Regard sur Montréal au début du XIXe siècle

Aspect général de la ville de Montréal au début du XIXe siècle

Au commencement du XIXe siècle, Montréal était encore une toute petite ville, dont la population ne dépassait guère vingt mille habitants. On parlait alors de haute et de basse villes comme à Québec encore aujourd’hui. La rue St-Paul, où se trouvaient presque toutes les maisons de commerce, était l’axe de basse-ville. La rue Notre-Dame était surtout réservée aux maisons d’habi tation, dont l’ensemble, avec une partie de la rue St-Jacques, formait la haute-ville. Coupant à angle droit ces deux principales artères, de petites rues transversales, commençant au fleuve, montaient franc ouest dans les faubourgs Québec ou Ste-Marie, St-Laurent et des Récollets. Sans plan d’ensemble et selon le caprice ou les besoins de chacun, c’est là surtout que les petits bourgeois avaient établi leurs boutiques et échoppes de toutes sortes et leurs petites industries domestiques.

Pour assurer une meilleure ordonnance de la ville, et des faubourgs, le gouvernement de Québec nomma un grand voyer, au salaire de £200 par année. Il était chargé de faire un plan général de la ville et d’édicter des règlements de voirie publique.

Au commencement du XIXe siècle, Montréal comptait une population de plus de 20,000 âmes et le rapide développement du centre et des faubourgs rendait bien utile, nécessaire même, la création de cet organisme civique.

Depuis 1785, il était question de démolir les murs, qui entouraient le vieux Montréal français et qui n’avaient jamais été d’aucune utilité. En 1801, la législature de Québec passa une loi autorisant le gouvernement à faire disparaître cet encerclement de pierre qui tombait en ruines. Ce n’est cependant qu’en 1817 que fut terminé le démantèlement des fortifications. Les terrains, achetés par le roi de France un siècle auparavant, furent rendus gratuitement aux ayants droit de leurs derniers propriétaires. La ruelle des Fortifications est aujourd’hui le seul vestige du Montréal militaire français. Le terrain, sur lequel s’élevait la citadelle, fut cédé par le gouverneur Dalhousie à la ville de Montréal, qui le convertit en place publique, sous le nom de carré Dalhousie, où se trouve aujourd’hui la gare Viger.

En 1803, un désastreux incendie ravagea une bonne partie du quartier aristocratique de la ville. Une quinzaine des plus beaux édifices de la partie nord et autant dans le faubourg St-Laurent furent détruits ou fort endommagés. Le collège de Montréal, établi au château de Vaudreuil, l’église des Jésuites, qui servait au culte protestant, la chapelle de Bonsecours, la vieille prison furent en partie rasés. On crut que le sinistre était dû à une main criminelle et l’on offrit 500 livres sterling de récompense pour la découverte des incendiaires. C’était à l’é poque où les agents du premier consul Napoléon étaient le plus actifs à Montréal. Mais rien ne prouve qu’ils aient été les instigateurs du désastre.

Palais de justice et prison de Montréal

En 1799, la Législature avait décrété la construction d’un nouveau palais de justice, au coût de £5,000, et imposé une taxe sur les actes légaux pour en défrayer la dépense. Cette mesure fut reçue par le public sans opposition, mais il en fut bien autrement, lorsqu’en 1805, on voulut construire une prison nouvelle. L’incendie de 1803 ayant détruit l’ancienne géole du temps des Français, le Parlement vota une loi d’impôt sur certaines marchandises pour assurer la construction des bâtiments à côté du palais de justice. (L’ancienne prison, construite au pied du Courant Ste-Marie, ne fut commencée qu’en 1831).

Les marchands, dont le commerce était affecté par la nouvelle taxe, protestèrent énergiquement contre cette mesure et envoyèrent même une requête au roi pour demander le rappel de la loi. Dans un banquet, qui les réunit à l’hôtel Dillon sur la Place d’Armes, les protestataires burent joyeusement « à la santé des honorables membres du parlement, auteurs de la loi ». La « Gazette » commentait le lendemain cet événement dans le sens des marchands et dans un langage offensant pour la Législature. Le Parlement crut voir là une attaque injustifiée contre son autorité et manda l’imprimeur et l’éditeur à la barre de la Chambre pour expliquer leur conduite. L’afifaire n’eut pas d’autres suites.

Les nouvelles prisons de Québec et de Montréal coûtèrent chacune £13,000, mais le revenu des impôts dépassa £72,000.

Château Ramezay en avril 2020, un printemps triste, en pleine pandémie. Photo de GrandQuebec.com.
Château Ramezay en avril 2020, un printemps triste, en pleine pandémie. Photo de GrandQuebec.com.

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