Nos trésors artistiques

Nos trésors artistiques

Gérard Morisset, de la Société Royale du Canada.

Dès le temps héroïque de Champlain, la Nouvelle-France se met à amasser des trésors artistiques. Dans la modeste chapelle qui s’élève à Québec peu de temps après l’« Abitation », il y a des tableaux et des gravures, des tentures pieuses et des pièces d’orfèvrerie. Mais dès la même époque apparaissent les deux sinistres ennemis de nos œuvres d’art, le feu et les restaurateurs; et pendant plus de trois cents ans, l’un et les autres joueront leur partie de massacre avec une régularité déconcertante.

Dans une société religieuse comme l’est la Nouvelle-France, à son origine, les objets d’art servent presque tous au culte ou au décor des églises. Ce sont des calices et des ciboires, des ostensoirs et des chandeliers, des peintures et des tabernacles, des encensoirs et des lampes, de la chasublerie et de la gravure édifiante. Pendant tout le XVIIe siècle, ces objets viennent de France et sont le fruit de la générosité de bienfaiteurs de goût. La duchesse d’Aiguillon expédie à l’Hôtel-Dieu qu’elle vient de fonder des tableautins acquis à la vente de l’atelier Rubens; Denncmarche, orfèvre juré de Paris, envoie à la même institution de luxueuses pièces d’argenterie et des tentures de haute lice de l’École flamande ; le chapitre de la cathédrale de Chartres dote les Hurons de Lorette de riches reliquaires d’argent faits en forme de chemisette ; le roi de France et madame de Maintenon prodiguent leurs présents de calices et de croix, de statuettes et d’ostensoirs d’argent, de chasubles et de chapes, à Notre-Dame de Québec, au Séminaire, aux Ursulines, à l’évêque, aux missions indiennes de la Montagne, de la Prairie de la Madeleine et de la Pointe-à-Pizeau ; des échevins de Paris et de riches patronnesses anonymes comblent les hôpitaux et les couvents d’œuvres d’art diverses. Et celles-ci sont très souvent les ouvrages parfaits des artisans les plus habiles de Paris et de province.

Toutes ces œuvres d’art ne sont pas parvenues jusqu’à nous. Une peinture de Raphaël a péri dans le sinistre de l’Hôtel-Dieu de Québec en 1755; le portrait de madame de Bullion et tous les effets de Jeanne Mance ont péri en 1695; de nombreuses pièces d’orfèvrerie ont disparu ou ont pris le chemin de l’étranger; la chasublerie de l’époque a été renouvelée; des peintures se sont abîmées entièrement sous des couches de suie ou se sont évanouies en fumée; des meubles ont changé à la fois de destination et de formes. Tout de même, il nous reste nombre d’œuvres d’art de l’époque Louis XIV. Pour peu qu’on visite les couvents de Québec, de Montréal et des Trois-Rivières et les réserves indiennes d’Oka et de Lorette, d’Odanak et de Caughnawaga, on s’émerveille d’apercevoir un crucifix ou une lampe d’Alexis Loir, un calice en vermeil ou un reliquaire d’argent du grand orfèvre chartrain Thomas Mahon, des peintures altières et sombres de l’École parisienne, des fauteuils recouverts de tapisserie d’Aubusson ou des Gobelins, des tabernacles en chêne d’un style digne de Versailles, de menus objets d’or, d’argent ou d’étain fin qui accusent le goût du Grand Siècle pour les formes nobles et pleines.

Sous l’initiative de Jean Talon et de François de Laval, des artisans et des artistes arrivent au pays dans le troisième tiers du siècle. Le frère Luc peint des toiles édifiantes pour des églises de la région de Québec ; les sculpteurs Denys Mallet et Jacques Leblond façonnent des tabernacles et des retables pour les églises de Québec et de la côte de Beaupré ; des religieuses se livrent à la chasublerie ; des ferronniers ouvrent le fer et le cuivre. A la fin du Grand Siècle, la Nouvelle-France est à la veille de se suffire à elle-même.

