Crise de la Conscription

Crise de la Conscription

Quand, vers la fin du mois d’août 1917, le gouvernement du Canada fait approuver la loi sur le service militaire obligatoire, cela provoque des réactions mitigées au Québec.

Parmi les médias francophones, deux journaux conservateurs, soit La Patrie et L’Événement, sont les seuls qui n’attaquent pas cette loi.

Des ligues contre la conscription naissent un peu partout dans la province du Québec et des manifestations, des assemblées et des piquets de protestation sont tenus régulièrement. On constate également des actes de violence. Par exemple, des inconnus font exploser la maison du propriétaire du journal anglophone The Montreal Star, qui défend la conscription.

Mgr Bruchési, archevêque de Montréal, qui a démontré une loyauté inconditionnelle envers la conscription et a encouragé les jeunes à aller combattre, admet dans une lettre adressée au premier ministre Borden que le peuple du Québec est très agité et que des excès sont commis tous les jours. Mgr Bruchési exprime ses craintes d’attentats possibles contre les partisans de la conscription au Québec. Selon Mgr Bruchési, « il est impossible de calmer les esprits, et la vie de chaque personne qui est en faveur de la loi est en danger».

En décembre 1917, des élections ont lieu au Canada. Au Québec, certaines personnes opposées à la conscription empêchent les Unionistes de tenir leurs réunions publiques. Les seuls Conservateurs élus sont trois députés anglophones, tandis que les Libéraux, qui s’opposent fermement à la conscription, gagnent 62 sièges au Québec.

De nombreux Canadiens français se cachent dans les forêts ou dans les hameaux isolés. D’autres présentent des pièces justificatives de la part de médecins, d’employeurs, de l’église, etc. À Québec, la recherche des insoumis se poursuit très activement par les membres de la police fédérale sous la direction du capitaine C. Desrochers, et chaque jour quelques insoumis sont arrêtés. Les déserteurs arrêtés à Québec n’y sont gardés que juste le temps nécessaire pour être équipés et sont transportés ensuite ailleurs pour y faire des exercices.

Les porteurs de certificats d’exemption les présentent de bonne grâce aux officiers qui le leur demandent ce qui rend le travail de ces derniers facile. Cependant, nombre de conscrits qui ne sont pas de la première classe parce que mariés, mais qui sont d’âge militaire et qui n’auraient pas eu la précaution de se munir d’un certificat de mariage n’en ont pas moins été tenus de répondre aux questions des officiers de police : mais ils entendent bien ne pas se laisser importuner davantage en portant désormais sur eux les documents qui prouvent qu’ils ont pris femme.

Vers la fin du mois de mars 1918, la situation empire. La ville de Québec est la scène de plusieurs manifestations contre la conscription. L’armée canadienne intervient, la loi martiale est déclarée, et les soldats ouvrent le feu contre des opposants à la conscription. Cinq personnes sont tuées et des dizaines sont blessées.

Finalement, on estime qu’environ 19 mille Québécois se sont engagés dans l’armée, et qu’un nombre équivalent a trouvé un moyen (légal ou non) pour ne pas servir dans les forces armées.

Le conflit se termine en novembre 1918, et le Canada en sort beaucoup plus divisé qu’avant la guerre.

char de combat general estienne
Char de combat français Général Estienne. Photo : © GrandQuebec.com.

Caché dans une chambre depuis 21 ans

Incroyable drame d’un déserteur, que sa mère soigne depuis 1916 – Il ignorait qu’une loi d’amnistie lui avait apporté le pardon

Paris, 21 août 1937. Un homme aux cheveux grisonnants se présentait samedi, dès l’ouverture du bureau de la gendarmerie de Beaumont (Oise) au brigadier-chef et lui disait à une voix lasse:

– Je suis Louis Delcourt, classe 10, déserteur depuis 1916, au 51e d’infanterie et je viens me constituer prisonnier… Je me suis caché chez moi pendant vingt et un ans pour ne pas quitter ma mère… mais, à présent qu’elle n’est plus là…

L’homme avait les yeux clignotants, blessés par la lumière comme les yeux de ceux qui ont vécu longtemps enfermés. C’était le cas: ce déserteur était un prisonnier volontaire. Il venait de passe 21 ans, cloitré dans une chambre aux volets fermés. Inconnu de tous, sauf de sa mère qui avait pris soin de lui avec amour.

Louis Delcourt avait 26 ans et était marié depuis peu lorsque la mobilisation l’arracha à son foyer de Nouy (Oise). Après avoir accompli de brillantes actions pendant les deux premières années de la guerre, il fut pris un jour de « cafard » et rentra chez lui.

Il n’osa plus répondre par la suite. Il resta claustré dans sa maison, soigné par sa mère qui le cachait jalousement. Peu à peu les siens s’éteignirent. Sa mère enfin mourut.

Delcourt désemparé alla se constituer prisonnier.

Mais le brigadier de gendarmerie lui annonça qu’une loi d’amnistie lui apportai le pardon.

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