Jean Talon : l’incomparable intendant
Le nom de l’intendant Jean Talon évoque la relance du peuplement du Canada, connu à l’époque sous le nom de Nouvelle-France. L’intendant Talon y séjourne à deux reprises, soit de 1665 à 1668 et de 1670 à 1672. Il est chargé de l’application du programme élaboré par le roi et son ministre Jean-Baptiste Colbert pour l’administration de la colonie.
Jean Talon doit mettre la colonie en état de subvenir à ses propres besoins tout en continuant à fournir certains produits à la métropole. Mais il voit plus grand et tente d’orienter la politique coloniale selon ses visées, le roi voyant des obstacles à son rêve « de former au Canada un grand & puissant État ».
Sous son administration, la population s’accroît grâce notamment à l’arrivée des filles du roi, ces orphelines élevées aux frais de l’état, et à l’établissement des soldats du régiment de Carignan-Salières.
L’intendant encourage la culture des terres, mais il s’efforce aussi de développer l’industrie textile, la chapellerie et la cordonnerie.
Il écrit au ministre en 1671 : « J’ai des productions du Canada de quoi me vêtir du pied à la tête ». Il s’intéresse également aux ressources naturelles de la Nouvelle-France : la pêche, le bois, les mines.
Les deux principales réalisations industrielles de l’intendant sont la brasserie et le chantier de construction navale de la rivière Saint-Charles. Financée par Jean Talon lui-même, la brasserie établie à la basse ville vise à réduire les importations alcooliques. Quant aux navires qui sortent des ateliers royaux, une partie est destinée à transporter les produits canadiens aux Antilles. Le programme de développement conçu par Talon repose sur le commerce avec ces îles.
Après 1672, la France réduit ses investissements dans la colonie et la plupart des initiatives de l’intendant restent sans lendemain, mais malgré tout, le Canada compte désormais une population résolue à s’y installer à demeure. En ce qui concerne Talon, il laissera le souvenir d’un « incomparable intendant » comme le décrit l’annaliste de l’Hôtel-Dieu de Québec.