine allemande, qui était détenu avec Guenther. C’est Köche lui-même qui fut responsable de cette méprise en répondant au nom de Guenther à l’appel des prisonniers de guerre internés.

On sait déjà que le brigadier général E. de B. Panet, directeur de l’internement à Ottawa, vient de donner les instructions voulues pour que l’on établisse à l’avenir un mode d’identification beaucoup plus exact des prisonniers de guerre et des internés enfermés dans les camps de concentration du Canada. Il y a actuellement environ 8,000 détenus dans ces camps et la plupart proviennent d’Angleterre.

Le brigadier général Panet a déclaré que son enquête lui avait révélé qu’il était douteux qu’il se préparait une évasion en marche au camp de concentration d’où Guenther put s’évader. Il a précisé que Guenther avait réussi à s’échapper en passant par un souterrain dont l’entrée, donnant dans la cuisine du camp, était dissimulée par un panneau secret. C’est la raison pour laquelle il avait été impossible jusque-là, de découvrir ce souterrain.

Lorentz fut rattrapé parce qu’il n’était pas inscrit

Ottawa, 22 août 1940. (Par Adjutor Savard, correspondant parlementaire du journal Le Canada).

Le prisonnier de guerre Lorentz, qui s’échappa l’autre jour d’un camp de concentration de façon spectaculaire, avait négligé de s’enregistrer, et pour cause. Mais c’est précisément pourquoi il fut appréhendé en traversant le pont Victoria. Ceci en dépit des égards dont il fut l’objet en cours de route et de l’hospitalité pour le moins exagérée d’une population qui n’est évidemment pas encore au diapason du “blitzkrieg ». Il appert qu’on lui apprit même à jouer du pouce pour arrêter les automobilistes sur la grande route. Ce qui explique, sans doute, son étonnante randonnée en deux jours.

Mais n’empêche que l’appréhension do ce personnage ingénieux, et peu rassurant, suffisait à justifier l’inscription nationale. L’incident prête à réfléchir et suggère les commentaires qui s’imposent.

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