C’est dans la première moitié du XVIIIe siècle que se constituent en somme les trésors de nos vieilles paroisses. En moins de cinquante ans, les élégants clochers de charpente sommés d’un coq d’or s’élèvent à des intervalles presque réguliers sur les rives du Saint-Laurent.

Et à cause de la grande prospérité de la colonie, la sculpture sur bois peint et doré, les tableaux et les statues, les crucifix d’ivoire et les vases d’argent s’accumulent dans les églises et les sacristies. Les crucifix d’ivoire et quelques vases liturgiques viennent encore de France ; mais la sculpture décorative, les tableaux et les vases d’argent pas trop compliqués sont façonnés au pays par les laborieux artisans dont les noms commencent à nous devenir familiers : Noël Levasseur et ses fils, Jean Valin et Charles Vézina, Paul Jourdain et Charles Chaboillez, Gilles Bolvin, Paul Lambert, et Jacques Page, Jacques Gadois et Jean-François Landron, Michel Cotton et Joseph Maillou, Michel Dessaillant et le récollet François Brékenmacher, Paul Beaucourt…

Après le traité de Paris, la minuscule nation éprouvée par la guerre ne se laisse pas aller à gémir; elle se remet au travail et, à force de labeur intelligent et de consciente sensibilité, elle en arrive à s’exprimer fortement, elle se forge un style plein de saveur avec l’esprit du roman d’autrefois et des éléments Louis XIV et Louis XVI. C’est l’âge d’or de l’artisanat en Nouvelle-France. C’est l’époque de la simplicité la plus aimable, de la richesse décorative la plus éloquente et la plus saine, de la singularité la plus légitime, des formes les plus denses et les plus expressives. Philippe Liébert et Louis Quévillon, Pierre Émond et les Baillairgé, François Ranvoyzé et Laurent Amyot, Jacques Varin et Pierre Huguet, François Normand et Amable Gauthier, Louis Dulongpré et Chrétien de Heer prodiguent leurs ouvrages dans les églises et les maisons bourgeoises et communiquent en quelques années à l’École canadienne sa physionomie d’École provinciale française. Mais les cent vingt-cinq paroisses du début du XVIIIe siècle ne sont plus les seules à s’enrichir d’œuvres d’art du cru. De nouvelles paroisses s’ouvrent au bout des concessions primitives; de nouveaux trésors se forment au gré des prospérités locales; le luxe décoratif s’étend sur le pays, comme les formules inédites et caractéristiques du langage, l’esprit particulier des habitants, leurs coutumes personnelles et logiques. Jusqu’aux environs de 1840, le territoire s’organise sur les mêmes bases artisanales et s’enrichit d’œuvres d’art de même tenue, dont les formes évoluent lentement vers une sorte de perfection paysanne.

Arrêtons-nous un instant à ce moment. En somme, les trésors artistiques de cette époque ont entre eux une parenté évidente. Qu’il s’agisse des objets d’art domestique qui garnissent la maison d’un riche bourgeois, ou des meubles et des vases qui servent au culte dans une église de ville ou de campagne, on y trouve des œuvres d’art d’origine française et beaucoup d’œuvres de fabrication canadienne – dans une proportion d’un à dix. Aux Écureuils, à Sainte-Croix et à Saint-Pierre de Montmagny, c’est le sculpteur Jean Valin qui est le mieux représenté; à Lachenaie, à Boucherville et aux Trois-Rivières, c’est Gilles Bolvin ; à la Pocatièrc, à Maskinongé et à Sainte-Marie-de la Beauce, à Notre-Dame de Québec aussi, ce sont les Baillairgé ; à Saint-Augustin, à la Sainte-Famille (île d’Orléans), à l’Île-aux-Coudres, ce sont des sculpteurs montréalais, Olivier Dugal et Louis Basile David; à Vaudreuil, à Sainte-Rose et à l’Assomption, c’est Philippe Liébert; à Saint-Grégoire (Nicolet), à la Rivière-du-Loup-en-Haut et à Contrecœur, c’est Urbain Brien dit Desrochers; à Saint-Roch de-l’Achigan, c’est Joseph Pépin, à Saint-Mathias, c’est toute la tribu de Saint-Vincent-de-Paul; et quant à Louis Quévillon, son ambition et son initiative lui ont permis d’étendre le champ de son activité à presque toutes les églises et chapelles où il y avait encore quelque meuble à sculpter ou quelque ornement à parfaire.

