Chroniques de la Deuxième guerre mondiale. Nouvelle du 21-23 août 1940
Bombardement du West End de Londres
Les nazis attaquent ce quartier chic de la capitale – Leurs canons pilonnent la région de Douvres et la côte du Kent
Nombreux avions ennemis au-dessus de l’Angleterre
L’aviation anglaise réduit au silence plusieurs batteries de « petites Berthas » – Plus de 1,000 appareils allemands détruits depuis le 18 juin – Deux raids de 45 minutes
Londres, vendredi 23 août. – L’Allemagne, après avoir, hier soir, furieusement bombardé, avec ses canons à longue porte, la côte du sud-est de l’Angleterre, a envoyé, ce matin, ses avions dans le ciel obscur de cette capitale de l’Empire britannique. Pendant quarante cinq minutes, il y ont fait un tapage d’enfer, avaient presque tous de tomber dans les faisceaux des projecteurs qui les recherchaient, et jetant des bombes dans les régions qui n’ont pas encore été identifiés.
Ce fut la première attaque aérienne nocturne contre Londres depuis le commencement des hostilités.
Des avions ont été vus au-dessus du fashionable West End. Des observateurs croient que des bombes y ont été jetées. Des bombes hurlantes et des bombes explosives de lourd calibre ont aussi été lancée» aux extrémités de la Cité. Le signal que tout danger était passé fut donné à 4 heures, ce matin.
Bien que l’on n’ait pas encore annoncé de chiffre», on dit que le nombre des appareils ennemis qui ont survole la capitale est considérable. Le renouvellement des attaques aériennes contre les îles anglaises s’est produit quelques heures âpres que la guerre de Grande Bretagne eut pris un tour nouveau. Par deux fois, hier soir, les nazis ont, en effet, utilisé les batteries d’artillerie lourde qu’ils ont montée sur trente milles de côte française, entre Calais et Boulogne, pour bombarder le système de défense de la côte du sud-est,
Douvres a été cruellement touchée, mais les explosifs lancés au dessus de le Manche ost aussi coûte de la destruction dans d’autre» régions de le côte. L’aviation anglaise, employant des bombardiers plongeurs, a traversé le Channel et a réduit les canons ennemis au silence. On croit que plusieurs d’antre eux ont été détruits.
Dans les milieux officiels de Londres, on assure que les Britanniques ne se sont servis que d’avions contre le» batteries allemandes et que leur artillerie n’a pas engage de duel avec celle des nazis.
À Douvres, de» maisons ont été détruites de fond en comble. Les gros obus allemands ont fait un nombre de victimes qui n’a pas été dévoilé. Vers minuit, on pouvait encore voir des habitants de la ville, qui fuyaient la zone prise comme cible pour trouver un peu de sécurité ailleurs.
Bombes dans le West End
Londres, vendredi 23 août 1940. – Londres, une ville de prêt de 9 000,000 d’habitants, la cœur de l’empire britannique, a été attaquée par des avions allemands au cour des heures d’obscurité matinale. C’était la première attaque nocturne dont la capital était la victime depuis le commencement des hostilités.
Pendant quarante-cinq minutes la population, ou du moins cette partie de la population qui a préféré rester a l’extérieur pour contempler le spectacle rare qui lui était offert plutôt que d’aller s’entasser dans les abris anti bombes, a entendu les explosions sourdes des bombes, celles plus sèches de obus que les batteries anti-aériennes lançaient aux agresseurs. Elle a pu voir aussi le ruissellement de lumière qui se dégageaient des batteries de projecteurs fouillant le ciel noir.
Le signal que tout danger était passé fut donné à 4 heures ce matin (11 heures), jeudi soir, heure avancée de l’Est).
Bien que l’on n’ait pas encore de chiffres sur le nombre des victimes, on a apprit qu’une ou deux personnes qui avaient été blessées sont mortes.
Il semble que la majorité des bombes sont tombées a l’extrémité ouest de la ville. Toutefois, il y a eu des explosions qui semblaient se produire dans le West End, l’un des quartiers résidentiels les plus peuples et les plus fashionables de Londres.
Les Londoniens ont dit du raid qu’il n’était pas la « chose » a laquelle ils s’attendaient
Londres, vendredi. 23. – Des avions allemands ont survole. ce matin, la partie la plus fashionable de Londres: son West End. Le bruit que faisaient les canons anti avions de la capitale pour repousser les agresseurs, c’est mêlé a un autre bruit, beaucoup plus sourd, qui ressemblait à celui que feraient des bombes en exploitant. On croit qu’il en est tombé aux extrémités de la région métropolitaine.
