
Transports et industries en Nouvelle-France au XVIIIe siècle
En 1721, on proposa au gouvernement d’établir entre la capitale et la métropole un service régulier de poste royale. L’intendant en confia la mise en train et l’exploitation à Nicolas Lanoullier, procureur de la Compagnie des Indes. Le développement des deux villes rendait nécessaire ce nouveau rouage de l’administration.
Le transport régulier des lettres et dépêches se faisait partie par malle-poste partie par voie d’eau; car il n’existait pas encore de route carrossable réunissant Québec à Montréal. Lanoullier devait en même temps établir un service de voitures publiques pour aller par terre de Québec à Montréal. (Ordonnance de Vaudreuil et Bégon, 27 janvier 1721. — Édits et Ordonnances Royaux, 1854, vol. Il, p. 455.)
Il n’est pas probable que ce service d’utilité publique ait été alors organisé comme le prescrivait l’ordonnance du gouverneur et de l’intendant, parce que la grande route ne fut complétée qu’en 1734 par l’établissement de bacs sur les rivières.(Ordonnance au sujet des bacs sur les rivières entre Québec et Montréal. 13 avril 1734. Édits et Ordonnances Royaux, 1854, Vol. II, p.365).
Jusqu’en 1733, le fleuve Saint-Laurent resta la seule voie de communication directe entre Québec et Montréal. Cette année-là M. Lanoullier de Boisclerc, grandvoyer, traça un chemin de terre sur la rive nord et réunit les divers tronçons de route qui existaient déjà. En 1734, il remontait de Québec à Montréal en voiture d’été. La première route nationale du Canada était ouverte. Cette route carrossable ne devait servir que pour le transport des voyageurs et le service des postes; car le transport par voie d’eau restait toujours le plus économique pour les marchandises.
À Montréal les barques de fret à voiles ou à rames s’arrêtaient au pied du courant Sainte-Marie, et de là étaient touées le long du rivage, jusqu’en face de la ville, où se trouvaient les magasins du roi et les établissements commerciaux. Les embarcations légères, comme les canots d’écorce, remontaient facilement le courant jusqu’à la Place Royale.
Tous ces moyens de locomotion subsistèrent jusqu’à l’utilisation de la vapeur en 1809.
À quelque chose malheur est bon, dit le proverbe. En 1704, le navire français La Seine avait été saisi en mer par les Anglais et sa cargaison, évaluée à plus d’un million de livres, de marchandises de toutes sortes, se trouva perdue pour la colonie. Cette prise amena la rareté de certains produits fabriqués d’usage courant; et il fallut se pourvoir d’autre façon.
De petites industries domestiques s’établirent pour la fabrication des toiles du pays, et des droguets dans la ville même. Ces produits, depuis longtemps fabriqués par les cultivateurs pour leur propre usage, devinrent un article de commerce. Déjà en 1705, madame de Repentigny avait mis en opération une manufacture de couvertes en fil d’ortie et d’étoffes de laine, dans laquelle elle employait quelques Anglais, comme experts en cette matière. En 1714, on comptait à Montréal plus de vingt-cinq métiers pour le tissage des toiles, des étoffes de laine et même de l’étamine. Montréal était désormais un petit centre manufacturier.
En 1721, le Séminaire vendait un terrain, situé au coteau Saint-Louis, à M. de Ramezay, pour y établir une briqueterie et une tuilerie. C’était probablement la première industrie du genre à Montréal.
Vers 1730, M. de Francheville, riche négociant de Montréal, avait découvert, dans sa seigneurie du Saint-Maurice, d’abondants gisements de fer. Le roi lui accorda le privilège d’exploiter ces mines pour vingt ans à venir, et lui accorda une avance de 10 000 louis pour son entreprise. Le concessionnaire mourut cependant avant d’exécuter aucuns travaux. Les forges du Saint-Maurice, dont il reste encore des ruines intéressantes, ne furent mises en opération qu’en 1737 par une compagnie formée de MM. Cugnet, Taschereau, Vézain, Simonet et Gamelin. On éprouva de grandes difficultés dans l’organisation et l’exploitation de ces fonderies canadiennes; car cette nouvelle industrie faisait concurrence à l’industrie française et cela était suffisant pour en compromettre le succès.
Des gisements de fer avaient aussi été découverts dans la seigneurie de Terrebonne. L’abbé Lepage, homme très entreprenant, tenta d’organiser une compagnie pour exploiter ces mines; mais ce projet ne put se réaliser, le roi s’y étant opposé.

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