Dans l’orfèvrerie, la même remarque s’impose pour les deux premiers tiers du XVIIIe siècle. Jacques Page, Paul Lambert, Jean-François Landron, Jean-Baptiste Maisonbassc, Ignace-François Delezenne, Michel Cotton, Joseph Maillou et Roland Paradis se partagent, irrégulièrement d’ailleurs, la clientèle religieuse et domestique de la Nouvelle-France. Mais après 17G0, tandis qu’un grand nombre de nos orfèvres se livrent à l’argenterie qui sert de troc dans la traite des fourrures, François Ranvoyzé d’abord, puis Laurent Amyot et Pierre Huguet se spécialisent dans l’orfèvrerie religieuse et deviennent les pourvoyeurs habituels des églises et des couvents. En peinture, les importations sont assez rares au début du Régime anglais ; je n’en signale ici que le Saint Antoine de Jean-Jacques Lagrenée, à l’église de la Baie-du-Febvre. Mais à partir de 1816, à la suite de la vente publique de la collection Desjardins, une vingtaine d’églises et de chapelles s’enrichissent de tableaux de l’École française.

Nos peintres – Joseph Légaré, Antoine Plamondon, Jean-Baptiste Roy-Audy, Yves Tessier, Louis Dulongpré, Thomas Valin, Francis Matte – s’inspirent des plus belles œuvres de la collection Desjardins et produisent une abondante imagerie peinte qui, souvent, n’est pas dépourvue de qualités ni d’attraits.

Vers 1840, presque tous les trésors importants de nos vieilles paroisses sont déjà formés; quelques-uns se compléteront au cours des années suivantes. Afin d’en donner une idée aussi juste que possible, prenons trois exemples, et prenons-les de préférence à la campagne : Varennes, Saint-Augustin (Portneuf) et l’Islet.

À l’époque 1840, Varennes possède une des plus vastes et des plus majestueuses églises du pays; construite en 1780, elle a été décorée par les sculpteurs Liébert, Quévillon et Brien dit Desrochers; elle est, dirait-on, sculptée comme une châsse ; elle est ornée de cinq grands tableaux de François Beaucourt ; et dans son riche trésor, que loue Jacques Viger dans l’un de ses manuscrits, on voit un calice de l’orfèvre parisien Guillaume Loir, un ostensoir d’un orfèvre tourangeau, une lampe et un ciboire de Robert Cruickshank, un bénitier de Pierre Huguet, un plateau de Schindler, une croix de Laurent Amyot, deux encensoirs et une aiguière baptismale de Paul Morand ; on y voit encore une statuette de Paul Jourdain, un orgue de fabrication londonienne, un chandelier pascal d’Antoine Cirier, un minuscule tabernacle de François Guernon dit Belleville ; et quelques années plus tard, on y verra une Madone en cuivre doré qui vient directement de Paris.

À la même date, le trésor de l’église de Saint-Augustin est beaucoup plus riche. Il comprend trois tabernacles de Jean Valin; une voûte toute sculptée, une chaire et un banc d’œuvres d’une grande richesse, façonnés par Olivier Dugal, de Terrebonne, pour le compte de la société Séguin, Berlinguet et Dugal ; un tableau du peintre inconnu Beauregard, trois toiles de l’École française du milieu du XVIIIe siècle, quelques peintures de Joseph Légaré, de Roy-Audy et d’Antoine Plamondon ; dans la sacristie, c’est une splendeur: un ciboire ciselé de Paul Lambert; deux pièces françaises d’un style Louis XIV très orné; douze chandeliers en argent, un encensoir et une croix de procession de François Ranvoyzé – pièces d’un galbe très fin et d’une ciselure aimablement fantaisiste; des ampoules en argent de François de Lique et de François Delagrave; des burettes, un bénitier, un encensoir et un instrument de paix de Laurent Amyot, des plateaux de François Sasseville et une aiguière de Paul Morin…

