Emprunt de la Victoire

Achetez une autre obligation de l’Emprunt de la Victoire

La campagne en faveur du Ve emprunt de la victoire tire à sa fin, puisqu’elle doit se terminer samedi, le 6 novembre 1943. S’il n’y a aucun doute que l’objectif de $1,200,000,000 sera atteint, puisque le total des souscriptions reçus hier soir excédait le 1,000,000,000, il n’en est pas moins vrai que c’est le désir de nos autorités fédérales que l’objectif fixe soit dépassé cette fois-ci tout comme durant les 6 emprunts précédents, d’où l’importance pour les retardataires de s’empresser à souscrire et pour ceux qui croient que leurs souscriptions n’ont pas été assez généreuses de la doubler pendant qu’il est encore temps.

Les vendeurs doivent redoubler de zèle et les Canadiens doubler, si possible, leurs souscriptions

Si l’on tient compte du fait que le dernier emprunt a été souscrit par 2,650,111 souscriptions individuelles ou corporatives et que l’on compte cette fois-ci sur 3,000,000 de souscriptions pour que la campagne actuelle soit un réel succès, il importe donc que les vendeurs officiels ne se départissent pas de leur zèle d’ici samedi soir et que le public leur fasse un accueil des plus cordiaux, d’autant plus que l’on est encore loin d’avoir obtenu 3,000,000 de souscriptions individuelles ou corporatives, mais heureusement qu’il faut encore compter avec les surprises de la dernière heure.

Puisque le 4e emprunt de la victoire a remporté $300,000,000 environ de plus que le précédent et près de deux fois le montant du 1er emprunt de la victoire, nous ne voyons pas pourquoi le présent emprunt ne l’emporterait pas par plus de #300,000,000 sur l’emprunt antérieur, d’autant plus que le revenu national est beaucoup plus élevé présentement que précédemment et que les dépôts d’épargne ont monté en conséquence. N’estime-t-on pas en effet que le revenu national a augmenté de 19,3 p.c. Durant les premiers neuf mois de cette année à $6,579,000,000, comparativement au total pour la même période l’an dernier ? Quant aux dépôts d’épargne dans nos banques à charte ne viennent-ils pas d’atteindre le chiffre-record de $1,989,000,000 à la fin de septembre, soit #73,000,000 de plus que l’ancien record établi en avril ? Ces hausses constantes dans les dépôts d’épargne et dans le revenu national, malgré le lancement d’emprunts élevés deux fois par année, démontrent, certes, que la majorité des gens profitent du réveil des affaires pour économiser le plus possible. Point n’est besoins d’insister longuement sur le fait qu’en agissant ainsi, ils agissent au meilleur de leurs intérêts, puisqu’ils coopèrent avec le gouvernement dans sa lutte contre l’inflation, le plus grand de tous les maux après la guerre, il ne faut pas oublier.

Un emprunt sursouscrit influera favorablement sur le crédit du Canada dans le monde.

S’il est vrai que la pratique de l’épargne sur une haute échelle en ce moment contribue à enrayer la spirale inflationnaire, il n’est est pas moins vrai que le prêt de ces mêmes économies à l’État, sous forme d’achats d’obligation du Ve emprunt de la victoire permet à ce dernier de pousser activement l’effort de guerre qui doit hâter la victoire finale de nos armes ainsi que celle de nos Alliées. Si l’on considère qu’il y a présentement au pays plus de 4,000 établissements industriels travaillant pour la production de guerre et si l’on tient compte du fait que nos dépenses de guerre atteindront durant la présente années fiscale près de $5,000,000,000, il saute donc aux yeux que la guerre coûte fort cher. Comme les taxes ne sauraient suffire à elles seules à solder de telles dépenses, nos autorités sont donc dans l’obligation de recourir aux emprunts.

Si l’on tient compte maintenant du fait que depuis le commencement des hostilités les Canadiens ont prêté volontairement au gouvernement fédéral au-delà de $4,375,000,000, sans tenir compte du présent emprunt de $1,200,000,000, il est permis d’en conclure que les citoyens du Canada savent répondre généreusement à l’appel de leur patrie, lorsque sa liberté est en danger comme ce fut le cas durant les 4 premières années de la présente guerre.

Incidemment, s’il est vrai que l’objectif du Ve emprunt de la victoire – le septième emprunt de guerre effectué au pays depuis 1940 – est de $1,200,000,000, nous tenons à dire toutefois que nos autorités fédérales espèrent que le total atteindra au moins les $1,500,000,000. C’est d’autant plus logique que l’emprunt précédent donna $1,308,985,500, en regard d’un objectif de $1,100,000,000, lequel objectif excédait, cependant, de $350,000,000 celui de l’emprunt précédent, soit du 3e emprunt de la victoire.

Pour que l’emprunt actuel soit sursouscrit au point d’excéder les $1,500,000,000, il faut donc qu’il y ait au moins une personne sur quatre de la population canadienne qui achète des obligations, à moins que les personnes qui ont déjà souscrit s’empressent, non pas de doubler leurs engagements, mais de prendre une obligation supplémentaire, suivant le mot d’ordre qui vient d’être donné par les organisateurs « d »acheter une autre obligation ».

Qu’il en soit ainsi et le présent emprunt sera sursouscrit et ce sera un record sans précédent dans l’histoire financière du pays, record fort favorable au crédit du Canada à l’étranger, il ne faut pas oublier.

Quant à ceux qui y auront contribué, ils auront donc fait coup double, soit assurer le maintien du crédit du pays et sauvegarder leur propre avenir. En effet, les fonds, ainsi confiés à l’État, serviront non seulement à combler en partie le déficit élevé prévu pou l’exercice fiscal qui se terminera le 31 mars 1944, mais, encore, ils constitueront après la guerre une sauvegarde pour tout prêteur ou ses héritiers, puisque les économies souscrites dans le Ve emprunt de la victoire constituent un capital agissant, à cause de l’intérêt de 3 p.c.

Puisque souscrire présentement n’est pas faire un sacrifice pécuniaire, que les retardataires et ceux qui sont en mesure de souscrire de nouveau s’empressent donc de répondre au présent appel de la Patrie.

(Ce texte a paru le 4 novembre 1943).

Voir aussi :

Les hommes parlent de la victoire comme d’une chance. C’est le travail qui fait la victoire. (Ralph Waldo Edison). Photo de GrandQuebec.com.

Laisser un commentaire