Histoire du Québec

Greffe du cœur

Greffe du cœur

Greffe du cœur

Le 31 mai 1968, l’Institut de cardiologie réussit la première transplantation du cœur au Québec les organes de la même donneuse servent à deux greffes du rein au Royal Victoria

«Il est 4 heures et 5 minutes. La greffe cardiaque est maintenant terminée et l’opération est finie. Le nouveau cœur bat à un rythme convenable et maintient une pression satisfaisante…»

C’est par ces paroles du Dr Paul David, directeur de l’Institut de cardiologie de Montréal, que s’est terminée une nuit de suspense et de travail ardu, au cours de laquelle a été réalisée la première transplantation d’un cœur humain au Canada.

Il s’agissait en fait d’une expérience sans précédent dans l’histoire de la médecine, puisque la donneuse a offert non seulement son cœur, mais aussi ses deux reins, lesquels ont été greffés à deux personnes différentes à l’hôpital Royal Victoria.

Le premier Canadien à posséder un «nouveau cœur» fut M. Albert Murphy, âgé de 58 ans et résident de Laval, père de deux enfants.

Quant à la personne sur laquelle le cœur et les reins ont été prélevés, il s’agissait de Mme Gérard Rondeau, une mère de quatre enfants, âgée de 38 ans, dont le décès est survenu le 30 mai peu avant minuit.

La greffe du cœur a été pratiquée par le Dr. Pierre Grondin, chirurgien chef de l’institut, et par son assistant, le Dr. Gilles Lepage. Ils étaient également assistés d’une vingtaine de médecins–spécialistes et d’infirmiers.

L’Institut de cardiologie s’est préparée à l’événement depuis plus de deux mois. M. Murphy était l’un des trois patients de l’institut ayant autorisé à pratiquer sur eux une greffe du cœur. Depuis quelques jours, l’équipe de médecins n’attendait plus qu’un donneur dont le cœur pouvait être compatible avec l’organisme de l’un de leurs trois patients.

Les médecins ont eu à choisir entre les cœurs de deux donneurs, l’un n’étant pas compatible. Vers minuit, l’équipe médicale de l’institut, après avoir vérifié la compatibilité du cœur de Mme Rondeau, a décidé d’entreprendre l’expérience.

Au cours de la journée, les médecins ont eu a choisir entre les cœurs de deux donneurs, l’un n’étant pas compatible.

Vers minuit l’équipe médicale de l’Institut, après avoir vérifié la compatibilité du cœur de Mme Rondeau, a décidé d’entreprendre l’expérience.

Souffrant d’une hémorragie cérébrale massive, Mine Rondeau avait été transportée d’urgence à l’hôpital Jean-Talon vers 11 h 45 mercredi soir.

Dès son admission, la patiente ne put continuer de subsister que grâce à un respirateur artificiel Byrd qu’elle dut conserver pendant près de 24 heures.

Quand les médecins de cette institution eurent perdu tout espoir de la sauver, tôt jeudi soir, elle fut transportée à l’Institut de Cardiologie où elle est morte peu après son arrivée.

Les reins d’abord

Deux médecins de l’hôpital Royal Victoria ont d’abord procédé à l’ablation des reins de Mme Rondeau. Vers 12 h 30, les journalistes les ont vus quitter d’urgence l’Institut dans une auto-patrouille de la police, l’un d’eux transportant dans un sac de glace les reins prélevés.

Quelques minutes plus tard, le Dr Lepage, assisté d’une équipe de neuf spécialistes, entreprenait l’ablation du cœur de la donneuse.

Un peu plus d’une heure après le début de l’ablation, le cœur de Mme Rondeau fut transporté dans une deuxième salle où le Dr Grondin, assisté d’une équipe de 12 spécialistes, s’engagea dans la deuxième phase de l’opération, soit la greffe du « nouveau cœur ».

Cette partie de l’opération exige une synchronisation délicate puisque l’ablation du « vieux cœur » ne peut attendre qu’une période limitée.

Durant toute la durée de l’intervention chirurgicale, une « meute » de journalistes s’était rassemblée devant l’Institut et attendait avec impatience qu’on lui fournisse les dernières informations.

Finalement ai h 05, le Dr David émettait un bref communiqué dans lequel il annonçait que l’opération était terminée et que tout s’était passé à la satisfaction de l’équipe médicale. Soumis à un déluge de questions, le directeur de l’Institut refusa de dire tout autre commentaire et annonça en même temps une conférence de presse pour 11 h ce matin. « Nous espérons donner de bonnes nouvelles » a-t-il conclu.

Les seules personnes admises dans la salle d’attente de l’Institut hier soir étaient sa femme du bénéficiaire, Mme Lébéa Murphy, sa fille, Micheline Gérard, ainsi que le mari de cette dernière M. Denis Gérard.

M. Murphy est également père d’un garçon de 12 ans, Louis. M. Murphy mesure 5 pieds et 10 pouces et pèse « normalement » environ 175 livres. Les informations obtenues hier soir révèlent cependant qu’avant son opération, M. Murphy ne pesait plus que 124 livres.

Greffe de reins sur deux femmes

Selon les renseignements obtenus au Royal Victoria tôt ce matin, les deux reins de Mme Rondeau ont été transplantés sur deux personnes différentes.

Il s’agit de deux femmes d’âge moyen qu’on n’a pas encore voulu identifier. Les deux greffes ont été complétées vers 3 h. du matin. On sait qu’une greffe du rein doit être pratiquée au plus tard dans les deux heures suivant la mort du donateur.

L’équipe chirurgicale du Royal Victoria était dirigé par le Dr Loyd MacLean, chirurgien-chef de l’hôpital. Il était secondé par le Dr John B. Dossetor qui a déjà réalisé quelque 50 transplantations de reins. Les informations obtenues indiquent que le deux patientes se portent bien et que les deux greffes seraient une réussite. Les détails complets de ces deux opérations devaient être fournis au cours d’une conférence de presse ce malin à 9 h.

18e greffe dans le monde

La greffe d’un cœur humain pratiquée cette nuit à Montréal est la 18e dans le monde. Le Dr Pierre Grondin, qui a dirigé les opérations, avait assisté récemment à une transplantation cardiaque, à Houston, au Texas. L’homme au cœur greffé à cette occasion était cependant mort peu après.

L’Institut de Cardiologie de Montréal a été fondé en 1956 par le Dr Paul David. En novembre 1965, l’Institut, qui jusque là était partie intégrante de l’hôpital Maisonneuve, s’installait dans un nouvel immeuble à l’angle des rues Viau et Bélanger. L’Institut compte une centaine de lits dont une dizaine réservé aux enfants.

docteur paul david

Docteur Paul David, photo libre de droit.

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