Transportons-nous maintenant à l’église de l’Islet ; construite en 1768, elle vient alors d’être agrandie à la façade; elle possède un tabernacle imposant de Noël Levasseur, qui date de 1728; un tombeau sculpté par François Lemieux en 1827 ; une Annonciation peinte en 1776 par l’abbé Antoine Aide-Créquy et deux peintures de Louis Dulongpré ; une chaire en fer forgé, exécutée vers 1812-1815 par le forgeron du village, Jean-Baptiste Poitras ; elle offre à l’admiration du visiteur un retable en bois dû à la collaboration de Jean Baillairgé et de son fils Pierre-Florent ; elle a une nef ornée de piastres et de statues en bois, le tout sculpté par Amable Charron ; sa voûte, que Chrysostome Perrault vient de terminer, est faite de petits caissons en étoile, ornés d’une rose dorée. A la sacristie, les vases sacrés ne sont peut-être pas plus nombreux qu’ailleurs, mais quelle richesse ! C’est d’abord un petit calice ciselé qui date de l’année 1700 et porte le poinçon d’un orfèvre parisien ; ensuite, un ciboire français, un calice un ciboire en argent de François Ranvoyzé, un bénitier, un plateau et un encensoir du même Ranvoyzé, un autre encensoir, celui-ci de Laurent Amyot, une lampe de Ranvoyzé, des burettes d’Amyot, une aiguière de Sasseville… Ce n’est pas tout: de 1790 à 1810, le curé Panet a thésaurisé des louis d’or pour en faire des vases sacrés; et c’est François Ranvoyzé qui a la charge de marteler ces pièces de monnaie ; voyons-les transformées en calice, en ciboire et en ostensoir ; pour construire le calice, il a fallu cent cinq louis d’or (le louis valait quatre dollars, quatre dollars en 1810 !) et il a coûté cent sept louis de façon !

Objets d’une richesse extrême de matière, de forme et de ciselure ; objets précieux qui marquent le génie fantaisiste de Ranvoyzé, l’intelligence et le goût de Jacques Panet, le raffinement de la civilisation qui a su inspirer de telles œuvres.

En dépit des méfaits du romantisme qui s’introduit lentement dans le pays, en dépit même des excès de la grande industrie, les trésors de nos églises et de nos habitations bourgeoises s’enrichissent de quelques pièces vers le milieu du siècle dernier; elles sont de nos derniers sculpteurs sur bols – André Paquet, Amable Gauthier, Louis-Xavier Leprohon, Raphaël Giroux — et de nos dernière orfèvres – François Sasseville, Paul Morand, Pierre Lespérance. Ne parlons point de peinture… En somme, l’apport du milieu du siècle est quasi négligeable.

Mais ce qui ne l’est point, c’est l’esprit de destruction qui souffle sur le pays. Déjà des édifices importants et bien proportionnés ont péri dans les flammes – le château Vaudreuil, le château Saint-Louis, le couvent des Récollets de Québec, la résidence des Jésuites de Montréal, le couvent des Ursulines des Trois-Rivières, l’église de Verchères, l’église de Saint-Roch, à Québec… Comme si le feu ne suffisait pas à nous appauvrir, voici la faune des restaurateurs et des reconstructeurs qui entre dans le bal. Notre-Dame de Montréal, dépouillée de ses meubles sculptés et démolie en 1830, n’est pas le premier exemple de destruction volontaire, mais c’est le plus typique; car à la place de la vénérable église ornée, encombrée même d’œuvres d’art simples et discrètes, on élève un monument de style étranger à notre esprit et à nos coutumes, un monument prétentieux et sec qui exercera la plus détestable influence sur nos constructeurs. Avec le temps, on fera beaucoup mieux ; et vers 1885, on construira la cathédrale de Montréal à l’image, réduite de moitié, de Saint-Pierre de Rome.

