Nouvelles de la guerre en août 1940
Le cabinet anglais peut être remanié
Londres, 21 (P.C.) — Dans les milieux diplomatiques do Londres, on dit, ce soir, que lord Beaverbrook, ministre do la production de l’avionnerie, peut être nommé a un nouveau poste. Il deviendrait ministre de la production des armements, un ministère qui n’existe pas encore.
Le but de ce remaniement serait d’accélérer la production anglaise dans tous les domaines. On s’accorde pour dire, ici, que lord Beaverbrook a accompli un miracle en accroissant dans des proportions formidables la fabrication des avions.
On ait encore que M. Neville Chamberlain, lord président du conseil, et le vicomte Halifax, secrétaire du ministère des Affaires étrangères, peuvent être invités a quitter le cabinet. On ajoute que M. Arthur Greenwood. travailliste, ministre sans portefeuille, et M. Duff Couper, ministre de l’Information, peuvent être changés de postes.
Dans les milieux bien informés, on ajoute, toutefois, que ces changements ne se feront pas immédiatement.
Mouvements de troupes italiennes en Libye
L’Égypte reste neutre en dépit du fait qu’elle soit menacée d’agression
Le Caire. 21 août 1940. Quelle attitude prendra l’Égypte devant la guerre? Il semble bien que cette question de la plus haut importance est à la veille de se décider, ce soir. La Chambre des députés est en session et un nombre de plus en plus grand de politiciens demandent que l’Égypte entre immédiatement dans le conflit, aux côtés de la Grande-Bretagne, parce que l’Italie menace maintenant, d’une façon plus dangereuse que jamais, de l’envahir par la Libye.
Le premier ministre égyptien, M Hassan Sabry Pacha, n déclaré, cet après-midi. devant le parlement, que rien ne s’était encore produit qui fut de nature à inciter son gouvernement à modifier son attitude de neutralité active. Il a ajouté que cette politique ne serait abandonnée que le jour où l’Égypte serait directement envahie ou attaquée.
Cette réponse du premier ministre à des interprétations présentes qu’on lui posait a eu pour effet immédiat d’inciter un groupe de députés à exiger un débat sur la politique de neutralité de l’Égypte. Le public des galeries a applaudi. Les partisans du gouvernement exigèrent alors qu’il soit évacué et les délibérations se poursuivent dans le secret le plus absolu.
Entretemps, on apprend, ici, ce soir, que le maréchal Rodolfo Graziani a fait exécuter dans la journée, certains mouvements aux concentrations de troupes importantes qu’il a dans la région de Bardia, à 30 milles de la frontière égyptienne. On craint qu’il ne s’agisse là que du prélude de l’offensive fasciste contre l’Égypte, offensive que l’on attend depuis plusieurs semaines.
On croit, ii, que le maréchal Graziani cherche à disposer ses soldats de telle façon qu’il pourra maintenant sans aucune irruption, ses lignes de communications avec Bardia, pour assurer a ses colonnes qu’elles soient constamment approvisionnées en eau, en vu vivres. en pétrole et en munitions, une fois qu’elles se seront mises en marche dans le désert.
Les armées britanniques restent sur la défensive. Elles n’ont pas encore cherché pénétrer en Libye.
L’aviation britannique a, entretemps, bombardé des bases ennemies en Éthiopie. Des français au service des Anglais ont aussi effectué des reconnaissances armées au-dessus de la Somalie anglaise devenue italienne, il y a quelque 48 heures.
Danger dans le Proche Orient
Londres, 21 août 1940. – Le lieutenant-général sir Archibald P. Wawell, commandant des armées britanniques du Proche Orient, a déclaré, aujourd’hui, dans une allocution qu’il a faite à la radio égyptienne, que lorsque Adolf Hitler constatera qu’il lui est impossible d’envahir la Grande-Bretagne comme le fit Napoléon 1er, il se tournera certainement du côté de l’est pour tenter d’y trouver des succès plus faciles.
Il a ajouté : « Il y a longtemps que nous veillons et que nous attendons ici. Certains d’entre nous peuvent avoir été fatigués et énervés par cette attente. Qu’ils ne s’en fassent pas, cependant. Je puis les assurer que l’on a partout conscience de l’importance de notre position et que très prochainement nous recevrons notre grosse part des immenses quantités de matériel qui sont produites pour nos armées. Nous sommes actuellement au point de la guerre où une crise est à la veille de se dénouer. Nous sommes peut-être au tournant que nous conduira à la victoire. Comme en 1805, nous sommes seuls, déterminés à redonner son indépendance à l’Europe. Comme en 1805, nous la lui redonnerons ».
Londres, 21 août 1940. – Bien loin du ciel anglais où l’aviation britannique remporte ses plus grandes victoires, des escadrilles de Londres combattent en Afrique et y détruisent, sans se lasser, de nombreux avions italiens. Dans une seule bataille qui s’est livrée récemment au-dessus du désert de la Libye, une escadrille italienne, attaquée à l’improviste par des Anglais, perdit quinze de ses appareils. Quelques détails de cette rencontre furent alors envoyés à Londres. On vient d’y recevoir maintenant de rapport détaillé et circonstancié du leader de l’escadrille qui a remporté cet éclairant succès.
