Îles-de-la-Madeleine

Îles de la Madeleine et la pêche

Îles de la Madeleine et la pêche

Îles de la Madeleine : Une économie tributaire de la pêche

La pêche à la morue et la chasse au loup marin procurent, jusqu’au milieu du siècle, l’essentiel des revenus des pêcheurs de l’archipel. Dans les années qui suivent, une première diversification dans les techniques et dans l’effort de pêche permet l’exploitation d’espèces auparavant négligées. Cependant, ce qui différencie le plus l’économie des îles de celle de communautés de pêcheurs du pourtour du golfe, c’est son potentiel agricole. L’élevage et la culture du sol permettent aux Madelinots d’atténuer l’emprise des marchands sur le budget familial. Par sa position, l’archipel est au centre d’une intense activité commerciale : la principale voie maritime qui relie le Canada à l’Europe et aux Antilles passe à proximité, et ses riches fonds de pêche attirent les marins néo-écossais, américains et français.

Pêcheurs avant tout

Aborder l’histoire des pêches aux Îles-de-la-Madeleine dans un texte qui doit tenir compte de tous les aspects de la vie des Madelintos, au fil des ans, n’est pas tâche facile. Cette histoire, qui s’inscrit dans celles des pêcheries de la façade atlantique de l’Amérique du Nord et de ses marchés en Europe, aux Antilles et en Amérique du Sud, a retenu l’attention de centaines de chercheurs, surtout de langue anglaise. Au Québec, des historiens aidés de sources de première main, comme les livres de comptes de marchands, ont pu montrer le fonctionnement de cette industrie, depuis les quais et les graves de la Gaspésie et de la Côte-Nord jusqu’aux consommateurs d’Italie ou d’ailleurs. Sur cette dimensions de l’économie et de la société madelinienne, les insulaires ne sont pas en reste : les témoignages, recherches et connaissances abondent. Il suffit de feuilleter la monumentale étude d’Aliette Geistdoerfer, “Pêcheurs acadiens, pêcheurs madelinots, pour s’en convaincre.”

Des années 1830 à 1870, la pêche demeure l’activité principale et le gagne-pain de presque tous les Madelinots. Les listes du recensement de 1871 illustrent à quel point le revenu familial dépend de la mer : autant les fermiers que les agriculteurs, le forgeron Eugène Boudreau, le charpentier James Aitkens d’aiglefins, de harengs et de maquereaux. Le recenseur compte 75 marins-pêcheurs sur 11 navires, 520 pêcheurs côtier et 237 graviers. Cette main-d’œuvre engagée dans l’effort de pêche totalise 832 hommes, un chiffre imposant si on le compare à la population masculine de seize ans et plus de l’archipel à la même date, soit 870 individus.

La morue constitue l’espèce la plus convoitée au XIXe siècle ; salée, séchée et mise en baril, elle bénéficie d’un large marché des deux cêtés de l’Atlantique. L’organisation de sa pêche façonne l’économie et la société madelinienne au sommet de laquelle on retrouve les commerçants. Aux premiers marchands originaires de la Nouvelle-Écosse s’ajoutent, au fil des décennies, un ou deux francophones locaux ; même si John LeBoutillier possède un entrepôt et plusieurs terrains à Havre-Aubert, les entrepreneurs jerseys sont, contrairement à ceux de la Gaspésie, presque absents des Îles. En fait, c’est surtout à Halifax que les marchands de l’archipel trouvent les grossistes qui les approvisionnement en agrès de pêche et en produits de consommation, et qui leur achètent la production annuelle de morue sèche.

(Tiré de l’Histoire des Îles de la Madeleine, par Jean-Charles Fortin et Paul Larocque, collection Les Régions du Québec, institut québécois de recherche sur la culture, les Presses de l’Université Laval, 2003).

J’ai rêvé l’archipel parfumé, montagneux,/ Perdu dans une mer inconnue et profonde/ Un temple ambré, le ciel bleu, des cariatides. / Des bois mystérieux ; un peu plus loin, la mer… / Une cariatide eut un regard amer / Et dit : C’est ennuyeux de vivre en ces temps vides.Charles Cros Collier de griffes. Photographie par Megan Jorgensen.
J’ai rêvé l’archipel parfumé, montagneux,/ Perdu dans une mer inconnue et profonde/ Un temple ambré, le ciel bleu, des cariatides. / Des bois mystérieux ; un peu plus loin, la mer… / Une cariatide eut un regard amer / Et dit : C’est ennuyeux de vivre en ces temps vides.Charles Cros Collier de griffes. Photographie par Megan Jorgensen.

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