L’ennemi n’aura pas la flotte

L’ennemi n’aura pas la flotte française

La flotte française : Londres. – Le premier ministre Winston Churchill a annoncé aujourd’hui (3 juillet 1940) aux Communes que les canons de la flotte de Grande-Bretagne avaient fait feu sur les navires de guerre français qui refusaient de se rendre, dans les eaux de l’Afrique du Nord.

Le premier ministre a révélé que l’Angleterre s’était emparée de trois cuirassés, de six croiseurs, de huit destroyers. Aussi de plusieurs autres navires de guerre plus petits. Y compris le sous-marin Surcouf, le plus gros au monde.

Churchill a expliqué que la Grande-Bretagne, craignant de voir la flotte française, représentant un total de 804,000 tonneaux, tomber aux mains des Allemands et des Italiens pour servir à l’invasion des îles britanniques, a interné plusieurs unités de cette flotte dans des ports anglais.

Aux autres, qui se trouvaient dans le port d’Oran, en Algérie, elle a présenté un ultimatum de 6 heures. Elle a laissé le choix de continuer la guerre aux côtés de l’Angleterre. De se laisser interner dans des ports anglais. Ou encore de se saborder. L’ultimatum expira sans que la flotte française ait accepté. Alors, trois cuirassés anglais, des croiseurs, un navire porte-avions et d’autres navires plus légers ouvrirent le feu sur la flotte française en lui infligeant de lourdes pertes.

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Le premier ministre définit le sort des navires des Français comme suit :

À Oran : Un cuirassé de 29,000 tonneaux, du type Bretagne coulé. Un navire du même type endommagé gravement. Deux destroyers et un porte-avions coulés ou incendiés. Le Strasbourg ou le Dunquerque, en compagnie d’autres navires, a pu gagner Toulon.

Dans les ports anglais : Deux cuirassés, deux croiseurs légers, plusieurs sous-marins et environ 200 navires de petite dimension saisis. Un officier français et un marin anglais ont péri durant une altercation à bord du Surcouf.

À Alexandrie : Un cuirassé, quatre croiseurs et un nombre indéfini de petits navires internés dans un port anglais.

Environ 800 ou 900 marins français se joignent aux forces hitlériennes.

Une partie de la flotte française en Angleterre

Londres, 4 juillet 1940. – Le premier ministre Winston Churchill a annoncé aujourd’hui aux Communes qu’une partie de la flotte française, incapable de gagner des ports africains, s’était rendue à Portsmouth et à Plymouth, il y a dix jours.

Deux cuirassés, deux croiseurs légers, quelques sous-marins, huit destroyers et 200 petits balayeurs de mines et navires anti-sous-marins ont de la sorte été recueillis aux ports de Portsmouth, Plymouth et Sheerness.

En faisant part à la Chambre des mesures prises par l’Angleterre pour empêcĥer la flotte française de tomber aux mains de l’axe, le premier ministre a annoncé qu’il y avait eu lutte à bord du sous-marin Surcouf, interné dans un port anglais. Un marin anglais tué, deux officiers et un marin anglais blessés. D’ailleurs un officier français tué. La lutte résulta d’un malentendu.

Churchill a annoncé aussi les Britanniques avaient coulé un cuirassé français de la classe du Bretagne. Un autre endommagé au large d’Oran. Ces événements ont eu lieu lors de la lutte entreprise par la flotte anglaise pour la possession de la flotte française.

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Commençant ensuite le corps principal de son discours, M. Churchill dit qu’il devait, avec un chagrin sincère, annoncer à la Chambre les mesures que l’on avait dû prendre pour empêcher la flotte française de tomber aux mains des Allemands.

« Lorsque deux nations luttent ensemble, l’une d’elles peut être abattue et matée et forcée de demander à son alliée de la libérer de ses obligations, dit-il. Mais le moins qu’on puisse exiger, c’est que le gouvernement français, en abandonnant le conflit, ait soit de ne pas infliger des blessures inutiles aux fidèles camarades dont la victoire finale représente la seule chance de liberté pour la France.

« Nous avons offert, dit-il, de relâcher les Français des obligations de leur traité s’ils envoyaient leur flotte vers des ports anglais avant la signature d’une paix séparée. Ils ne l’ont pas fait.

« En dépit de toutes les promesses et les assurances données par l’amiral Darlan, la France signa un armistice. Celui-ci se destinait à placer la flotte française aussi sûrement entre les mains de l’Allemagne qui cette portion de la flotte française fut placée entre nos mains lorsqu’elle se rendit à Portsmouth et à Plymouth il y a dix jours parce qu’elle est incapable de se rendre aux ports africains »…

cuirassé Provence flotte française
Le cuirassé Provence. Photographie libre de droits.
sous-marin surcouf
Deux des bâtiments français visés par la flotte anglaise : le cuirassé Provence et le sous-marin Surcouf. Photo : la presse de l’époque, domaine libre.

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