La guerre et le Québec

Arsenal Fédéral

Arsenal Fédéral

Arsenal Fédéral

Le premier établissement gouvernemental spécialisé dans la fabrication de cartouches et d’obus, l’Arsenal fédéral a été fondé en 1882 à Québec. Cet établissement s’occupait également du contrôle de la qualité. Sa production a toujours été considérée comme stratégique et réglementée en conséquence.

En effet, l’entreprise produit des munitions militaires pour les besoins des forces armées canadiennes et ne peut vendre ce produit à d’autres clients sans la permission du gouvernement fédéral. Comme ce dernier aligne sa politique de gestion et d’achat sur les orientations politiques et les répartitions budgétaires du gouvernement du Canada, cela signifie que la production de l’Arsenal dépend en dernier ressort des politiques du pays. En fait, l’Arsenal apparaît encore plus largement tributaire des décisions du gouvernement fédéral puisqu’il appartient à l’État.

Jusqu’a la Première Guerre mondiale, l’Arsenal fédéral de Québec fut la seule entreprise à produire des munitions de type militaire au Canada. En 1914, l’Arsenal fédéral ne peut répondre à l’accroissement de la demande de munitions militaires de tous types. Devant la situation, Ottawa alloue des contrats de munitions à la plus importante entreprise privée de fabrications de munitions au Canada, la Dominion Cartridge Company of Brownsburg, et demande a l’Arsenal de fournir son assistance technique a toutes les compagnies privées intéressées à fabriquer des munitions. Ainsi, un deuxième arsenal a été construit à Lindsay, en Ontario. En septembre 1945, on procède à la fusion de ces établissements sous le nom des Arsenaux canadiens Limitée, société d’État qui relève maintenant du ministère des Approvisionnements et Services.

Du côté industriel, l’Arsenal fédéral, avec ses trois composantes situées sur la côte du Palais, à Québec, ainsi qu’à Saint-Malo et à Valcartier, a produit des milliards de cartouches, dont la plupart de 1940 à 1945, quand au cours de la Deuxième Guerre mondiale, le Ministère des Munitions et des approvisionnements bâtit ou convertit plusieurs installations en vue de la production de munitions de petit calibre ou d’obus d’artillerie. Grosso modo, au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’Arsenal fédéral occupe une place omniprésente à l’intérieur de la structure industrielle de Québec.

En fait, depuis 1881, les opérations à caractère dangereux (chargement des cartouches) s’effectuent sur les Plaines d’Abraham, mais dans les années 1930, le ministère de la Défense nationale décide de relocaliser l’ensemble des composantes de l’Arsenal à Valcartier.

Au début de 1939, la production de cartouches se chiffre a 750 mille par mois, soit 9 millions par année. Cependant, l’équipement, malgré ses améliorations, est jugé désuet par les militaires. Nonobstant, l’Arsenal de Valcartier peut assembler toutes ces cartouches des centaines de millions de cartouches annuellement.

À l’été 1939, il semble de plus en plus évident que la guerre est imminente en Europe. Il devient donc nécessaire d’envisager des solutions pour assurer aux troupes, canadiennes et alliées, un approvisionnement en cartouches. Conscient de l’importance vitale prise par les entreprises gouvernementales dans la fabrication des munitions, le ministère de la Défense nationale envisage de concentrer toute la production des cartouches à l’Arsenal de Québec et de Valcartier plutôt que d’offrir des contrats de munitions a des entreprises privées. Le 16 août 1939, le gouvernement décide de concentrer donc la fabrication des munitions de petit calibre à Québec et déménager certaines de ses operations aux Usines du Canadien National a Saint-Malo, ce qui implique l’amélioration des installations de Valcartier. Pour ce faire, on décide d’ajouter une division de remplissage des Fuze au coût de 100,000$.

L’Arsenal du quartier du Palais et les Usines de Saint-Malo produiraient les diverses composantes de la cartouche alors que l’Arsenal de Valcartier assemblerait ces dernières. En résumé, l’adoption de ce plan a permis de rationaliser et d’augmenter substantiellement la capacité de production de l’Arsenal fédéral.

Cette décision a eu une énorme importance pour l’économie urbaine de Québec. Elle a assuré une croissance soutenue et même effrénée de l’industrie des munitions, qui a permis à cette entreprise d’être la principale industrie à Québec de 1940 a 1945, et l’une des composantes les plus importantes du complexe militaro-industriel canadien. Cette croissance eut aussi pour conséquence de créer des milliers d’emplois à Québec.

D’ailleurs, la Seconde Guerre mondiale favorisa l’avènement massif des femmes dans les différentes industries de guerre, en particulier dans le domaine de l’inspection et de la fabrication des munitions. Les femmes forment la majorité de la main-d’œuvre, soit 8 000 des 14 000 employés.

