Comment voyageaient nos gouverneurs
(D’après P. G. Roy)
«…En Nouvelle-France, les gouverneurs habitaient Québec, mais, à partir de 1730 ou 1735, ils vivaient à Montréal de janvier aux premiers jours de l’été. Ils étaient retenus là pour choisir les commandants des postes, accorder des congés, recevoir les chefs sauvages, etc., etc.
Le voyage de Québec à Montréal du gouverneur général en hiver était, en petit, le voyage du roi de France de Paris à Marly. Tous les favoris y étaient conviés. Il suffit de lire les Mémoires de l’ingénieur Franquet qui fit le voyage de la capitale à la métropole dans l’hiver 1753 avec le gouverneur Duquesne, pour avoir une idée des dépenses folles qu’occasionnaient ces randonnées.
C’est le roi qui payait tout ce gaspillage. Lorsque le gouverneur se déplaçait en hiver, une vingtaine d’officiers l’accompagnaient. Ses domestiques et ses marmitons le suivaient avec bon nombre de soldats. De plus, comme il fallait mettre les chemins en bon état pour le cortège qui comprenait parfois dix ou quinze carrioles, on commandait dans toutes les paroisses échelonnées le long de la route des corvées de plusieurs douzaines d’habitants pour abattre les bancs de neige et tenir les chemins en ordre.
L’intendant, de son côté, voyageait avec autant d’ostentation que le gouverneur. Nous avons des relations de voyages faits par Bigot et ses favoris de Québec à Montréal en hiver et en été. Pendant cette dernière saison, les voyages se faisaient plutôt par eau. Bigot, qui faisait payer toutes ses dépenses par le roi, amenait avec lui parfois quinze ou vingt invités. Ces dépenses folles finirent avec la chute de Québec en 1759.»