
Terroristes capturés à Mont-Laurier
Coups de feu à La Macaza – L’agent Onil Bourdon a été enlevé par des jeunes gens armés — Un terroriste blessé d’une balle à la tête – Saisi de six fusils de calibre 303 et de sept havresacs remplis de munitions – Trois autres terroristes capturés et détenus à Mont-Laurier
Par envoyé spécial de La Presse
Voilà le bilan d’une brève fusillade entre deux policiers provinciaux et sept individus qui se sont identifiés comme des « Bohémiens » ou « Beatniks », hier soir, à deux ou trois milles de la base de missiles Bomarc de La Macaza.
Aujourd’hui, une trentaine de policiers provinciaux, un détachement de la Gendarmerie royale en hélicoptère et une quinzaine de volontaires de la base de l’Aviation canadienne ont entreprise de passer la région au crible pour tenter de trouver les fugitifs et leur otage.
En fait, au cours de la matinée, les chercheurs ont rapidement trouvé l’étui à menottes, la garcette et le képi du policier disparu.
Par ailleurs, la police a entrepris de fouiller tous les véhicules circulant sur les routes avoisinantes ainsi qu’une série de camps d’été sur les rives du lac La Macaza. On pense que les jeunes gens qui étaient armés, s’étaient donnés rendez-vous dans un de ces camps.
Le jeune homme, blessé d’une balle à la tête, a été identifié comme étant Bertrand Simard, 20 ans. Il repose, dit-on, dans un état satisfaisant à l’Hôtel-Dieu de St-Jérôme, où l’on refuse même de confirmer sa présence.
Quant au policier, gardé en otage, il s’agit de l’agent Onil Bourdon, du détachement de la police provincial à Labelle. On dit qu’il était légèrement vêtu lorsqu’il fut pris par les jeunes agresseurs et que le mercure est descendu assez bas, la nuit dernière, dans la région.
La police a par ailleurs révélé les noms de deux des détenus comme étant Jean-Guy Lefebvre, de Montréal et Jean Tremblay, de St-Bernard d’Alma. Ceux-ci refusent d’expliquer leur présence à La Macaza et identifient non comme des « Marcheurs de la paix », mais des « Bohémiens ou des Beatniks, si vous voulez ».
On sait que les « Marcheurs de la paix » ont fait plusieurs séances de piquetage à l’entrée de la base de Bomarc au cours des derniers mois.
Les incidents d’hier soir, dit-on, ont débuté lorsqu’une femme aperçut de son camp d’été sept individus armés de fusils et havresacs au dos marchant sur la route menant à la base militaire.
Il était environ 6 h. p.m. Et la femme alerta aussitôt la police provinciale à Labelle, à une quinzaine de milles. Comme la police semblait tarder à venir, la femme rappela à nouveau et, dit-on, l’agent Bourdon et son compagnon arrivèrent sur les lieux peu de temps après sept heures.
Les deux policiers se mirent à discuter avec les jeunes gens, tous dans la vingtaine, les sommant de remettre leurs armes. Rapidement la discussion dégénéra en bataille. Les policiers réussirent à saisir les armes et les havresacs, mais la situation se gâta lorsqu’un des individus, arme pointée vers les policiers, ordonna à ces derniers de se tenir immobiles.
Dans l’échauffourée qui suivit, un coup de feu parti, apparemment de l’arme du jeune rebelle et la balle atteignit le jeune Simard à la tête.
Le compagnon de l’agent Bourdon garda les trois jeunes gens, dont le blessé, qu’il avait maîtrisés, tandis que M. Bourdon s’élança à la poursuite des fugitifs. Ceux-ci se tournèrent vers le policier s’en emparèrent, et l’entraînèrent dans la forêt.
Une dizaine de policiers s’amenèrent sur les lieux au cours de la soirée. Ils ne reçurent du renfort qu’au cours de la matinée aujourd’hui.
Les recherches commencèrent très tard dans la matinée et même, à midi, on attendait toujours L’arrivée de la Gendarmerie royale.
Néanmoins, vers 9 h., des chercheurs trouvèrent l’étui à menottes et la garcette du policier Bourdon près d’une grosse pierre, où vraisemblablement les fugitifs et leur otage passèrent la nuit. Plus tard, dans la matinée, on trouva des traces de sang dans la forêt.
Hier soir, vers 10 h., certains entendirent des coups de feu. On se demande toujours ce qui a pu se produire, si l’otage n’a pas été blessé.
En dernière heure, on apprend que parmi les objets saisis, hier soir, la police a trouvé de l’équipement de camping et plusieurs publications séparatistes et révolutionnaires.
Tôt ce matin, la région était couverte d’un épais brouillard. Cela a retardé le début des recherches. On croit que les fugitifs se cachent dans la forêt entre le lac La Macaza et la base elle-même. La police a cerné la forêt.
On croit que les jeunes gens s’étaient donnés rendez-vous, hier, dans un camp d’été en bordure du lac. On sait qu’un camp a été loué, à un groupe de jeunes gens de Montréal et que, dimanche dernier, il y eut grand rassemblement. On compta plusieurs automobiles sur le terrain et peut-être une cinquantaine de personnes.
Le camp est aujourd’hui désert comme plusieurs autres et la police tente de l’identifier.
(Texte publié dans le quotidien La Presse, le 16 juillet 1965).

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