Des projecteurs ont attrapé un raideur dans leurs faisceaux et l’ont suivi jusqu’à ce qu’il prenne la fuite.
L’alerte a été sonnée. Les millions d’habitant» de la grande ville ont quitte leurs lits avec précipitation pour te rendre dans les abris anti bombes ou pour monter sur leurs toits afin d’être les spectateurs terrifies de la sauvagerie de l’ennemi. Partout on pouvait voir les lueurs rouges provoquées par le tir des batteries qui défendent Londres. Les gens, vivant dans le cœur de la métropole, ont eux aussi, un peu plus tard, entendu le bruit du canon. À ce moment la, toute la population, ou presque, du centre de la capitale était entassée dans les abris.
Une sorte de bombe hurlante a été jetée a l’ouest de Londres, mais on n’a pas entendu d’explosion. Plus tard, trois violentes explosions firent trembler les maisons.
En plus de l’avion surpris par les ruissellements de lumières des projecteurs, on en entendait deux autres qui devaient voler tout prêt de lui. Pendant que les sirènes sonnaient, les canons grondèrent sans interruption. Ce fut le premier raid nocturne dont Londres a été victime depuis le commencement de la guerre.
Le bombardement de la région du Douvres
Londres, vendredi. 23 août. Le ministère de la guerre, le ministère de l’air et le ministère de la sécurité intérieure ont publié conjointement, ce matin, le communique suivant:
«Hier soir, l’artillerie que l’ennemi a installé sur la côte française a ouvert le feu sur la région de Douvres.
Les obus de l’ennemi ont causé quelques dommages à des édifices. Il y a eu des victimes. »
« Petites Berthas» réduites au silence
Londres, 22 août. – On croit ici, ce soir, que des bombes de lourd calibre, jetées par des avions anglais, entre Boulogne et Calais, sur la côte du nord-ouest de la France, ont détruit les « petites Bertha » que les nazis y avaient installées et qu’ils ont utilisées, au crépuscule, pour bombarder furieusement, pendant 45 minutes, la côte du Kent. Plus tôt, dans la journée, les mêmes canons avaient ouvert le feu sur un convoi britannique qui traversait le Pas-de-Calais. Cette attaque fut un fiasco complet, car pas un seul navire anglais ne fut touché.
Après son premier bombardement de la région de Douvres, l’artillerie d’Hitler garda le silence pendant trente minutes, des bombardiers anglais tenant de la repérer dans la nuit pour la faire sauter. Elle recommença soudain de tonner, toutefois, et cinq obus traversèrent de nouveau la Manche. Les avions britanniques revinrent à la charge. Cette fois-ci, les gros canons se turent pour de bon. On n’entendit plus que le bruit moins sourd que font les canons anti avions en tirant.
Tout indique, selon ce que l’on a pu voir en Angleterre, que l’attaque contre Calais et Boulogne a été d’une sauvagerie inouïe. Les explosions des bombes, pleuvant sur les positions nazies, se succédèrent longtemps avec une rapidité incroyable. Toutes les batteries contre avions, de Calais à Boulogne, crachaient en même temps leurs obus, ce qui indique que de grosses escadrilles anglaises survolaient le littoral. Encore maintenant, dans la nuit redevenue paisible, on voit brûler Calais, le point de la côte européenne le plus rapproché des rivages du Royaume-Uni.
Pendant que cet engagement faisait rage, on a rapporté, ici, que de très grands nombres d’avions ennemis avaient recommencé de venir au-dessus de la Grande-Bretagne. Au moment où ces lignes sont écrites, il semble y en avoir au-dessus du sud-est, du sud-ouest, du nord-est, du nord-ouest et des régions galloises.
Bombardement de 45 minutes
Londres, 22 août. – Hitler a usé d’un nouveau mode d’attaque contre la Grande-Bretagne, ce soir. Les canons à longue portée qu’il a fait installer sur la côte française ont, en effet, bombardé, pendant 45 minutes, le littoral sud-est de l’Angleterre. Des bombardiers de l’aviation britannique sont immédiatement partis du Royaume-Uni pour aller bombarder furieusement une vaste région côtière de la France dans le but de réduire au silence les « petites Bertha ». Dans la lumière crépusculaire du début de la soirée, on pouvait, de postes d’observation situés en sol britannique, apercevoir les éclats de flamme que crachaient les batteries lourdes du Reich, montées de l’autre côte de la Manche. On entendait ensuite le sifflement sourd des gros obus qu’ils lançaient, suivi d’explosions assourdissantes.
