Histoire du Québec

Tragédie du Laurier Palace

Tragédie du Laurier Palace

La tragédie du Laurier Palace

Le 9 janvier 1927 est une triste date dans l’histoire du Québec. Ce jour-là, une horrible tragédie a enlevé la vie à 78 enfants qui étaient venus voir un film au théâtre Laurier Palace, au 1663 de la rue Sainte-Catherine Est, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve de Montréal.

Le Laurier Palace proposait des séances de cinéma pour des centaines d’enfants chaque samedi et dimanche. Le 9 janvier 1927, quelque 300 enfants (certaines sources parlent de 250) assistaient à la représentation.

Les victimes avaient entre 4 et 18 ans. La plus grand partie étaient originaires de la paroisse de la Nativité, des écoles d’Hochelaga, de Stadacona, de Saint-Joseph et de la Nativité. C’est pourquoi le service funèbre  est célébré dans cette paroisse deux jours plus tard.

Après le début de l’incendie, les enfants ont essayé de quitter les lieux, mais l’explosion d’un calorifère a provoqué une panique générale. Les sorties de secours étant cadenassées, ils tombaient les uns sur les autres dans un étroit escalier sans issue en voulant se sauver. En effet, la plupart ont perdu la vie écrasés, alors que très peu furent brûlés gravement.

Plus de 50 000 personnes ont assisté aux funérailles.

Une commission royale d’enquête, présidée par le juge Louis Boyer, a émis son rapport sur les causes de l’incendie. Elle a conclu que le feu a été allumé par une cigarette ou une allumette, puisqu’il n’y avait aucun fil électrique à proximité du foyer d’incendie.

La commission a recommandé l’interdiction des cinémas aux jeunes de moins de 16 ans, même s’ils étaient accompagnés par des adultes. De plus, les salles de théâtres et de cinémas devaient désormais se munir de portes s’ouvrant par pression vers l’extérieur. Ces portes ne devant jamais être verrouillées ou obstruées du dehors.

La commission a conclu également que toutes les portes des salles publiques doivent avoir une ouverture sur l’extérieur.

À la suite de l’incendie et du rapport de la commission royale, le gouvernement d’Alexandre Taschereau promulgue donc, le 22 mars 1928, une loi interdisant l’accès des théâtres aux jeunes de moins de 16 ans. Cette loi est restée en vigueur pendant 40 ans.

Quant aux propriétaires du Laurier Palace, les frères Lawand, ils ont été poursuivis pour négligence criminelle.

laurier palace après l'incendie

L’intérieur du Laurier Palace, au lendemain de la tragédie. Photo : La Presse, 10 janvier 1927. Image libre de droit.

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2 Comments

  1. Stéphane Caron dit :

    Bonsoir,

    J’ai lu attentivement les journaux de l’époque (surtout le journal La Patrie des jours qui ont suivi, où les travaux d’enquête du coroner McMahon ont été suivis de façon détaillée) et le rapport d’enquête du juge Boyer.

    Je n’y a pas vu de mention d’explosion d’un calorifère, ni que les enfants n’aient pu sortir à cause de portes verrouillées. Il y a bien un enquêteur qui a trouvé une porte verrouillée, mais ça ne semble pas avoir joué de rôle majeur dans cette histoire.

    La faute serait plutôt attribuée majoritairement au fait que les lumières ont tardé à être allumées et que les escaliers pour descendre étaient étroit et, surtout, comportaient deux paliers. D’un des côtés, tout s’est bien déroulé, mais de l’autre côté, des enfants sont tombés et un empilade s’en est suivi.

    À l’époque, pas mal de brouhaha avait été fait autour du fait qu’un des placiers aurait tenter d’empêcher les enfants de descendre l’escalier, mais le rapport du juge Boyer conclut que, dans les circonstances, l’employé avait tenté – sans réussir – de contrôler la foule d’enfants, les calmer, et d’empêcher la bousculade qui s’en est suivi.

    Selon tous les témoignages entendus par le coroner, les portes étaient du type « double battant », donc pas de problème de ce côté-là non plus, malgré ce que j’ai lu sur d’autres sites web.

    Certaines personnes, à l’époque, incluant les médias, ont tenté de mettre le blâme sur les propriétaires et employés. Le fait qu’ils étaient d’origine syrienne et portaient des noms « bizarre » comme Najeed Lawand et Azzi n’a probablement pas aidé leur cause. Le rapport d’enquête du juge Boyer est éloquent: il refuse de leur faire porter le blâme – ils n’était pas blanc comme neige et ne payaient pas la taxe « le sou du pauvre » comme ils auraient dû, mais ils semblaient faire ce qu’ils pouvaient pour garder leur établissement « en ordre »; les rapports d’inspection leur étaient favorables et, quand il étaient pris en faute sur certains détails, ils amenaient toujours les correctifs exigés par la ville.

    Le rapport comporte plusieurs recommandations pour les salles de cinéma (comme par exemple des portes qui devraient toujours s’ouvrir vers l’extérieur, et qui devraient être vérifier pour être certain qu’elles ne sont pas collées par la peinture), mais ces recommandations générales sont basées sur l’étude des cause de plusieurs incendies dans les cinémas tant aux Canada qu’aux États-Unis. Il ne faut pas conclure qu’elles sont en réaction à des lacunes du Laurier Palace. Par contre, ils soulignent l’importance que les escaliers de sortie ne devraient pas comporter plusieurs paliers.

    Merci par avance pour votre attention!

  2. Mark Walton dit :

    Bien que le bilan de morts soit certainement tragique, il pourrait avoir être beaucoup pire – c’est-à-dire bien supérieur à 100 – faute de certains employés du cinema. Faisant preuve d’héroïsme du premier ordre, Émile Massicotte, le projectionniste, traina environ 30 enfants, deux à la fois, du balcon vers la cabine de projection et les passa par une fenêtre donnant sur le chapiteau. De là, les pompiers les emmène par les echelles vers le trottoir. Après environ 15 trajets aller-retour, la fumée épaisse força Massicotte d’évacuer lui-même, aussi par le chapiteau. Malgré son épuisement total, il offre plus d’aide; mais ne pourrait rien de plus faire, les pompiers ayant pris le relai. Un placier du balcon, Paul Champagne, resta sur son poste et dirigea l’evacuation à la cage d’escalier non bloquée.

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