Le ministère nouvellement créé des Munitions et des Approvisionnements insère, le 1er octobre 1940, les arsenaux fédéraux dans la division intitulée « Direction des arsenaux et de la production de munitions pour armes portatives ». L’organisation industrielle du travail est désormais intégrée a l’Arsenal fédéral de Québec. L’Arsenal de Lindsay envoie sa production de capsule de cuivre aux arsenaux de la cote du Palais et de Saint-Malo et ces derniers produisent des munitions de petit calibre qui sont chargées et assemblées a l’Arsenal de Valcartier avant d’être vérifiées au même endroit par le Bureau d’inspection du Royaume-Uni et du Canada. Mentionnons aussi que dans chacune des composantes de l’Arsenal, le travail est parcellarise et standardise.

Cette organisation scientifique du travail et la capacité de production accrue des arsenaux de Québec permettent a cette entreprise de produire durant la Seconde Guerre mondiale les munitions en quantité suffisante.

Outre la production des munitions de petit calibre, l’entreprise de Québec a produit durant la guerre, des munitions de gros calibre, des obus, des chargeurs, des amorces pour les douilles et diverses composantes pour les cartouches 20mm. fabriquées au York Arsenals de Toronto et au Dominion Rubber Munitions Ltd. du Cap-de-la-Madeleine.

Notons qu’en juillet 1939, les arsenaux de la cote du Palais et de Valcartier ne comptent que 608 employés dans leur rang. En 1940, l’expansion des arsenaux existants et l’inauguration officielle de celui de Saint-Malo permettent à l’entreprise d’effectuer un bond sans précédent au niveau de ses effectifs. Le total des employés se chiffre a 2 650 en décembre 1940, soit un taux de croissance pondère de 125%.

L’année 1941 est marquée par une accélération encore plus spectaculaire de la création de l’emploi à l’intérieur de cette entreprise. La main-d’œuvre double par rapport a l’année précédente et les effectifs affichent un taux de croissance de 92%. Le nombre d’employés pour l’ensemble des arsenaux de la région de Québec est de 7 124.

En 1944, la guerre s’achemine vers la fin et l’année 1944 est marquée par l’abolition de plus de 3 436 postes dans les trois arsenaux de la région de Quebec, soit un taux de décroissance pondère de -36%. Durant l’été 1945, une fois la guerre finie, on procède a des congédiements massifs dans les usines de munitions de Québec. Il resterait a peine 3 000 ouvriers aux arsenaux le 18 août 1945. C’est donc dire que la moitie des travailleurs encore engages par cette entreprise en avril 1945 avait déjà perdu leur emploi quelques mois après la fin de la guerre. L’administration de l’Arsenal fédéral continua de congédier des employés jusqu’à ce qu’elle ait atteint ses effectifs minimaux d’avant-guerre. Ce niveau fut atteint en 1947 alors que 219 employés travaillaient encore aux arsenaux de la cote du Palais et de Valcartier.

Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement fédéral décide de procéder à une réorganisation de l’Arsenal fédéral. Après moultes pressions, les autorités municipales achètent l’usine et procèdent à la création d’un parc industriel municipal. Par cette mesure, la Ville compte attirer des industries afin d’atténuer le chômage conjoncturel sans équivalent dans le reste du Canada. Les autorités municipales réussissent ce pari d’attirer de nouvelles industries, de créer de nouveaux emplois industriels et de diversifier et rééquilibrer sa structure industrielle.

usine de st malo

Usine de l’Arsenal fédéral de Saint-Malo. Photo : Nicholas Morant, publiée en avril 1942.

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7 Comments

  1. Lise Ledoux dit :

    Bonjour

    Ma mère a travaillé la quand mon père allait à la guerre.

  2. Suzanne Richard dit :

    Ma mère Marie-Rose Dastous et sa soeur Rita ont travaillé à l’arsenal de Saint-Malo dans les années 1941-1944. J’ai une belle grande photo des employés de l’arsenal durant ces années. J’ai aussi une photo de tante Rita avec trois collègues de travail: Cécile Côté, Marguerite Girard et Abella.
    « Vous pouvez m’écrire si vous avez connu ces personnes ».

    • larouche dit :

      j aimerais bien voi cette photo,je faus des recherches sur l usine de munitiin de st malo merci jacques larouche 418 271 4774

  3. Louis Pelletier dit :

    SAvez-vous ou était exactement situé l’arsenal St-Malo. Est-ce l’ancienne usine international harvester au coin du boul. charest et de la rue st-sacrement ? Ma famille vient de St-Saveur, St-Malo. Merci

  4. Pierre l'Africain dit :

    Je cherche info au sujet du village de nitro (pres de valleyfield)
    ou était situé l’usine des Arsenaux Canadiens a partir de 1940
    merci a l’avance.

  5. Gaston Guénette dit :

    Avez-vous quelques photos de l’usine de munitions de Brownsburg, celle qui a opéré au début des années 1940? Merci.

  6. Gaston Guénette dit :

    La photo ci-haut est celle de l’Usine de l’Arsenal fédéral de Saint-Malo. Photo : Nicholas Morant, publiée en avril 1942. En avez-vous de l’usine de Brownsburg?

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