Les avions de Londres n’ont pas mis de temps à rétorque, à cette agression. Cette dernière n’avait pas encore pris fin que les projecteurs allemands s’allumaient en France et commençait de fouiller le ciel pour découvrir les appareils anglais qui contre-attaquaient. Près de Calais, les bombardiers de la R.A.F. Et les batteries de l’ennemi se sont livrés un engagement vraiment spectaculaire. Les bruits de la bataille étaient si puissants qu’à plusieurs milles à l’intérieur de l’Angleterre on s’en bouchait presque les oreilles.
Le bombardement de la région de Calais se produisit au moment même quand les canons hitlériens, qui avaient pris comme cible une tranche de la côte du sud-est du Kent, cessaient le feu.
Des experts en artillerie déclarent, a Londres, ce soir, que les Allemands utilisent vraisemblablement, pour bombarder la côte britannique du Channel, des canons de 12 ou «le 14 pouces qu’ils ont montés entre Calais et Boulogne. On doute, ici, de l’efficacité du tir de cette artillerie lourde à moins qu’il ne soit guidé par des observateurs qui, avec leurs avions et la radio, pourraient le diriger. Plus tôt dans la journée, lorsqu’ils ont attaqué un convoi dans la Manche, les artilleurs nazis ont bien tenté d’envoyer des pilotes au-dessus des vaisseaux, afin d’obtenir les renseignements indispensables à un tir précis. Ils essuyèrent un échec lamentable . Leurs observateurs furent mis en fuite par des chasseurs anglais et leurs obus tombèrent tous à la mer sans faire mouche une seule fois.
On estime, dans la capitale, que chacun des canons qu’emploient ainsi les Allemands ne peut pas tirer plus de 180 charges sans être alésé.
Convoi attaqué
Pendant 80 minutes, ce midi, les canons allemands ouvrirent le feu sur un convoi britannique qui traversait le Pas-de-Calais, à 20 milles à peine de la côte française. Aucun cargo et aucune des unités navales qui les escortaient ne fut touché. Les navires de guerre s’étaient, il est vrai, empressés de jeter des écrans de fumée autour du convoi. Plus tard, des avions ennemis attaquèrent aussi le même convoi, mais ils furent mis en fuite par les canons anti avions des unités navales et par le feu des avions de chasse anglais, avant d’avoir pu causer des avaries. Un appareil nazi fut descendu.
Voici le communiqué que l’Amirauté a publié à ce sujet :
Un peu avant-midi, aujourd’hui un de nos convois, qui naviguait à proximité du Pas-de-Calais, se trouva sous le feu de l’artillerie lourde de position que l’ennemi a montée sur la côte française.
Les navires de guerre qui escortaient ce convoi l’entourèrent immédiatement d’écrans de fumée pour le cacher aux Allemands.
Bien que quelques obus soient tombés assez près des vaisseaux, aucun de ceux-ci ne fut touché ou avarié.
Le même convoi fut, plus tard, attaqué par l’aviation ennemie. Aucun dommage ne fut causé par cette attaque et l’ennemi fut repoussé par le feu de de nos canons et de nos avions de combat. Durant cet engagement, un appareil allemand a été descendu.
Attaques aériennes
Les raids que les Allemands ont effectués, dans la journée, au-dessus des Îles britanniques ont été peu nombreux. Des avions isolés se sont chargés généralement de les accomplir. Toutefois, au début de la soirée, cinquante appareils ennemis, formant une escadrille, ont traversé la côte du sud-est. Le gros de cette flottille aérienne a été repousse par des batteries contre avions. On rapporte, en outre, que trois agresseurs ont été descendus dans un combat aérien livré au-dessus d’une ville du sud-est. Il a été officiellement annoncé, d’autre part, que sept avions ennemis ont été détruits dans la journée, ce qui porte à 1002 le nombre des appareils nazis détruits en Grande-Bretagne, depuis le 18 juin. Deux chasseurs anglais ont été descendus, mais le pilote d’un d’eux fut sauvé.
La contre-offensive anglaise
Les Britanniques continuent de contre-attaquer avec une vigueur sans cesse accrue. À 10 heures, ce soir, (5 heures, cet après-midi, heure avance de l’Est), tous les postes de radio du Reich sont devenus silencieux, un signe certains que les aviateurs anglais survolaient l’Allemagne pour autre chose que pour leur plaisir. De plus, le ministre de l’Air a annoncé que, durant la nuit de mercredi, ses bombardiers ont profondément pénétré à l’intérieur du Reich et y ont lâché des tonnes d’explosifs.