En attendant cet exploit sentimental, on démolit à une cadence inquiétante. Vers le milieu du siècle, une vingtaine d’églises anciennes disparaissent sous la pioche du démolisseur: Saint-Roch-des-Aulnaies, Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Gentilly, Champlain, Château-Richer, Saint-Michel… En 1879, on détruit à la mine le collège des Jésuites de Québec ; en 1883, on rase l’imposante ancienne église de Varennes, qui vient d’avoir cent ans; deux ans après, c’est le tour de la belle église de Longueuil, dont l’abbé Conefroy avait donné les plans et le devis; en 1878, on plante la pioche dans l’élégante église de Sainte-Anne-de-Beaupré, qui ne nuit à personne et qu’on reconstruit, d’ailleurs, à côté, avec les mêmes cailloux, mais avec des formes fort différentes ; on démolit également à Berthier-en-Bas, à Sainte-Croix et à la Baie-du-Febvre, à Terrebonne, à l’Islet (façade et voûte) et à Maskinongé, à Yamachiche, à Louiseville, à Rigaud, à la Bale-Saint-Paul… Et je ne parle pas des façades défigurées par ces affreux gâteaux de noces qui datent des années 1890-1935: Saint-Marc (Verchères), l’Île-Perrot, la chapelle de la rue Dauphine à Québec, la chapelle Bon-Secours à Montréal, Saint-Nicolas, Saint-Antoine, Saint-Laurent (près Montréal), Saint-Joachim, les Grondines et combien d’autres églises…

En sculpture, les destructions et les relégations d’œuvres d’art se succèdent au même rythme. Pourquoi conserver de vieux meubles quand on a honte d’une façade simple et nue et qu’on la remplace par un empilement sans caractère de cailloux indifférente ? Et voilà pourquoi notre bois sculpté et doré, nos statuettes, nos meubles, des pans entiers de retables et de tabernacles ornent des collections privées et des salles de musées ontariens ou américains, après avoir été raflés par des antiquaires Israélites. Même chose à l’égard de notre orfèvrerie, même religieuse, à l’égard de notre ferronnerie et de toutes les jolies choses de notre artisanat… Sans doute les étrangers sont-ils venus sur notre sol pour acquérir les œuvres d’art qu’ils convoitaient ; mais s’ils sont venus, c’est qu’ils flairaient notre indifférence à l’égard de notre patrimoine artistique, c’est qu’ils savaient que, forts de notre admirable devise, nous méprisions avec une certaine bêtise les ouvrages de nos ancêtres. Ils ne nous ont rien volé. Nous nous sommes dépouillés nous-mêmes, tout simplement.

Et voilà pourquoi aucun de nos trésors d’autrefois n’est intact – de moins, nous n’en avons point trouvé. Tous ont perdu quelques pièces de choix; certains ont été réduits de moitié, sinon des deux tiers ; quelques-uns n’existent plus – l’on a chance de les retrouver épars chez nos voisins… Ne cherchez point le trésor de Saint-François de Sales (île Jésus) ; et il n’y a pas si longtemps que le trésor de l’église de Châteauguay a failli s’éparpiller définitivement au hasard d’une vente insolite…

Je m’en voudrais de laisser le lecteur sous une impression décevante. Nos trésors artistiques ne sont plus du tout ce qu’As étaient, c’est entendu. Mais nous en possédons encore quelques-uns et de fort intéressants. Celui de la mission d’Oka est particulièrement riche en peintures et en pièces d’orfèvrerie française et canadienne; ceux du Séminaire de Québec, des Ursulines et du Musée Notre-Dame sont probablement les plus complets ; ceux de Tadoussac et de Lorette rappellent les munificences des bienfaiteurs du XVIIIe siècle ; celui de l’Hôtel-Dieu de Québec, fort pittoresque, contient d’admirables objets du XVIIIe siècle; les trésors d’Odanak et de Caughnawaga, de Saint-Joachim et de Neuville, de l’Hôpital général de Québec et des Sœurs Grises de Montréal sont d’une grande variété ; et les trésors de nos paroisses anciennes, s’ils sont souvent quasi inaccessibles, n’en contiennent pas moins quelqu’une de ces œuvres étonnantes qui marquent la souplesse et la fécondité d’une société humaine, quand elle travaille dans la liberté et la joie du labeur.

Ces trésors, il n’en tient qu’à nous de les bien connaître et de les conserver.

jeanne mance desjardins
Art public à côte du complexe Desjardins, rue Jeanne-Mance. Photo : © Megan Jorgensen.

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