Les premiers jours de la Deuxième guerre mondiale, comment voyait-on l’Allemagne: Allemands anxieux de leur sort
Les Allemands vivant au Canada veulent obtenir le titre de citoyen canadien afin d’éviter les camps de concentration – L’enrôlement des volontaires est actif
L’Allemand moyen ignore la carte morale du monde
Le petit boutiquier de Magdebourg ou de Stettin est plongé dans la stupeur par la propagande de Goebbels; il ignore qu’il a le monde contre lui
Le rôle prééminent des Dominions da la guerre déchaînée par Hitler, est mis en vedette par M. Robert D’Harcourt, professeur de l’Institut Catholique de Baris, et germaniste renommé, dans un article que publie « L’Epoque » sur la stupeur des masses allemandes.
« Quand le petit boutiquier de Magdebourg ou de Stettin saura comment se dessine de nouveau la carte morale de l’univers, quand il saura que, de nouveau, par delà de lointains océans, comme en 1914, d’immense Commonwealth Britannique se dresse au tocsin du péril, que les armes se fourbissent et luisent en Australie et ailleurs. Alors il sentira se resserrer autour de son coeur un cercle insupportable d’inquiétude. Au nom même de l’Angleterre s’attache une espèce de superstition qui met le malaise dans les esprits. On sait que l’Angleterre a pour tradition séculaire de gagner la dernière bataille. »
D’autre part, sur la foi de renseignements précis qui lui parviennent de l’Allemagne par la Hollande et la Suisse. M. D’Harcourt décrit l’espèce d’inhibition qui s’est emparé des masses allemandes : « Coupée par les soins de Goebbels, grand maître du blocus moral de toutes les communications avec les événements du monde, cette foule de quatre millions de Berlinois sur laquelle il y en a peut-être pas un millier qui connaisse l’état de la guerre générale, cette foule allemande saura un jour. Les premiers convois refluant vers l’arrière arriveront. Les pansements des blessés parleront. Inférieures aux totalitaires dans la guerre de l’ombre et dans le maniement du bluff ou du mensonge, les démocraties leur sont supérieures dans la guerre au plein jour. Associées à toutes les angoisses de leurs chefs dans les heures qui précèdent le drame, ils ont, à partir du moment où l’inévitable et l’irréparable s’est produit, cette force : savoir porter la vérité. La guerre est pour nous l’horreur, elle n’est pas la stupeur. » Dans la « Revue des Deux Mordes », la même auteur montre, par exemple, à l’Autriche, quel « Monstrueux régime de délation » constitue le troisième Reich. Vienne, ville de l’ennui et de la disette, d’espionnage organisé jusqu’au téléphone et la radio, l’enfant délateur de ses parents : le martyre de la nation catholique sous le régime néopaïen est analysé et décrit.
Mais Robert D’Harcourt conclut en soulignant le danger que font courir au Reich en guerre l’annexion de l’Autriche et de l’ancienne Tchécoslovaquie. En effet, c’est là que se manifesteront, en premier lieu, des éléments de dislocation. Car, selon l’expression recueillie de la bouche même d’un Allemand clairvoyant, « les corps étrangers sont t des corps explosifs. »
Pendant que des Canadiens s’enrôlent volontairement pour faire du service actif en territoire canadien, les étrangers, allemands et autres, se précipitent dans les bureaux fédéraux pour tenter d’obtenir leurs papiers de naturalisation.
Une dépêche de la Presse Canadienne envoyée de Montréal annonce aujourd’hui que les deux régiments de Montréal ont reçu durant les dix derniers jours, suffisamment d’applications pour former deux régiments complets. Dans la seule journée d’hier 400 jeunes gens se sont présentés pour prendre du service dans l’armée canadienne.
Les Allemands résidant au Canada sont mal à l’aise et ils veulent à tout prix obtenir le titre de citoyen canadien pour éviter un séjour dans un camp de concentration. Hier, à Montréal, une centaine de sujets d’Hitler ont envahi le bureau de naturalisation au vieux palais de justice et ont insisté pour obtenir leurs papiers. Malheureusement pour eux, la loi exige une enquête longue et difficile et la Gendarmerie royale en a suffisamment à faire par le temps qui court de sorte que les Allemands résidant au Canada courent le risque d’aller dans les camps de concentration.
Voir aussi :
