La grève de Valleyfield

La grève de Valleyfield

Le 1er octobre 1900, les journaliers de la filature de Valleyfield, appartenant à la Montréal Cotton Co., se mettent en grève afin d’obtenir une augmentation de leurs salaires. La compagnie ne réagit guère. Réalisant que leur grève s’éterniserait si rien n’est fait pour modifier les conditions du conflit, les grévistes bloquent, le 25 octobre 1900, l’accès à l’usine pour les ouvriers non-grévistes, ainsi que les arrivages de houille, essentielle au fonctionnement de l’entreprise.

Conscient du fait que l’usine assure un emploi à quelque 3000 personnes, et que par conséquent tout arrêt de travail prolongé pourrait entraîner de sérieux incidents, le maire Langevin décide en début d’après-midi d’appeler l’armée au secours.

À 14 h, un premier train spécial quitte la gare Bonaventure avec 113 hommes de troupe à son bord.

La situation se gâte réellement vers 19 h, au moment où les hommes de troupe descendent la rue Dufferin en provenance de l’hôtel Queen’s, où elles avaient pris leur souper. À ce moment-là, une foule de plusieurs centaines de personnes bloquent le pont donnant accès à la filature.

Ayant reçu l’ordre de disperser la foule, les soldats s’avancent en rangs serrés, baïonnette au canon. Ils sont accueillis par une nuée de pierres qui blessent neuf soldats. Le moment de surprise passé, la riposte ne tarde pas et des coups de feu éclatent dans les deux camps.

Les soldats reprennent le contrôle de la situation, mais il est évident qu’elle risque de s’envenimer, vu l’insuffisance des hommes de troupe pour ramener le calme au sein de la population. La décision est donc prise de demander des renforts.

Le calme ne devait être rétabli qu’avec l’arrivée de 250 soldats, dont 45 cavaliers-hussards munis d’un canon. Ces renforts arrivent dans la nuit du 25 au 26 octobre à bord d’un train spécial qui avait quitté la gare Bonaventure à 1 h 20. La décision des autorités municipales de fermer tous les débits de boisson tant que la paix ne serait pas revenue devait également contribuer au retour au calme.

Heureusement, le combat ne fit qu’une quinzaine de blessés. Toutefois, ce fut l’un des plus graves conflits ouvriers de cette époque au Québec.

Cotton mills
Montréal Cotton Mills à Salaberry-de-Valleyfield vers 1900, photo de l’époque, libre de droit.

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