
Les voyages présentaient de grandes difficultés à l’époque de Samuel de Champlain
À l’heure où a Voie maritime du St-Laurent va livrer passage à de lourds transatlantiques jusqu’au cœur même du continent et va faire des ports de mer de cités aussi éloignées que 2.500 milles à l’intérieur des terres, il est asset amusant de se rappeler qu’au début de la colonie, il y a tout juste 350 ans, les navigateurs jetaient l’ancre à Tadoussac de peur que les vaisseaux fragiles de l’époque ne touchent le fond en s’avançant plus profondément dans l’estuaire.
Naturellement à l’époque, on ne savait que penser de la profondeur du fleuve. La mer encore, avec ses espaces illimités, paraissait plus sûre. Il fallait donc à ces premiers explorateurs d’un continent neuf, descendre à l’embouchure du Saguenay, transborder tous les bagages dans des barques et franchir en canot la distance encore longue qui les séparait de l’Abitation, la résidence de M. de Cham plain avait fait enger sur les hauteurs du Cap Diamant.
Ainsi même avant d’arriver au seul poste alors établi en Nouvelle-France, des difficultés grandes attendaient les voyageurs. Alors qu’en France, des courriers rapides vous transportaient d’un lieu à on autre dans des carrosses confortables, il fallait ici emprunter de légères embarcations d écorce et affronter toutes les furies du fleuve fouettée par le vent et les tempêtes. Car si la surface à peine ridée du fleuve attire encore les excursionnistes, il ne faut pas croire qu’il en était toujours ainsi et les longs voyages projetées à l’intérieur du pays nécessitaient des haltes, sinon des précautions et des retards inévitables. On empruntait donc l’arrière fluviale comme la voie la plus directe.
Los longues randonnées en forêt n’étaient pas trop recommandées en raison des fatigues de la marche dans des territoires encore inconnus et des rencontres peu rassurantes auxquelles on s exposait, soit avec des tribus ennemies ou des spécimens de la faune qui vous taisaient presser le doigt sur la gâchette.
L’hiver, il fallait bien se résoudre à des séjours prolonges à l’intérieur des tons. Ou bien, lorsque d’aventure, une expédition pressait on chaussait les raquettes, et on faisait ainsi de longues marches sous bois. Pas un Européen n’était habitue à mode de déplacement et bien peu n’égalait l’endurance des sauvages.
Ces difficultés n’ébranlèrent pas le courage de nos premiers pionniers et toute l’histoire des débuts de la colonie est tisser des récits de leurs explorations.
Champlain et les missionnaires ne faillirent pas à leur tâche. Ils désiraient avant tout évangéliser ces peuplades du Nouveau Monde qui ignoraient Dieu.
Ayant résolu de faire sur place l’une étude attentive des dispositions religieuses de ces barbares, ils devaient les visiter, vivre au milieu d’eux et rapporter ensuite chacun de leur côte des impressions afin d’aviser ensuite des moyens de les christianiser.
Champlain ne pouvait en outre échapper à la promesse plusieurs fois réitérée d’accompagner les Hurons dans leurs guerres contre les Iroquois.
Il y allait de son honneur comme de la sécurité de ses compatriotes.
Expéditions exténuantes
La lecture d’un passage du livre de N.-E. Dionne sur les voyages de Champlain, donnera une idée des difficultés des communications. On verra combien leur eut été utile un véhicule comme l’hélicoptère.
Une première escarmouche avait eu lieu entre Hurons et Iroquois à laquelle avaient participé quelques Français. Champlain naturellement, était du nombre et avait reçu deux fléchés dans la jambe
Mais lisons plutôt l’auteur: « L’heure de la retraite ayant sonné, l’on se mit donc en route, chacun s’occupant de ses Messes. Les sauvages avalent cela de bon qu’ils prenaient un grand soin des vieillards, des malades ou des impotents.
Durant la marche, les guerriers les plus robustes se plaçaient à l’avant-garde sur les ailes et en arrière de la troupe, et formaient ainsi autour du corps des invalides un rempart contre toute invasion extérieure.
« Champlain qui souffrait beaucoup de sa double blessure, dut se laisser garrotter dans une espèce de hotte que les sauvages portaient à tour de rôle. Ainsi ficelé, comme un enfant au maillot, le fondateur de Québec laisse connaître toutes les tortures qu’il eut à endurer « Je le plus bien dire avec vérité, écrit Champlain, ayant été porté quelques jours, d’autant que je ne pouvais me soutenir principalement à cause du coup de flèche que j’avais reçu au genou car jamais je ne m’étais vu en pareille géhenne, durant ce temps, car la douleur que j’endurais à cause de la blessure de mon genou n’était rien au prix de celle que je supportais lié et garrotté sur le dos de l’un de nos sauvages : ce qui me faisait perdre patience, et qui fit qu’aussitôt que je pus avoir la force de me soutenir, je sortis de cette prison, ou a mieux dire de la géhenne ».
