L’ARMÉE SOLDE SES ARMES
Comme tout produit, les armes canadiennes ont une durée de vie limitée. Plusieurs perspectives s’offrent alors aux responsables militaires : détruire, recycler ou vendre. Une véritable vente aux enchères aura même lieu début mai (2008, note de GrandQuebec.com).
Stéphane WAFFO
«Le matériel excédentaire de guerre, y compris les navires de guerre, les avions de combat, les véhicules blindés, les armes, les munitions et autres articles du genre, indépendamment de leur état, peut être vendu ou transféré à un gouvernement étranger ami», explique Josée Houde, du bureau des affaires publiques de la défense nationale canadienne. C’est la direction des surplus, des ventes, des artefacts et des prêts (SVAP} qui établit les politiques et autres procédures pour l’aliénation et la vente d’équipement militaire. Elle administre les prêts d’équipement, gère les artefacts corporatifs et fournit les services de contrôle de distribution pour le musée des Forces canadiennes.
L’EXEMPLE D’UN CHAR D’ASSAUT
Une fois qu’un matériel est classé excédentaire, le bureau de Distribution des biens de la Couronne (DBC), un département du ministère des Travaux publics et des services gouvernementaux Canada prend le relais. Ils s’occupent «de l’achat et de la vente des matériaux de la Défense, tels les chars d’assaut et les armes à feu», souligne Mme Houde. Les ventes se font soit par appel d’offres, par vente publique ou par vente aux enchères.
Le réseau canadien d’encans indépendants ICAN s’occupe pour le compte du gouvernement du Canada de la vente des véhicules de soutien de type militaire et commercial – comme les Hummers.
ICAN a des succursales dans toutes les régions du Canada. Au Québec, la succursale Mainhem Montréal est basée à Saint-Eustache et s’occupe de vendre les nombreux 4×4 de l’armée. David Craig, gestionnaire des parcs commerciaux à Manhein, explique que l’entente signée entre le gouvernement du Canada et le réseau ICAN ne date que de quelques mois. La première vente au Québec aura lieu le 3 mai prochain (pour 2008) et une quarantaine de voitures proviendrait de l’armée. D s’agira de voitures nord-américaines, des utilitaires et quelques modèles de sport. La vente sera ouverte au public et comme dans tout encan, un prix de base sera fixé sur certains véhicules.
Sur le site Web des forces armées, on peut lire que le matériel de guerre encore fonctionnel, tel que les chars et les transporteurs de troupes blindés, «ne peuvent être vendus dans le secteur privé. Ils sont d’abord à vendre à titre de biens fonctionnels à d’autres gouvernements, aux forces de l’ordre et à d’autres organismes du genre.»
Ainsi, Scott Taylor, rédacteur en chef du magazine militaire canadien Esprit de Corps raconte que d’anciens avions chasseurs Lockheed F-104 Starfighter ont été vendus à la Turquie dans les années 1980. Autre anecdote de la même époque : Des hélicoptères jugés vétustes par les Forces armées, ont été vendus aux Pays-Bas qui leur ont redonné un coup de neuf. Aujourd’hui, ces mêmes hélicoptères sont loués par … le Canada. Tous les biens restants – non vendus seront démilitarisés et mis en vente en tant pièces de démonstration.
ARMES À FEU : LE CAS DE LA GRC
Comme tout autre corps utilisant des armes à feux, la Gendarmerie royale du Canada a mis en place une procédure spécifique: «lorsqu’un officier prend sa retraite, si son arme est en bon état de fonctionnement, elle est transférée à un autre, explique Elaine Lavergne, caporale et porte-parole à la GRC. En revanche, si l’arme est endommagée par l’eau, le feu ou un choc quelconque, «des tests sont faits sur l’arme et [… ] elle est alors mise en pièces et ensuite acheminée dans la fonderie.» Le métal extrait ne sert ensuite plus exclusivement à la fabrication d’autres armes puisqu’il est remis sur le marché. Pour les armes plus lourdes, comme celles utilisées par le SWAT – groupe d’intervention d’élite-, Madame Lavergne explique qu’il s’agit de la même procédure lorsqu’une arme n’est plus utilisable.
QUARTIER LIBRE. Volume 15, numéro 16, 23 avril 2008. Publié avec l’autorisation du journal.
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