Bataille de Queenston Heights : Smith versus van Rensselaer – 11 – 13 octobre 1812
Bataille de Queenston Heights : Les Britanniques avaient compris que les Américains frapperaient avant l’hiver 1812-1813 et essayeraient de prendre le Haut-Canada en une seule offensive éclair.
Le général Isaac Brock, commandant des troupes britanniques, était inquiet parce que le nombre des Américains surpassait largement celui de ses troupes. Le débarquement américain survint le matin du 11 octobre 1812.
À l’endroit du débarquement, la largeur du Niagara n’atteint que 200 mètres. Les pasteurs, les voyageurs, les missionnaires et les femmes qui allaient en visite chez leurs amis traversaient le cours d’eau en un quart d’heure.
L’armée américaine s’est pourtant enlisée dans la boue résultant d’une forte pluie survenue à l’aube du débarquement. Les soldats criaient, les officiers proféraient des blasphèmes, aussi les soldats britanniques et canadiens furent vite réveillés et se rendirent sur les lieux.
De plus, plusieurs chaloupes américaines se sont heurtées l’une contre l’autre et des dizaines de soldats se sont perdus dans la nuit et ont débarqué sur les rives américaines, croyant que c’était le territoire canadien.
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Tôt le matin, le général van Rensselaer a dû rappeler ses forces et arrêter l’offensive. Pas un seul soldat américain n’a réussi à mettre le pied au Canada!
Le général britannique Isaac Brock aurait pu conclure à un échec total de l’invasion. Mais étant une personne de réflexion, il a pensé en toute logique à une ruse diabolique des Américains. Il était sûr qu’il ne s’agissait que d’une diversion et que la véritable invasion aurait lieu à Fort George, à 10 kilomètres au nord, le seul endroit fortifié de la région.
Le général fait alors déplacer ses troupes vers le Fort George. Des scouts américains informent Van Rensselaer que les Britanniques et les Canadiens se sont retirés, laissant sur place moins de 50 soldats pour surveiller l’endroit.
Le matin du 13 octobre 1812, les Américains font donc une seconde tentative au même endroit. Environ 600 fantassins traversent la rivière. Les trois premières barques sont surchargées et coulent, les 50 Canadiens ouvrent le feu et sur 600 Américains, 200 sont tués ou blessés avant de toucher les rives canadiennes.
Le lieutenant-colonel américain Solomon Van Rensselaer, cousin du commandant, demanda à son oncle l’honneur de diriger l’assaut. Il fut blessé gravement. Les Américains ouvrent alors le feu avec leurs canons contre les 50 résistants qui n’avaient qu’un seul canon.
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Au Fort George, les Britanniques entendent les bruits des canons. Ils se rendent compte que l’invasion vient d’être lancée au même endroit qu’auparavant, et courent vers Queenston Heights.
Ils arrivent à temps pour voir les Américains prendre les collines. Isaac Brock donne l’ordre de charger pour ne pas laisser le temps à l’occupant de fortifier ses positions. Il est blessé à la main, mais il continue de se battre jusqu’à la mort.
Le lieutenant colonel John Macdonnel prend le commandement, mais il est tué lui aussi. Les Canadiens se retirent alors à un kilomètre des positions américaines.
Plus de mille soldats américains sont déjà sur le territoire canadien, mais mille autres refusent de traverser le Niagara, parce que les 200 Britanniques et Canadiens ne cessent de tirer sur les soldats qui essayent de traverser le cours d’eau.
près les premières hostilités de la guerre de 1812, la campagne de l’automne 1812 débute. Cette campagne était de première importance pour les Américains qui étaient sûrs de pouvoir occuper les deux Canada (le Haut et le Bas) avant la venue de l’hiver.
Le commandant en chef des forces américaines du secteur nord-est du pays, le général Henry Dearborn, ordonna que toutes les troupes se concentrent dans deux endroits: dans la ville de Plattsburg (État du Vermont), pour attaquer le Bas-Canada, et dans la région des Chutes du Niagara pour envahir le Haut-Canada.
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Les forces d’invasion du Haut-Canada étaient dirigées par le général Stephen van Rensselaer. Ce général n’avait aucune expérience militaire. On le plaça au commandement suite à une manœuvre politique de M. Daniel Tompkins, gouverneur de l’état de New-York. En fait, celui-ci avait choisi cette nomination pour éloigner son rival politique.
Le général Dearborn a compris très vite que Van Rensselaer n’était pas compétent pour commander. Cependant, Dearborn ne peut rien objeter parce que c’est le Congrès qui a promu Van Rensselaer. Dearborn envoie alors le général Alexander Smith à Van Rensselaer pour le seconder.
Van Rensselaer, s’estimant humilié par cette décision, s’en prend à Smith et essaie de démontrer par tous les moyens possibles que celui-ci est incompétent. Les officiers américains des troupes en garnison dans la région du Niagara choisissent l’un ou l’autre camp.
La bataille commence alors. Les partisans de Smith ou de Van Rensselaer bloquent les décisions du camp adverse, volent des munitions et des victuailles, refusent d’accomplir les ordres de “l’ennemi”, cachent des informations sur les mouvements des troupes britanniques.
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Les relations entre les deux généraux se limitent à une correspondance qui est loin d’être amicale. Le Congrès et le haut commandement exigent que les troupes débarquent au Canada, alors que leurs officiers s’engagent dans des conflits personnels. Le président américain Madison se tient au courant de ces relations tendues, mais il ne fait rien. Le général Dearborn se contente d’exprimer ses regrets sur la situation dans une lettre adressée à van Rensselaer et à Smith.
Van Rensselaer choisit finalement les collines de Queenston (Queenston Heights) comme future place-d’armes, mais Smith refuse de lui envoyer ses 1800 hommes et annonce qu’il pense avancer près de Buffalo. Les Britanniques profitent de cette pause pour consolider leurs positions défensives dans la région du Niagara.
Van Rensselaer, de crainte que Smith ne le renverse dans une sorte de coup d’état, décide de ne plus attendre. Le 11 octobre 1812, ses troupes traversent la rivière Niagara pour s’en prendre aux Britanniques et aux Canadiens. La traversée fut épique.
Dans l’après-midi, 600 Britanniques arrivent en renfort. Maintenant, ils sont 800 contre mille Américains qui avaient débarqué. Le général Roger Hale Sheaffe dirige les défenseurs. Les Américains se rendent dans la soirée, toutes leurs munitions étant épuisées.
Au total, plus de cent Américains tués, 500 blessés et mille faits prisonniers. Les Britanniques et les Canadiens ont perdu 14 hommes, dont leur commandant Sir Isaac Brock, et 82 soldats reçurent les blessures.
Illustration : John David Kelly « Faites feu, volontaires! » Les dernières paroles de Brock. Peinture de 1896, image libre de droit.