En 2014, le traditionnel défilé de la Saint-Jean à Montréal s’est déroulé sous une pluie battante. Même si la foule était clairsemée, il y avait du monde de bonne humeur un peu partout le long du cortège, et des parapluies aux couleurs du Québec. Les chars allégoriques se sont élancés vers 14 h 30 entre les rues Sherbrooke et la Place De Léry, à Montréal. Ironiquement, le premier élément du défilé était l’eau, pour se remémorer l’arrivée des Français après une grande traversée en bateau jusqu’à la Nouvelle-France, devenue plus tard le Québec.
Le défilé s’est terminé comme à l’accoutumée au parc Maisonneuve, où l’avant-spectacle de la Saint-Jean devait débuter vers 18 h 30, avec Les Étoiles du Métro.
Les origines de la Fête nationale du Québec remontent à des temps immémoriaux, où les peuples célébraient le solstice d’été. La coutume de cette fête païenne voulait qu’un grand feu de joie soit allumé afin de symboliser la lumière qui était à son apogée. Puis, en Europe, on a associé à cette fête Jean, le cousin de Jésus, surnommé « le baptiste », ayant le premier reconnu puis baptisé le Christ. Ainsi, on faisait le lien entre la lumière et saint Jean Baptiste.
Au Québec, en mars 1834, le journaliste Ludger Duvernay, George-Étienne Cartier et Louis-Victor Sicotte fondent la société « Aide-toi, le ciel t’aidera ». Duvernay développe alors l’idée de faire revivre une tradition interrompue depuis la Conquête, soit la célébration des fêtes de la Saint-Jean-Baptiste. Son but avoué est de doter le peuple canadien-français d’une fête nationale annuelle.
Le 24 juin 1834, Duvernay organise un banquet dans les jardins de l’avocat John McDonnell (futur site de la gare Windsor), afin, entre autres, de concrétiser son projet. Une soixantaine de personnes participent à ce banquet, dont les plus connues, outre les hôtes eux-mêmes, sont le maire de Montréal, Jacques Viger, Louis-Hippolyte Lafontaine, Thomas Brown, Édouard Rodier, George-Étienne Cartier et le Dr Edmund O’Callaghan.
Ce banquet est un véritable succès et les journaux encouragent les gens à fêter la « Saint-Jean-Baptiste » dans leur village à l’avenir afin de favoriser l’union des Canadiens-français. L’année suivante, les célébrations de la Fête nationale se répandent. En effet, on note des célébrations dans bon nombre de villages, dont Debartzch (aujourd’hui Rougemont), Saint-Denis, Saint-Eustache, Terrebonne et Berthier.
Le 9 juin 1843, Duvernay fonde l’Association Saint-Jean-Baptiste et invite publiquement la population à célébrer la fête nationale des Canadiens français, qu’il enrichit lui-même de la devise « Rendre le peuple meilleur ». C’est cette année-là à Montréal que s’est tient le premier défilé à grand déploiement. C’est donc de cette époque que datent nos célèbres défilés de la Saint-Jean.
La fête de la Saint-Jean était principalement célébrée à Montréal et à Québec, mais au fil des années, elle prit de l’ampleur dans plusieurs régions du Québec. On a dû toutefois attendre 1925 avant que la Saint-Jean ne devienne une fête officielle et soit déclarée, par la législature du Québec, comme étant un congé férié. Dès l’année suivante, et pour toutes celles qui suivront, cette journée devint l’occasion de se rassembler et de témoigner de la vitalité et de la richesse culturelles de la nation canadienne-française. C’est aussi à partir de ce moment que la Saint-Jean-Baptiste prit véritablement son envol et que l’on assista à des défilés dans plusieurs villes. Évidemment, dans un Québec extrêmement religieux, on ne pouvait dissocier la religion de cette fête. Le petit Saint-Jean-Baptiste, blond et frisé, avait sa place de choix dans les festivités, surtout dans les défilés.