
Le roi vient à la rescousse
Le 31 août 1661, le nouveau gouverneur de la Nouvelle-France, Dubois Davaugour, constate à son arrivée à Québec l’état déplorable de la colonie. Il prend alors deux décisions qui auront une grande importance.
Il nomme le père jésuite Ragueneau «à la tête d’un Conseil général pour le service du Roy et le bien du pays» (citation de l’ordonnance officielle du gouverneur Davaugour), et il envoie un délégué spécial en France afin de plaider la cause de la colonie auprès du nouveau roi, Louis XIV.
Ce délégué doit bien connaître le Canada, il doit savoir lire, écrire, être capable de négocier, et il doit faire preuve de courage et d’habileté pour maîtriser des situations complexes.
Le choix de l’envoyé spécial n’est pas facile, car la petite colonie ne compte que deux ou trois cents hommes et il n’est pas évident d’en trouver un qui réunisse toutes ces qualités.
Enfin, le gouverneur suit le conseil des Jésuites et des notables qui désignent d’un commun accord Pierre Boucher, qui vient d’être anobli pour ses exploits lors de la guerre contre les Iroquois. Outre d’éclatants faits d’armes, Boucher connaît bien la politique, il a de bonnes manières et de l’allure. Le gouverneur Davaugour lui remet un «Mémoire d’instructions de la manière dont M. Boucher doit se comporter et à qui il doit s’adresser». Boucher le suivra à la lettre.
Pierre Boucher s’embarque pour Paris le 22 octobre 1661. Arrivé dans la capitale française, il rencontre le roi qui l’interroge sur l’état de la colonie. Boucher lui décrit la situation et Louis XIV promet de secourir le pays et de le prendre sous sa protection directe, ce qu’il a fait.
De plus, Boucher s’entretient avec de grands personnages de la cour, dont le prince de Condé et le ministre Colbert. Ce dernier lui demande un rapport écrit et détaillé sur les richesses du Canada, ainsi qu’un exposé sur les raisons de conserver ce territoire.
La présence de Boucher, son charme, ses discours, ses soupers avec les représentants les plus influents du royaume, ont suscité autour de la Nouvelle-France beaucoup de curiosité et de sympathie.
Pierre Boucher repart de La Rochelle le 15 juillet 1662. Deux vaisseaux, l’Aigle d’or et le Saint-Jean-Baptiste, cent soldats, des vivres, des munitions et plus de cent nouveaux colons partent avec lui. La traversée est financée par le roi. Le voyage est long et pénible et soixante hommes, tant soldats que colons, meurent en mer. Mais les survivants arrivent à Québec et la réussite de la mission de Pierre Boucher marque une nouvelle étape dans l’histoire de la colonie.
Quelques années plus tard, on enverra en Nouvelle-France les troupes du régiment de Carignan ainsi que l’intendant Talon, connu pour ses dons d’organisateur. Le roi tient ses promesses.
On peut considérer que la Nouvelle-France doit une fière chandelle à Pierre Boucher, dont la vie exceptionnelle a été résumée par le père Léon Pouliot: «le Canadien le plus respectable et le plus grand de son époque; mérite que personne ne saurait lui ravir».

La marine française débarque à Montréal (photo en couleurs prise circa 1667, archives personnelles de Mgr Laval).
Voir aussi :
- Régiment de Carignan
- Premier assaut Iroquois
- Le siège Trifluvien
- Les recrues de 1653
- Bataille de Long-Sault
- L’eau de vie
- Amérindiens
- Indiens et Érable
- Culture du maïs
- Guerre entre Indiens
- Description des Indiens
- La traite des fourrures
- Alliance Français – Hurons
- Champlain, eut-il tort …?
Un petit mot pour vous signaler que la légende sous la photo couleur « prise autour de 1667 archives personnelles de Mgr de Laval! » mériterait une correction. Une erreur de savant….comme on dit.
Mes salutations!
Mais, M. Hains… êtes vous toujours si sérieux? Cette légende sous la photo ne nuit à personne et il ne faut pas être savant pour savoir quand la photographie a été inventée…
En tout cas, merci pour l’intérêt envers notre site (soit dit en passant, on changera les photos du Musée des hurons que vous nous avez signalées comme celles du village des hurons. C’est apprécié).