Villes fermées, villes de papier du Québec
Au début des années 1900, William et James Clarke, copropriétaires d’une maison d’édition de publications à gros tirages, sont à la recherche de papier.
Ils se rendent dans la Côte–Nord afin de s’approvisionner. Ils achètent des terres et y font construire une usine de transformation. Ayant besoin d’une source d’énergie, ils font aussi édifier un barrage hydroélectrique.
La réalisation de ce vaste projet a nécessité l’association avec des hommes d’affaires anglais. L’Anglo-Canadian Pulp and Paper company est donc créée.
Clarke-City est une ville modèle sans précédent. Dans la ville, tout est propriété de la compagnie: l’hôpital, l’école, l’église, les maisons des employés et l’hôtel. Même la prison, aménagée dans les caves de l’hôtel, appartient à la compagnie.
La jeune ville attire de nombreux travailleurs, pour qui l’ensemble des services fournis gratuitement constitue un grand attrait. Même l’électricité est gratuite.
À partir de 1920, à la demande du gouvernement fédéral, la famille Clarke assure le transport maritime de la région.
Plus tard, un autre éditeur de journaux, Robert Rutherford McCormick, propriétaire du Chicago Tribune, créé une ville semblable à Shelter-Bay, devenue aujourd’hui Port-Cartier.
Avec le papier produit ici, il lance le New York Daily News en 1921. Le succès de l’entreprise l’oblige à investir dans d’autres villes en bordure de la rivière Manicouagan. Dès 1930, McCormick fait construire la ville de Baie-Comeau, dont l’image moderne, le centre commercial et l’aéroport constituent une petite révolution.
En 1955, un charcutier décide d’ouvrir sa propre boutique à Franquelin, une de ces villes fermées, malgré l’interdiction de l’Ontario Paper qui est propriétaire de la ville.
La compagnie, pour éviter le scandale, retire sa plainte. Cette affaire marque la fin de l’époque des villes fermées.
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