Opérations militaires canadiennes dans l’Adriatique (1992 – 1997)
Au début des années 1990, lorsque la République fédérale socialiste de Yougoslavie s’est désintégrée et la guerre civile a commencé, la situation menaçait la stabilité de toute l’Europe et du monde entier. Les Nations Unies ont déclaré un embargo sur l’envoi d’armes destinées aux républiques de l’ancienne Yougoslavie, l’OTAN et l’Union européenne s’engageant de faire respecter l’embargo et de limiter de cette façon l’étendue de la guerre dans les Balkans.
De novembre 1992, les pays européens ont dressé un blocus naval, baptisé Opération Sharp Guard et le Canada a immédiatement pris partie dans ces opérations de paix de l’ONU.
Les militaires canadiens ont pris part à l’approvisionnement, à l’acheminement des secours humanitaires, aux évacuations sanitaires, au contrôle des armes et aux autres tâches.
À partir de septembre 1992, dans la mer Adriatique se trouvait le destroyer NCSM Gatineau et au moins une frégate ou un destroyer y était présent pendant toute la durée de l’opération de maintien de la paix. Au total, neuve navires canadiens ont été déployés dans la zone entre juin 1993 et juin 1996.
Remarquons que la marine canadienne a envoyé des navires dans la zone qu’elle n’avait pas l’habitude de sillonner. En effet, les forces navales du Canada avaient peu d’expérience dans l’Adriatique, puisque ses navires se limitaient aux trajets tracés dans l’Atlantique Nord.
De plus, le Canada a envoyé les hélicoptères CH-124 Sea King, des avions patrouilleurs maritimes CP-140 Aurora et des CC-130 Hercules qui assuraient le transport des matériaux. Au total, de juillet 1992 à janvier 1996, l’aviation canadienne a transporté plus de 27 mille tonnes de matériel et réalisé plus de 1 800 missions militaires.
Il faut souligner que la plus grande partie des pays participants ayant envoyé de petites unités, un ou deux navires et un petit détachement d’aviation chacun, une coopération entre les pays apparaissait donc comme une solution idéale et une opération conjointe fut donc organisée.
De cette façon, les unités des pays participants ont simplifié les structures de soutien et de communication et la gestion coordonnée des ressources a contribué à des importantes économies, réduisant les coûts.
En 1993, l’OTAN conçoit un site logistique avancé pour le Sharp Guard à Crottaglie, en Italie, près de la ville de Tarente qui devient opérationnel en décembre de la même année.
Ce site se trouvait à une demi heure de distance du port de Brindisi et il a été choisi pour des raisons politiques plutôt que militaires. Le soutien direct des unités opérationnelles était possible, mais difficile et dangereux (par exemple, les hélicoptères devaient transporter des cargaisons dangereuses sur des régions densément peuplées).
Cette expérience négative a montré la nécessite de la participation active des planificateurs et analystes militaires aux étapes initiales de la réalisation des projets politico-militaires, la participation qui n’était pas jugée nécessaire et même négative par plusieurs politiciens de nos temps qui déclaraient que les militaires devaient limiter leurs actions aux étapes de la réalisation des projets conçus par les politiciens.
Néanmoins, le site de Crottaglie a servi pendant quatre années et les Canadiens y ont servi par roulement tous les six mois.
En 1997, le Canada a déployé dans les Balkanes environ cent effectifs et six avions CF-18 Hornet. Ces chasseurs ont appuyé la SFOR de l’OTAN jusqu’en novembre 1997.
Le 1997, marque la fin de l’opération Sharp Garde.
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