« De la ville iroquoise au rivage du lac des Entouoronons ou les canots avaient été laisses, la distance a parcourir était de trente lieues d’environ 80 milles). Le lendemain du départ, 13 octobre, il tomba une neige abondante qui rendit la marche plus pénible et incommoda les blessés, surtout à cause du froid.
Arrivé au lieu de rembarquement, Champlain demanda un canot et des rameurs pour se rendre à Québec ; c’était l’une des conditions acceptées par les sauvages, qu’aussitôt la guerre finie, ils le reconduiraient chez lui. Mais, comme ce départ n’aurait pas fait leur affaire, ils suscitèrent toutes sortes d’embarras pour l’empêcher. Lorsque les hommes furent engagés pour le voyage, il ne se trouvait pas de canot disponible, chacune ayant besoin du sien. Champlain, qui connaissait leurs trucs, comprit qu’ils ne se souciaient pas de se séparer de lui, soit par crainte des Iroquois, soit pour délibérer au retour sur leur conduite future. Il résolut donc, a contrecœur, d’hiverner au milieu des Arendaronons chez l’un de leurs principaux chefs, nommé Darental.
Champlain ne profita que pendant quelques jours de l’hospitalité de son hôte. Comme c’était la saison de la chasse: les sauvages partirent chacun de leur côte, les uns allant à la traque des ours ou des cerfs et les autres à la poursuite des castors, suivant le genre de prise qui leur agréait le mieux. Champlain accompagna son hôte à la chasse des cerfs, la plus noble de toutes, au témoignage des Indiens.
Il était facile de s’égarer
« Ce fut pendant cette course à travers les forêts que Champlain s’étant mis en frais d’abattre un oiseau rare, perdit de vue ses compagnons, et s’écarta si bien, à force de courir de côté et d’autre, qu’il lui fallut trois jours pour retrouver le camp d’où il était parti.
Les sauvages l’avaient vainement cherché durant l’intervalle et lorsqu’ils l’aperçurent, ils commençaient à craindre sérieusement pour sa vie.
« Le retour a Cahiague fut on ne peut plus pénible. Il fallut traverser de vastes sapinières, sillonnées de ruisseaux et parsemées de marais recouverts d’une légère couche de glace, trop peu résistante pour supporter le poids des chasseurs dont, les épaulés étaient chargées de lourds fardeaux
Après dix-neuf jours de cette marche, ils atteignirent enfin le terme de leur course. Parus le 4 décembre, ils arrivèrent a Cahiagué le 23. Ce fut durant cet hiver de 1616 que Champlain visita différentes tribus sauvages du pays.
Un autre trait des difficultés de communications éprouvées par les fondateurs de Nouvelle-France, nous est rapporte dans les pages suivantes du livre de Dionne
Champlain songeait donc à rentrer le plus tôt possible à Québec. « Mais pour cela, il lui fallait attendre la fonte des glaces, et réunir tous les Français éparpillés un peu partout. Ce ne fut que le 20 mai que l’on put enfin se mettre en route pour Québec. Le voyage jusqu’au saut Saint-Louis dura quarante jours. Après une halte d’un peu plies d’une semaine les Français descendirent le fleuve s’arrêtant aux Trois-Rivières pour en ramener le Père d’Olbeau. On aperçut Québec, le 11 juillet.
Périls de la mer
Cette année-là, la petite colonie établie â Québec allait voir passer sa population de 15 a 50 âmes. Mais la traversée de Louis Hebert qui se trouvait parmi les nouveaux arrivants, n’allait pas être
sans péril.
« Le navire commande par le capitaine Morel quitta la rade d’Honfleur, le 11 avril 1617. La traversée de l’océan fut longue et orageuse., écrit Dionne.
À soixante lieues du grand banc de Terre-Neuve, des montagnes de glace entourèrent le vaisseau, menaçant de le broyer comme une coquille Grande aussi fut l’alarme parmi l’équipage.
« Dans la consternation, rapporte le Père le Clercq, le Père Joseph voyant que tout secours humain n’était point capable de le délivrer du naufrage, demanda très instamment celui du Ciel par les vœux et prières qu’il fit publiquement sur if vaisseau.
Il confessa tout le monde et se mit lui-même en état de paraître devant Dieu. On fut touché de compassion et sensiblement attendri quand la dame Hébert éleva pur les écoutilles le plus petit de ses enfants, afin qu’il reçut ainsi bien que les autres la bénédiction de ce bon Père.

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