L’art du bonsaï

L’art du bonsaï

L’art du bonsaï est plus qu’un savoir-faire. C’est une expérience unique qui se vit et se partage. L’horticulteur responsable de la collection de bonsaïs du Jardin botanique de Montréal décrit sa passion :

Qu’est-ce qu’un bonsaïste ? –  C’est quelqu’un qui cultive des arbres miniaturisés en pot, selon l’idéal esthétique japonais.

Qu’est-ce qui vous passionne dans l’art du bonsaï ? – Je me sens proche de ces arbres. Ils m’ont permis de développer un lien très particulier avec la nature, l’espace et le temps. Ça me fascine de penser que ces êtres vivants ont vu naître mes grands-parents et verront mourir mes petits-enfants. Il nous permettent aussi d’inverser le rapport de taille habituel : on peut contempler un pin dans son salon, de près, et sous tous les angles.

En quoi le Japon est-il une référence pour vous? – C’est une source d’inspiration sans fin ; j’y trouve mes mentors et j’étudie leur travail. Je suis profondément touché par l’esthétisme japonais : l’économie des moyens utilisés, le raffinement, l’utilisation du vide, la sobriété. C’est ce que j’essaie d’insuffler dans mon travail sur la collection de bonsaïs du Jardin japonais.

Qu’est-ce qu’un bonsaï réussi ? – Après plusieurs années de culture en pot, un bonsaï acquiert de la maturité. Sa forme est claire, ses branches sont bien ramifiées, les interventions humaines sont de moins en moins apparentes. Un bonsaï réussi évoque quelque chose de plus vaste que lui-même : une plaine, une montagne, la jeunesse et la vieillesse, le vent, le calme. C’est ici que l’on rejoint l’art. Le bonsaï doit susciter une émotion… Sans quoi, c’est raté !

Entre les mains du bonsaïste :

bonsai
Tailler les branches : En taillant fréquemment et de façon sélective, le bonsaïste obtient une structure toujours plus ramifiée. Il élimine continuellement les branches les plus grossières pour qu’elles soient remplacées par de plus délicates ; l’arbre reste dense et petit. Photo : © GrandQuebec.com.
bonsai
Ligaturer : On enroule un fil de cuivre ou d’aluminium autour du tronc et des branches pour orienter leur croissance, comme des broches en orthodontie. Le bonsaïste complète ainsi le modelage de l’arbre par la taille. Photo : © GrandQuebec.com.
bonsai jardin japonais
Haubaner : Les branches sont amenées dans la position voulue en posant des haubans – fils tendeurs – qui maintiennent la tension dans une seule direction. Contrairement à la ligature, les haubans peuvent être conservés plusieurs années sur l’arbre. Photo : © GrandQuebec.com.
art de bonsai
Pincer : En coupant l’extrémité d’un jeune rameau en croissance, on favorise sa ramification et on conserve la forme désirée. Il suffit de serrer les tissus de l’extrémité de la tige entre les ongles ou de les couper avec des ciseaux. Photo : © GrandQuebec.com.

Un géant dans un pot

Ce sont les techniques de culture particulières appliquées à un arbre normal qui en font un bonsaï. Le bonsaïste seélectionne d’abord un spécimen avec grand soin. Il se laisse ensuite inspirer par le caractère de l’arbre et le visualise une fois terminé : il a un plan en tête. Commence alors la grande aventure esthétique du bonsaï.

L’arbre est taillé, ligaturé et empoté. Puis, jour après jour, avec une infinie patience, l’horticulteur entreprend d’amener le bonsaï à son plus haut niveau de raffinement en structurant sa croissance et en renforçant ses atouts : mouvements du tronc, signes de l’âge ou branches maîtresses.

Au final, ce sont la taille des branches et des racines, le pinçage des pousses et la ligature qui auront permis de miniaturiser l’arbre. Les fleurs et les fruits, quant à eux, garderont toujours une taille normale. Toutefois, cette mise en forme ne serait rien sans l’entretien constant et attentif qui permet de maintenir l’arbre en santé : arrosage, fertilisation, taille et pinçage d’entretien, rempotage.

Le microcosme est ainsi équilibré. L’arbre s’épanouit dans toute sa splendeur.

Dans l’art du bonsaï, il existe des styles de base codifies et des variantes, issus de l’observation des arbres en milieu naturel. C’est l’espèce de l’arbre mais aussi le spécimen lui-même qui dicte le choix du style. Si le tronc principal est déjà sinueux et incliné, le choix d’une forme inclinée s’imposera naturellement.

