La guerre et le Québec

Brucite et la guerre

Brucite et la guerre

Brucite : Une nouvelle industrie de guerre

La science au service du combat

Dans les montagnes de la Gatineau, au nord d’Ottawa, une nouvelle usine de guerre est maintenant en opérations. Elle raffine la brucite. Ce mot demeure mystérieux pour les profanes. Qu’est-ce que la brucite ? Les minéralogistes répondent que c’est un hydroxyde naturel de magnésium, qui doit son nom au savant que le découvrit. Ce minerai contient 69 pour cent de magnésie, qui est un oxyde de magnésium, métal indispensable à un pays belligérant. L’usine nouvelle produire de la magnésie et, si le besoin en devient pressant, elle s’équipera pour nous doter d’une source supplémentaire de magnésium.

Avant la guerre, les importations suffisaient à notre consommation. Les circonstances ont changé du tout au tout depuis deux ans. Nous devons maintenant songer à nous ravitailler sur notre sol. Grâce aux travaux de M.F. Goudge, un spécialiste en minéralogie, les dépôts près d’Ottawa compenseront simplement les stocks qui venaient de l’étranger. Nous sommes actuellement en mesure de produire de la brucite au coût $30.00 la tonne, somme inférieure à ce que nous devions payer auparavant.

Pour se rendre compte de l’importance de cette exploitation industrielle d’une découverte scientifique, il suffit de rappeler que la magnésie est nécessaire à la production de l’acier, du cuivre, du nickel et du magnésium. De plus, elle entre dans la composition de la brique et la rend capable d’endurer des températures très élevées indispensables dans les raffineries de métaux.

(Cette nouvelle date du 9 août 1940).

C’est une guerre mondiale

« Et voulez-vous bien me dire quel est le pays du monde aujourd’hui qui ne s’arme pas ? Quel est le pays du monde aujourd’hui qui ne dépense pas énormément pour assurer sa défense ? Quel est le pays du monde aujourd’hui qui ne recherche pas à compter le nombre de ses fils en état de la défendre ? Quel est le pays du monde qui n’entraîne pas à la guerre ses hommes valides ? Il n’y en a pas un seul. Et plaise à Dieu que le nôtre ait le courage, même le simple orgueil national, capable d’inspirer les dévouements nécessaires à sa survivance. N’écoutez point les défaitistes et les exploiteurs de préjugés. Au fond, ce n’est pas à vous qu’ils pensent, c’est à eux seuls. Ils veulent se grandir en abusant de votre sincérité ». (L’honorable P.-J.-A. Cardin, Radio-Canada, 16 août 1940).

Des recherches importantes, se poursuivent dans les laboratoires des services de l’État, dans les laboratoires des Travaux Publics, des Mines, de l’Agriculture, des Postes, des Colonies, du Service de Santé, des Finances ou des Douanes; surtout de la Marine, de la Guerre et de l’Air. Dans ces laboratoires, beaucoup de travaux sont entreprise, avec des moyens généralement, pas toujours, suffisants, par des hommes souvent distingués. Mais deux graves obstacles paralysent plus ou moins, mais toujours, à des degrés divers, le rendement de l’effort entrepris ; l’isolement des services d’une part ; la question du secret d’autre part…

Tous ces services travaillant dans un isolement, un cloisonnement systématique, extravagants. Des recherches analogues se poursuivent (et ceci est excellent) sur les mêmes questions dans des laboratoires de plusieurs ministères, mais (et c’est ceci qui est grave) en s’ignorant totalement, ou presque. Des travailleurs pâlissent dans les services de l’Armée sur des problèmes qui sont déjà résolus par les services de la Marine ou de l’Air ; les techniciens de l’Armée et de la Marine aboutissent à des solutions des techniques différentes d’un même problème, mais en adoptent la réalisation, l’application en série, dans leur domaine, sans les confronter, les soumettre de façon indépendante et concurrente à l’expérience en vue d’adopter les mêmes appareils ou méthodes, reconnus supérieurs.

"Jetez des pierres au lion et à l'adultère." Brucite. Photo d'Oleg Malin.
« Jetez des pierres au lion et à l’adultère. » Brucite. Photo d’Oleg Malin.

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