Toponymie de Soissons au Québec
En 1945, on attribua le toponyme Soissons à une entité territoriale du Nord-du-Québec. Inhabité, le canton de Soissons se trouve à une cinquantaine de kilomètres au sud de Matagami et à environ 70 km au nord d’Amos. Plusieurs lacs et cours d’eau le baignent, notamment la rivière des Indiens et le lac Kakinogama. Un lac dans le Nunavik porte le même nom.
Un autre canton, celui de Bourbon, situé dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, rappelle le même personnage, Charles de Bourbon. Soissons désigne aussi deux entités lacustres et trois voies de circulation, respectivement à Longueuil, Montréal et Repentigny.
On trouvera quelques rues qui portent le nom de Soissons dans quelques villes québécoises. Notamment, à Longueuil, où un parc honore également ce nom.
Soissons en France
Incontestablement, les quelque 40 000 Soissonais habitent dans une agglomération riche d’histoire. Ville de garnison à l’époque gallo-romaine, Soissons, sous-préfecture du département de l’Aisne, en Picardie, justement sise sur la rive méridionale de l’Aisne, à 97 km au nord-est de Paris et à environ 30 km au sud-ouest de Laon, s’appelait en grec Augousta Ouessonon au IIe siècle, en latine Augusta Suessionum deux siècles plus tard, du nom de l’empereur Auguste, suivi du nom du peuple gaulois, les Suessiones, et Suessio en 561.
Soissons était alors la capitale du royaume franc de Neustrie. Elle devint, au Xe siècle, le chef-lieu d’un comté dont les propriétaires ont appartenu à certains membres des plus grandes familles nobles de France. Ainsi, en 1555, le comté de Soissons passa à Louis de Bourbon, premier prince de Condé et oncle du futur roi Henri IV (1553-1610). Charles de Bourbon, fils cadet de Louis, hérita du comté en 1569. Né à Nogent-le-Rotrou (Île-de-France) en 1566, le nouveau comte de Soissons s’engagea activement dans les guerres de Religion (1562-1598), soutenant, puis trahissant chacune des parties mêlées au conflit avant de se rallier définitivement à Henri IV.
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Pendant la minorité de Louis XIII, il s’opposa également à la politique étrangère de la régente, Marie de Médicis, partisane d’un rapprochement avec l’Espagne. Considéré par certains comme un ambitieux retors à l’intelligence médiocre, le comte de Soissons a tout de même le mérite d’avoir joué un rôle significatif, quoique bref, dans l’histoire du Canada du début du XVIIe siècle. En effet, à la fin du mois de septembre 1612, il obtenait pour douze ans le monopole de la traite des fourrures, réalisée en amont de Québec. Le 8 octobre suivant, Louis XIII allait de plus le nommer lieutenant général de la Nouvelle-France. Une semaine après son entrée en fonction, Soisson confirma l’explorateur et géographe Samuel de Champlain dans sa fonction de représentant du lieutenant général en Amérique française.
Charles de Bourbon donnait ainsi au fondateur de Québec les pleins pouvoirs dans la colonie, notamment ceux de nommer les personnes nécessaires à son bon fonctionnement, de conclure des traités avec les Amérindiens ou de leur faire la guerre, d’administrer la justice et d’exploiter les mines qu’il pourrait découvrir.
Malheureusement, le comte de Soissons mourut à Blandy (Île-de-France) dès le 1er novembre 1612. Tout était à recommencer pour Champlain, lui qui tenait le lieutenant général défunt comme l’un de ses plus sûrs protecteurs. Il en profita toutefois pour nommer, en 1613, Lac de Soissons, aujourd’hui le lac des Deux Montagnes, une grande nappe d’eau située au confluent de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent.
Le comte de Soissons, et indirectement la ville française qui, placée sur la route des invasions, fut marquée par les guerres de 1814, 1870, 1914 et 1939,