Des raffineries de pétrole, à Magdebourg et à Hanovre; des aéroports allemands, à Caen et à Abbeville, dans le nord de la France; des centres ferroviaires dans la vallée de la Ruhr et dans la région industriel de la Rhénanie, ce ne sont là que quelques-uns des objectifs militaires qui ont été pris comme cibles. Des bombes sont tombées sur un tunnel, entre Heinbourg et Verben, au moment où un train y entrait. On ne l’en a pas vu ressortir.
Au-dessus de l’Allemagne, les aviateurs anglais rencontrèrent des nuages épais et des courants d’air froid qui gelèrent leurs instruments. Un avion a même été couvert, pendant quelque temps, de deux pouces de neige.
En attendant patiemment des trouées dans les nuages, les pilotes anglais purent lâcher des bombes sur des raffineries qu’ils ne voyaient que brièvement. On n’a pas pu, à cause du mauvais temps, savoir exactement quels sont les dégâts qui furent causés. Un pilote a ramené ses bombes en expliquant que la glace qui se formait sur les ailes de son appareil l’alourdissait tellement qu’il ne pouvait pas monter au-dessus des nuages. Il descendit à 2,000 pieds mais il faisait encore plus froid. De cette altitude, il était impossible de voir la terre. Les nuages étaient si denses qu’ils cachaient complètement la lune.
50 obus tombent dans le Kent
D’une ville de la côte du sud-est de l’Angleterre. 22 août 1940. La côte du sud-est de la région du Kent a été furieusement bombardée, ce soir, par des pièces d’artillerie lourde que les Allemand ont montées sur la côte française de la Manche. On a rapporté que des obus sont tombés en plusieurs endroits. Mais on assure qu’ils n’ont fait aucun dommage grave.
Douvres est dans le Kent. Il n’y a que 22 milles de Calais à Douvres. On estime, ici, que 50 obus de gros calibre, peut-être davantage, ont traversé la Manche. On en a vu tomber en plusieurs points de la côte du Kent. Parmi les édifices touchés se trouvent une église et un presbytère. Le curé a été sorti des ruines sur une civière.
Il y a eu des victimes. On n’en a pas donné le nombre.
Raids nocturnes
D’une ville du sud-est de l’Angleterre, 22 août. Trois avions allemands ont été abattus, ce soir, durant un violent combat qui a mis aux prises, au-dessus de cette ville, une grosse escadrille de bombardiers ennemis et des chasseurs anglais. Les Allemands auraient pris la fuite après avoir rencontré une résistance extrêmement énergique.
D’autres raiders nocturnes ont traversé la côte en deux autres points. Des bombes incendiaires ont été jetées en un endroit.
Communiqué officiel
Londres, 22 août. – Voici le texte d’un communiqué que le ministère de l’Air a publié jeudi soir :
« Es rapports reçus jusqu’à 7 heures, ce soir, montrent qu’un petit nombre d’avions ennemis, travaillant seuls dans presque tous les cas, ont traversé nos côtes, aujourd’hui. Aucun d’eux n’a pénétré profondément à l’intérieur du pays. Il n’y a pas eu de bombes de lâchées sur des objectifs terrestres. Quatre avions ennemis ont été descendus par nos chasseurs. Deux de nos appareils sont perdus, mais l’un des pilotes est sauvé ».
Les prétentions de Berlin
Berlin, 22 août. – Le Dienst aus Deutschland, feuille nazie de propagande, prétend, aujourd’hui, que des manœuvres de tir que les Allemands ont effectuées, dans la journée, indiquent qu’ils ont complété les préparatifs qu’ils avaient fait pour contrôler la Manche, en installant de puissantes batteries côtières sur la côte du nord-ouest de la France. « L’Allemagne, dit le journal qui touche de près au ministère des affaires étrangères, dispose maintenant d’une arme qui la rend maîtresse du Channel. »
New York, 22 août. – La radio de Rome a prétendu, ce soir, dans un programme de nouvelles, entendu à New-York par la National Broadcasting Company, que les canons à longue portée avec lesquels les nazis ont bombardé, ce soir, la côte anglaise de la Manche, seront bientôt très nombreux. Elle a précisé qu’il y en aurait tout le long du littoral atlantique de la France.
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