Dans la présentation artistique d’un bonsaï, le pot n’est pas à négliger. La plupart du temps simple et discret, il est choisi avec attention afin de créer un ensemble harmonieux. Une plante accompagne souvent un bonsaï exposé. Son rôle? Mettre en valeur la beauté de l’arbre sans lui voler la vedette.

Admirer un bonsaï : En milieu naturel, l’escarpement et l’altitude comptent parmi les facteurs qui ont un impact majeur sur la forme des arbres. On reconnaît leur influence dans les formes suivantes : Kengai (cascade), Han kengai (semi-cascade), Shakan (inclinée), Moyogi (presque verticale), Chokkan (verticale), Kabudachi (bosquet), Sokan (tronc double), Yose-we (forêt).

bonsai arbustes
Beauté et forme sont au cœur de la démarche créative du bonsaïste. Observez ces arbres. Voyez-vous se dessiner des formes ? Photo : © GrandQuebec.com.
bonsai en foret
D’une manière générale, sobriété et dépouillement sont des règles d’or dans cet art sublime de bonsaï. Photo : © GrandQuebec.com.
bonsai de montreal
On dit parfois que plus un bonsaï est âgé, plus il a de valeur. En fait, il ne faut pas vouer toute votre admiration à l’âge des bonsaïs. Ce n’est pas leur plus grande qualité. Ce sont la forme, la beauté et l’émotion suscitée qui priment dans l’art de bonsaï. Même si leur âge vénérable inspire le plus grand respect. Photo : © GrandQuebec.com.
bonsai automne
Tous les bonsaïs sont-ils de bonnes plantes d’intérieur ? Attention ! Les bonsaïs, toutes espèces confondues, ont avantage à passer l’été à l’extérieur. Les bonsaïs d’espèces tropicales ou subtropicales qui sont placés au jardin pendant l’été doivent passer l’hiver à l’intérieur. En revanche, les bonsaïs d’espèces indigènes ou rustiques peuvent passer l’hiver à l’extérieur s’ils sont protégés. S’ils sont rentrés, ce doit être dans un endroit froid (entre 0 et 4 degrés Celsius). Photo : © GrandQuebec.com.
bonsai penjing
Le bonsaï n’est pas un arbre torturé ! : Loin de là, c’est un arbre choyée, comme en témoigne sa durée de vie. Lors d’opérations stressantes – la taille des racines, par exemple, le bonsaïste assure un suivi approprié pour que l’arbre se rétablisse rapidement. L’impressionnante ligature, quant à elle, ne blesse pas l’arbre. Le fil n’est pas maintenu en place trop longtemps afin de ne pas laisser de cicatrices permanentes. Un petit rappel : les plantes sont dépourvues de récepteurs de la douleur tels que les nôtres. Il n’est donc pas plus cruel de tailler un bonsaï que de tondre la pelouse. Photo : © GrandQuebec.com.
bonsaji jardin
Est-ce que certains bonsaïs sont prélevés en nature? Les premiers bonsaïs étaient des arbres naturellement nains prélevés dans la nature. La rudesse des éléments naturels (gel, vent, sol rocailleux et pauvre, air salin, etc.) s’était chargée de les nanifier. Aujourd’hui, les bonsaïs sont généralement issus d’arbres cultivés. Photo : © GrandQuebec.com.
bonsai en été
À la prochaine ! Photo : © GrandQuebec.com.
Tailler les racines : Lors du rempotage, le pain de racines est réduit du tiers et parfois de la moitié. Par cette action, à l’image du travail sur les branches, le bonsaïste veut obtenir plus de radicelles et moins de grosses racines. Pourquoi ? Ce sont les radicelles qui puisent l’eau et les éléments nutritifs, assurant ainsi la survie de l’arbre dans un petit volume de terreau. Photo : © GrandQuebec.com.
Tailler les racines : Lors du rempotage, le pain de racines est réduit du tiers et parfois de la moitié. Par cette action, à l’image du travail sur les branches, le bonsaïste veut obtenir plus de radicelles et moins de grosses racines. Pourquoi ? Ce sont les radicelles qui puisent l’eau et les éléments nutritifs, assurant ainsi la survie de l’arbre dans un petit volume de terreau. Photo : © GrandQuebec.com.

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