Immigration au Québec

L’immigration française

L’immigration française

L’immigration française au Canada

À titre documentaire et avec l’autorisation de M. Henry Mhun, nous publions ci-après de très larges extraits d’un article du Monde de Paris sur l’immigration française au Canada. L’article a paru le 5 janvier 1952 et seul le manque d’espace nous interdit de le reproduire en entier. M. Mhun est le correspondant du « Monde » à Montréal. Le titre ci-dessus est de nous, les sous titres sont du « Monde » :

Montréal, janvier. Le Canada apparaît comme une terre de prédilection. L’attrait de ce pays n’est au fond qu’une des manifestations de la sympathie et de l’estime qu’il suscite en France – et qu’il mérite largement..

Les Français « discutent » certains pays, mais pas le Canada. On se sent proche de lui. Modestement est sans bruit, il a joué son rôle pendant et après la guerre. Il ne nourrit aucune ambition expansionniste. À tort ou à raison on considère souvent qu’il serait à l’abri d’un éventuel conflit. Une industrialisation rapide et une mise en valeur très poussée le font préférer aux yeux de beaucoup, aux républiques sud-américaines.

Le « boom » des investissements européens dans la Confédération est un signe de cette faveur. À ces arguments, il faut ajouter l’attrait d’un niveau de vie plus élevé. Les Français se sentent plus proches de leurs « cousins du Québec » et pensent pouvoir s’adapter plus facilement qu’ailleurs dans cette vieille province de langue française.

Pour stimuler l’immigration des Français le gouvernement d’Ottawa a décidé voilà trois ans de les placer sur un pied d’égalité avec les Britanniques, qui bénéficient traditionnellement d’avantages spéciaux. Depuis une année environ on avance aux Français la presque totalité du coût du voyage, et ils n’ont au départ que 10,000 francs à payer s’ils se déclarent incapables d’assumer seuls leurs frais de déplacement. Le remboursement se fait dans un délai maximum de deux ans, par versements déduits du salaire.

Les services officiels canadiens ne font en France aucune propagande directe. On ne saurait dire toutefois des publications du ministère de la citoyenneté et de l’immigration qu’elles exposent objectivement les difficultés auxquelles fait face l’émigrant. Nous avons devant nous par exemple une brochure sur l’agriculture canadienne, attrayante et bien présentée, mais qui ne fait guère état du caractère saisonnier de l’agriculture – dû à la rigueur et à la longueur de l’hiver – et des conséquences qu’il entraîne, notamment sur le mode de vie, les occupations et le revenu du cultivateur.

Les nécessités d’un filtrage

En outre, le tri des candidatures et les discriminations d’ordre sanitaire, professionnel, social et moral, base du recrutement, donnent parfois des résultats discutables. Trop d’intellectuels, d’artistes, d’employés de commerce ou de bureau, etc., sont autorisés à partir alors qu’ils auraient dû être découragés. Leurs ressources (s’ils en ont) s’épuisent rapidement, et l’ambassade et les consulats français ne disposent pas de fonds pour les rapatrier. S’il s’agit d’un homme seul, il peut toujours subsister en acceptant n’importe quel travail, plongeur dans un restaurant, par exemple. Mais s’il est accompagné de sa famille, un tel salaire est insuffisant pour le faire vivre. Il convient de noter que beaucoup d’entre eux insistent pour partir et que la pratique des certificats fictifs d’hébergement ou de travail est moins rare qu’on peut le penser.

En dehors du bureau officiel d’immigration, les sociétés de transport, spécialement les deux grandes compagnies ferroviaires canadiennes, renseignent et font du recrutement indirect.

… Ce système de recrutement favorise naturellement une propagande « embellie ».

L’engouement des Français et les encouragements donnés du côté canadien aboutissent à ce résultat : l’immigration dépasse l’objectif fixé pour 1951. Et encore les immigrants auraient été plus nombreux si le gouvernement français les avait autorisé à emporter plus d’argent. Mais la limite de 200,000 francs en dollars et de 50,00 francs français est jugée insuffisante par l’émigrant « sérieux ».

paysage bucolique
Paysage bucolique. Photographie de GrandQuebec.com.

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