
Exécution de Mussolini
Ministres, journaux, foules d’Italie se réjouissent de l’exécution de Benito Mussolini
Les Milanais assouvissent leur rage sur le cadavre en place publique
Milan. – Les cadavres de Benito Mussolini et de Clara Petacci ont été décrochés du poste d’essence où les avait pendus une foule furieuse et emmenés à la morgue, avec ceux de leurs compagnons de supplice. Le visage de Mussolini a été affreusement mutilé, celui de son amie est reste beau.
M. Mario Berlinguer, haut-commissaire au châtiment des fascistes, et les journaux de Rome approuvent l’exécution sommaire, le 28 avril 1945 de Benito Mussolini et de 17 autres fascistes par les patriotes de Lombardie. Ils jugent que Mussolini avait mérité son sort. M. Berlinguer rappelle que le gouvernement italien a donné tout le pouvoir au Comité de la libération nationale du nord d’arrêter et d’exécuter les fascistes. La presse romaine considère que l’exécution prépare le rétablissement de la véritable démocratie. Ainsi, le Risorgimento Libérale, organe du parti, proclame : Avec la mort de Mussolini disparait l’incarnation la plus évidente du mal du siècle. La fin de Mussolini, la fin prochaine d’Hitler, constituent de formidables avertissements à ceux qui aspirent à de nouvelles dictatures de droite ou de gauche.
Fureur des Milanais
La foule milanaise a assouvi sa haine sur le cadavre de Benito Mussolini. Les patriotes italiens ont exécuté celui-ci, ainsi que son amie, Carla Petacci, et 16 chefs fascistes, à Giullano di Mezzergere, près de Côme. Le maréchal Rodolfo Graziani, ministre de la Guerre de Mussolini a été fait prisonnier. Il a déclaré qu’il voulait se livrer, Mussolini et les autres fuyaient vers la Suisse. Il n’y a pas eu de procès à vrai dire; après les exécutions, à 4h10 de l’après-midi, les cadavres ont été entassés dans un camion et amenés à Milan pour être exposés.
Le cadavre du dictateur a été pendu par les talons sur la place des Quinze-Martyrs (ex-piazza Loreto) à Milan, à côté du cadavre de son amie, la poitrine tachée de sang. De chaque côté pendaient les cadavres de cinq chefs fascistes. Des Milanais irrités ont repoussé les sentinelles patriotes, craché sur les cadavres; un individu a vidé le chargeur d’un revolver automatique sur celui de Mussolini; un autre lui a assené un coup de poing sur la mâchoire.
Vendredi, Mussolini et ses compagnons se dirigeaient vers la frontière suisse dans un convoi d’automobiles (30, précise-t-on ailleurs). Le dictateur vêtu d’un habit d’officier allemand, conduisait lui-même une voiture lorsqu’un sergent l’a reconnu et fait arrêter.
La place où sont exposés les cadavres est celle où des patriotes ont été exécutés il y a un an.
Le peuple italien a appris avec satisfaction la mort de Mussolini. D’autre part, on apprend d’informateurs autorisés que le Saint-Siège regrette que Mussolini n’ait pas été jugé dans les formes, que la foule ait insulté jusqu’à son cadavre. Son excellence, Mgr Walter Carroll, prélat américain doit aller à Milan aujourd’hui pour mener une enquête. Mais, en général, les Italiens ne se soucient pas de ces scrupules.
Le cadavre meurtri et salé d’ordures de Benito Mussolini git parmi d’autres sur la place où il y a 26 ans était né le mouvement fasciste. Près de lui, près de lui, on aperçoit le corps de la jolie Clara Petacci, dont la chemise blanche ornée de dentelle est tachée de sang; cependant, la foule lui a épargné les outrages auxquels elle s’est livrée sur le cadavre du dictateur.
Edouardo, chef du peloton de dix hommes qui a exécuté Mussolini, dit : « Il n’a pas su bien mourir ». L’exécution s’est déroulée à 4h.30 samedi après-midi près de Dongo, sur le lac de Côme. Les dernières paroles de Mussolini furent : « Non, non ». Il est mort à la villa où il était détenu depuis vendredi soir avec son amie, fille d’un médecin de Rome qui voulait devenir actrice de cinéma.

Clara Petacci. Photo du domaine public.

Benito Mussolini. Photo du domaine public.
Voir aussi :
Facebook
Twitter
RSS