Histoire du Québec

Visite du président de Gaulle

Visite du président de Gaulle

La visite au Québec du général de Gaulle

En septembre 1966, le premier ministre du Québec, Daniel Johnson, invite le président de la République française, le général Charles de Gaulle, à venir au Québec dans le cadre de l’Exposition universelle de Montréal de 1967 (EXPO-67).

En février 1967, la France répond favorablement à cette invitation. Le 18 mai 1967, Daniel Johnson est reçu en France par de Gaulle, ce dernier confirmant sa visite et le soutien de la France à la démarche de Johnson pour modifier la constitution canadienne afin de donner plus de pouvoir au Québec.

Le 15 juillet 1967, le général de Gaulle embarque à Brest à bord du croiseur Colbert, et le dimanche 23 juillet, la délégation débarque à l’Anse-aux-Foulons, à Québec. Deux drapeaux: le français et le québécois, sont dressés sur le mât du navire.

Sur le quai, le président français est attendu par le gouverneur général du Canada, Roland Michener, et par le premier ministre du Québec, Daniel Johnson.

La première étape est une visite à l’Hôtel de ville, où le président de la république française est accueilli avec enthousiasme par la foule.

C’est à l’Hôtel de ville de Québec que de Gaulle déclare: «…Toute la France, en ce moment, regarde par ici. Elle vous voit. Elle vous entend. Elle vous aime…». Puis, le président assiste à une messe à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, dite par l’archevêque de Québec, Maurice Roy.

Après la messe, le président et le premier ministre du Québec dînent au Château Frontenac et participent à une réception officielle du gouvernement du Québec au Petit Cap, un immeuble du Séminaire de Québec.

Le matin du 24 juillet 1967, le cortège présidentiel emprunte le Chemin du Roy (la route 138) pour rejoindre Montréal. Au cours du trajet, de Gaulle, qui voyage à bord d’une limousine Lincoln Continentale, s’arrête dans six villes, notamment à Donnacona, Sainte-Anne-de-la-Pérade, Trois-Rivières et Louiseville.

À 19 heures 30, le cortège arrive à l’Hôtel de ville de Montréal avec un peu de retard, et il est accueilli par le maire Jean Drapeau. Selon le protocole, de Gaulle saluera la foule du balcon, mais aucun discours n’est prévu. Le président demande tout de même la permission de dire quelques mots, et Jean Drapeau, en qualité d’hôte, accède à sa demande. Plus de 15 mille personnes sont rassemblées sur la place Jacques-Cartier.

Dans son discours, le président dit, entre autres choses: «Ce soir ici, et tout au long de ma route, je me trouvais dans une atmosphère du même genre que celle de la Libération…»

De Gaulle fait l’éloge des réussites québécoises, il souligne le rapprochement entre la France et le Québec et termine par le fameux «Vive le Québec libre !», avant d’enchaîner avec Vive le Canada français ! Et vive la France !.

Ce slogan est perçu comme un soutien à la cause indépendantiste et déchaîne l’enthousiasme d’une partie de l’assistance. Certains analystes estiment d’ailleurs que ce discours a été l’un des facteurs qui ont poussé les indépendantistes à fonder l’année suivante le Parti québécois, dirigé par René Lévesque.

Le lendemain, de Gaulle visite l’Expo-67, la Terre des Hommes. Le 26 juillet 1967, le général déclare que sa visite à Ottawa est annulée et il repart pour la France à bord de l’appareil présidentiel DC-8.

Une tension diplomatique entre la France et le Canada s’ensuit. Le gouvernement canadien manifeste sa surprise face aux propos tenus par le président français. Lester B. Pearson, premier ministre du Canada, considère ces propos comme un affront, ce qui a entraîné l’annulation de la visite que devait faire le général à Ottawa, et son départ précipité pour la France.

Pour atténuer la tension, certains médias affirment que «le Québec libre» ne porte d’autre signification que «la liberté de la personne», définie dans toutes les chartes des droits et constitutions.

Cependant, lors d’une conférence de presse le 27 novembre 1967, de Gaulle déclare: « Que le Québec soit libre c’est, en effet, ce dont il s’agit. Cela aboutira forcément, à mon avis, à l’avènement du Québec au rang d’un État souverain, maître de son existence nationale, comme le sont par le monde tant et tant d’autres peuples, tant et tant d’autres États, qui ne sont pas pourtant si valables, ni même si peuplés, que ne le serait celui-là. »

De nos jours, les experts ne s’entendent toujours pas sur le caractère prémédité ou non du discours du général. En fait, les relations entre le Canada et la France ne s’amélioreront qu’après la démission de Charles de Gaulle en 1969, et seront longtemps marquées par ce discours.

Au Québec, l’ancien premier ministre Jean Lesage accuse Daniel Johnson d’avoir recommandé à de Gaulle de tenir des «propos séparatistes». Le 3 août 1967, le député François Aquin se dissocie du parti libéral et se déclare premier député indépendantiste. Un mois plus tard, René Lévesque quitte à son tour le Parti libéral pour fonder le Mouvement Souveraineté – Association. Un an plus tard, le MSA devient le Parti québécois.

chateau frontenac

Le Château Frontenac vu depuis la terrasse Dufferin, où dinèrent les deux leaders. Photo : © GrandQuébec.com.

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