Quelques nouvelles témoignant de la situation internationale en août 1940 : Japon, Grèce, Égypte au bord de la guerre
Tokyo rappelle vingt-quatre diplomates
Son ambassadeur aux États-Unis et son ministre au Canada sont du nombre
Tokyo, 21 août 1940. – Le Japon a rappelé, aujourd’hui, dans sa capitale, son ministre au Canada, son ambassadeur aux États-Unis et une véritable petite armée de personnages diplomatiques et consulaires, stationnés dans le monde occidental et ailleurs. Domei,, l’agence de presse officielle japonais, dit que c’est là le prélude d’une « vigoureuse offensive diplomatique. »
Le ministre du cabinet de Tokyo au Canada est le baron Shouh Tomil. Il est à la légation japonaise d’Ottawa depuis le mois de mai 1938. Il fait partie d’une famille distinguée du Japon et c’est son père qui a compilé le code civil maintenant en usage dans son pays.
Aucun des diplomates qui représentent le Japon au Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie ou en Russie n’a été dérangé. L’ordre extraordinaire de ce soir affecte virtuellement toutes les Amériques, les principaux non-belligérants de l’Europe et les avant-postes de l’empire britannique. On n’a pas dit quand les diplomates rappelés seraient remplacés.
Ce remaniement sensationnel a été ordonné par M. Yosouké Matsoukos, nationaliste qui est ministre aux affaires étrangères dans le gouvernement totalitaire du prince Foumimaro Konoyé. Les observateurs notent que les hommes qui représentaient le Japon dans les pays affectés par l’ordre de M. Mitsoukos sont tous de la vieille école diplomatique japonaise; qu’ils ont tous des idées très larges sur les affaires internationales; qu’ils aiment tous enfin l’Occident. On croit qu’ils seront remplacés par des membres de l’école nationaliste.
M. Kensouké Horinouchi était ambassadeur du Japon aux États-Unis depuis deux ans. Son successeur n’ pas encore été désigné, mais on croit qu’il sera remplacé par M. Yoshisouké Alkaous, industriel bien connu que l’on appelle souvent le « Henry Ford du Japon ».
Dans plusieurs milieux influents de Tokyo on critiquait souvent M. Kensouké Horinouchi. On lui reprochait principalement d’avoir été incapable d’empêcher le gouvernement de Washington de prendre des mesures hostiles aux intérêts du Japon. Son successeur aurait surtout pour mission d’assurer que les États-Unis continueront d’envoyer du pétrole et de la ferraille en Extrême-Orient.
M. Matsouoka a aussi rappelé les ambassadeurs de son pays au Brésil, en France, en Turquie et en China. Il a rappelé de même les ministres de Tokyo en Espagne, en Argentine, au Pérou, au Chili, en Colombie, au Venezuela, au Panama, au Mexique, an Afghanistan, an Hongrie, en Afrique du Sud, en Finlande, en Roumanie, en Latvia, en Égypte, en Bulgarie, en Perou en Perse et en Iraq.
La Grèce se prépare maintenant au pire
Elle qualifie d’inventions fantastiques les accusations italiennes
Athènes, 22 août 1940. Los observateurs chargés par l’armée grecque de veiller le long des côtes afin de pouvoir prévenir les autorités de la venue d’avions ennemis, ont reçu l’ordre, ce soir, d’occuper leurs postes, alors que le gouvernement d’Athènes a pris la décision de qualifier officiellement « d’inventions fantastiques’ les accusations italiennes à l’effet que les Grecs terrorisent les populations albanaises, le long de la frontière gréco-albanaise.
Ce soir, le premier ministre, le général Jean Metaxas, a aussi eu de longs entretiens avec le chef de son état-majeur. Les observateurs pour dire que cela signifie nettement que la Grèce ne sera pas prise à l’improviste par une agression.
Demain, la presse grecque publiera, pour la première fois, avec des démentis catégoriques, les récentes attaques dont la Grèce a été l’objet dans la presse fasciste.
Rome. 22 août 1940. — Le journal albanais Tomori dit, ce soir, que les Grecs ont intensifié leur « distribution d’armées dans les régions de Cismuria et de Pinto Stéfani fait dire a cette feuille que les Grecs s’emploient activement à former de fortes bandes de révolutionnaires.
L’Égypte envoie des troupes à la frontière
Le Caire. 22 août 1940. – Strictement neutre mais parfaitement consciente du fait que l’Italie peut maintenant l’attaquer, un jour ou l’autre, l’Égypte a envoyé, aujourd’hui, une de ses divisions mobiles du côté de la frontière de la Libye. Entretemps, on rapporte que l’aviation britannique continue de porter des coups brutaux h l’armee que le maréchal Rodolfo Graziani a massée dans le désert occidental pour lancer une offensive en direction de l’est, en bombardant et en incendiant les bases de ravitaillement, ses aéroports et ses réserves d’avions.
Le gouvernement du Caire a laissé entendre clairement, aujourd’hui, que l’Égypte ne serait pas la première à frapper, en dépit du fait que l’on ait cherché, dans plusieurs milieux, à obtenir d’elle qu’elle entre immédiatement dans la guerre aux côtés de la Grande-Bretagne. Son ministre de la défense a dit « Nous n’attaquerons pas, mais si nous sommes attaqués, nous nous battrons avec nos alliés pour protéger notre pays. »
Les autorités britanniques sont enchantées de qu’elles disent être « les maux de tête » que leur aviation donne au maréchal Graziani, en s’attaquant quotidiennement à ses bases, ce qui l’oblige à tenir ses troupes en mouvements presque continuels.
Un communiqué publié ce soir, à ce sujet, que des réservoirs de pétrole ont été mis en feu à Tobrouk, la principale base que possède l’ennemi de la côte de la Méditerranée à 70 milles à l’ouest de la frontière égyptienne.
À Bomba, une jetée à laquelle s’atterraient les hydravions italiens a été détruite. À l’aéroport d’Elftimi, dans le désert, trois avions fascistes ont été réduits en pièces. Les aéroports de Tobrouk et d’El Aden auraient aussi été rendus inutilisables.
L’aviation sud-africaine participe elle aussi aux opérations contre l’Italie. Partant de bases qu’elle a dans le Kenya, elle a bombardé Mogadiscio en Somalie italienne et Merca pour empêcher l’ennemi de s’y préparer à une offensive contre le protectorat anglais d’Aden, situé à l’extrémité de l’Arabie.
Voir aussi :
- Ligne du temps : le Québec en 1940
- L’activité économique au Canada et au Québec à son plus haut niveau
- Importations interdites en 1940