Le gouvernement Godbout s’y engage formellement dans le discours du trône
La session provinciale s’est inaugurée hier par la cérémonie la plus simple de toute l’histoire du parlement – nombreux projets de législation du ministère – pour un enseignement réaliste et pratique
Québec, 7 janvier 1941. La gravité des jours que nous traversons a donné à l’ouverture de la 2e session de la 21e législature de la province de Québec, le caractère que le gouvernement Godbout désirait. Tout s’est déroulé suivant la tradition des parlements britanniques mais sans aucun apparat.
Le discours du Trône lui-même, qui nous a annoncé un programme sessionnel considérable mais concernant uniquement les problèmes essentiels au bien-être de la population, était impeccable de forme mais dépourvu de toute littérature.
La province de Québec avait hâte de savoir si l’honorable Adélard Godbout y définirait son attitude à l’égard de la conférence du 14 janvier 1941 à Ottawa. Le premier ministre, nous en étions certains, a pris position avec fermeté et il a trouvé une formule heureuse. Voici ce qu’il a fait dire au lieutenant-gouverneur dans le discours du Trône :
« Mon gouvernement est désireux de collaborer avec les autorités fédérales en participant à la prochaine conférence interprovinciale. Le premier ministre et plusieurs de ses collègues y assisteront. Tout en se prêtant à une coopération indispensable au maintien et au progrès de la Confédération canadienne, ils verront d’un commun accord à conserver intégralement les droits et privilèges sur lesquels repose l’autonomie de la province. »
Les principaux problèmes que le gouvernement a l’intention de résoudre avec le concours des législateurs au cours de la session, sont les suivants :
Le bien-être social, la prévention de certaines maladies contagieuses, un enseignement réaliste et pratique, assistance à des commissions scolaires, encouragement aux industries du lin, de la betterave à sucre et du cidre, meilleur drainage des terres, révision des lois de colonisation de façon à en réduire la complexité, utilisation généralisée de la force motrice pour le défrichement des terres des colons, amélioration des routes qui rattachent les principaux centres de la province à l’État de New York, développement de l’industrie forestière, amélioration du code municipal et de la loi des liqueurs pour favoriser la tempérance et enrayer le commerce clandestin ; privilèges égaux pour les fonctionnaires des services extérieur et intérieur ; assistance à la classe ouvrière, aux pêcheurs de la Côte-Nord, de la Gaspésie et aux ouvriers qui travaillent dans les mines, etc.
Cérémonie d’ouverture
La cérémonie d’ouverture de la session s’est déroulée très rapidement, comme un film sur l’écran.
À 3 heures précises, le lieutenant-gouverneur, le major général sir Eugène Fiset, en uniforme khaki, orné de multiples décorations, arrive à l’hôtel du parlement en automobile. Il est accompagné du brigadier J.-H. Lefebvre, commandant du district militaire de Québec, et de ses quatre aides-de-camp : Lieutenant-colonel D.-B. Papineau, Lieutenant-colonel J.-D. Brousseau, Lieutenant-colonel C.A. Fages, commandant d’escadre Adélard Raymond.
Lorsque le lieutenant-colonel descend de sa voiture, il se dirige vers la garde d’honneur qui l’attend. La garde d’honneur a un cachet tout particulier. Elle a été choisie au centre d’entraînement de Valcartier, qui est commandé par le lieutenant-colonel J.-E. Pineault, et est formée de trois détachements des unités suivantes : Fusiliers Mont-Royal, Régiment de Maisonneuve, Royal 22e.
Ottawa respectera les droits des provinces
Le gouvernement fédéral n’a pas l’intention d’empiéter sur l’autonomie provinciale, dit l’honorable Ernest Lapointe à une délégation des Syndicats catholiques – les ouvriers approuvent le rapport Sirois.
« Si, à la conférence fédérale provinciale, qui s’ouvrira ici dans une semaine, on tente d’empiéter sur les droits des provinces, je deviendrai le défenseur de l’autonomie provinciale, a déclaré, hier, le ministre de la justice, l’honorable Ernest Lapointe, à la délégation de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada. Les représentants de la C.T.C.C., soumettaient leur mémoire annuel au gouvernement fédéral.
Le ministre des la justice a ajouté qu’il ignore le résultat de la conférence de mardi prochain. Mais, dit-il, je vous assure que le gouvernement n’a l’intention de rien faire qui puisse empiéter sur les droits des provinces. Je noterai encore qu’aucun cabinet d’Ottawa n’aurait la hardiesse de tenter de léser les droits provinciaux en matière d’éducation.
Le très honorable M. Lapointe a ensuite déclaré aux ouvriers que contrairement à certaines opinions, ce ne sont pas les autorités fédérales, mais certaines provinces qui ont demandé la tenue de l’enquête royale Rowell-Sirois sur la réforme éventuelle de notre constitution.
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