L’engagement s’est livré à 50 milles en dedans de la frontière libyenne. Les Anglais se sont battus à un contre deux.
Les aviateurs du Reich visent mal
Dublin, 21 août 1940. — Le charbonnier anglais « Prestatyn Rose », 1,151 tonnes, est arrivé ici aujourd’hui «près avoir été attaqué dans la mer d’Irlande par trois bombardiers nazis. L’équipage a dit que plus de 50 bombes et trois torpilles ariennes avaient été jetées dans sa direction. Aucun des engins de destruction ne toucha le but. Le vaisseau a toutefois été avarié par des balles da mitrailleuses.
Un petit incendie allumé à Gibraltar
Il a ét immédiatement maitrisé. – Rumeurs sensationnels démenties
Gibraltar, 21 août 1940. — Le» autorités de Gibraltar ont annonce aujourd’hui que des avions ennemis que l’on croit être italiens ont attaqué deux fois, mardi, cette forteresse. Elles ont ajoute que le petit incendie allumé par leurs bombes a été rapidement éteint et que l’un des agresseurs a été descendu. C’est le premier avion qui ait jamais été abattu par les batteries antiavions du roc.
Cette déclaration officielle mot fin aux rumeurs sensationnelles parties d’Espagne qui disaient qu’un immense incendie brûlait sur le sommet de Gibraltar et menaçait la ville du même nom. Il n’y a même pas eu de blessés. Depuis le commencement de la guerre, des bombes sont tombées sur Gibraltar ou prés de Gibraltar en quatre occasions seulement.
Voici ce qui s’est passé ou qui menace de se passer ailleurs dans la Méditerranée :
- L’Italie prétend que son blocus, identique à celui que le Reich a proclamé autour des îles anglaises, a pour but d’interrompre complètement tout commerce entre la Grande-Bretagne et ses colonies et protectorats de la Méditerranée, de la mer Rouge et du golfe d’Aden.
- La Grèce a contremande toutes les permissions qu’elle avait accordées à son armée, alors que la presse fasciste continue de l’attaquer. On rapporte que l’Italie continue de masser des troupes en Albanie.
Un avance de quatre mois
Ceux qui se préoccupent des progrès de l’entrainement coopératif des aviateurs britanniques ont eu quoi satisfaire leur curiosité et… développer leur esprit de discrétion dans les précisions que vient d’apporter aux Communes anglaises le secrétaire d’État à l’Aviation, sir Archibald Sinclair.
Je ne puis pas donner de chiffres, a dit en substance sir Archibald, mais je puis dire que noua sommes près de quatre mois en avance sur le programme établi. Il a ajouté qu’au train où vont les chosés, l’Angleterre aura dès le mois d’avril le nombre de pilotes qu’elle n’attendait pas recevoir du Canada avant les mois de juillet ou d’août 1941.
De tels progrès, il faut bien le dire, sont inespérés. Au milieu des circonstances difficiles que nous traversons, on devrait être entièrement satisfait si une entreprise de l’envergure de cet entraînement coopératif de milliers de pilotes se développait conformément au projet initial. Qu’on soit parvenu à en presser l’exécution au point d’assurer une avance de près de quatre mois dans le programme de la première année, cela tient du prodige.
Cela démontre de la façon la plus éclatante que le gouvernement canadien, avec une discrétion qui n’a d’égale que son patriotisme, dirige avec une rare habilité l’effort de guerre de notre pays. Les dirigeants de l’Angleterre ne peuvent taire leur reconnaissance pour l’énergie, l’esprit d’entreprise et d’initiative que le gouvernement canadien et le personnel canadien de l’aviation montrent dans l’exécution de ce projet, selon les termes de sir Archibald Sinclair.
De telles paroles devraient inviter à la discrétion, sinon au silence, ceux qui semblent n’avoir d’autre souci que de chercher à prendre en défaut le gouvernement canadien dans sa politique de guerre et principalement dans sa collaboration à l’entrainement des pilotes de l’Empire. Le secrétaire d’État anglais à l’Aviation a précisé l’importance de la discrétion en révélant que la défaite de la France entraînerait de nouveaux développements dans le domaine de l’entrainement aérien, que cela nécessiterait le transport de beaucoup d’hommes et d’énormes quantités de matériel, que le secret sur tous ces déplacements était plus important que jamais, et que par conséquent il ne fallait pas s’attendre à d’autres informations officielles à ce sujet.
Opportune réponse à ceux qui ne cessent de réclamer de notre gouvernement des informations qu’il serait dangereux de rendre publiques.
Acier et glycérine grecs saisis par les Italiens
Athènes, 21. — Le paquebot grec “Attiki”. arraisonné par de- navire» de guerre italiens au large de la Sicile la semaine dernière, est arrivé au jourd’hui au Pirée. Les officiels de ce navire rapporte que les Italiens ont conduit L’ »Attiki » à Palermo, Sicile, et ont confisqué 2,100 tonnes d’acier et plusieurs barils de glycérine.
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