La guerre de 1793 entre la France et la Grande-Bretagne
En avril 1793, les Canadiens apprennent que la France révolutionnaire vient de déclarer la guerre à l’Angleterre ainsi qu’à la Hollande.
Le 24 avril 1793, le lieutenant-gouverneur du Bas-Canada, M. Alured Clarke, signe une proclamation de guerre à la France :
«Étant informé par une lettre de l’un des principaux Secrétaires de sa Majesté, que les Personnes qui exercent actuellement l’autorité suprême en France ont déclare la guerre contre sa Majesté le premier jour de février dernier, et étant commandé de la faire immédiatement publier autant que possible dans cette Province, tous les sujets de sa Majesté dans la dite Province en sont par ces présentes notifiées à l’effet d’avoir soin, d’un côté, d’empêcher aucun malheur qui pourrait autrement arriver de la conduite présente des Français, et de l’autre, de faire tous leurs efforts dans les différentes stations pour les harasser et leur nuire, en prenant leurs navires ou vaisseaux et ruinant leur commerce.»

Le 25 avril, les députés du premier Parlement canadien qui étudiaient un projet de loi modifiant la cour du Banc du Roi, interrompent leurs sessions suite à la réception de cette lettre du lieutenant-gouverneur Alured Clarke annonçant la guerre.
Le représentant du roi d’Angleterre demande à la Chambre de revoir immédiatement les lois concernant la milice car, selon lui, « une milice bien réglée qui a toujours été considérée comme la meilleur sûreté et protection de tout État, est dans les circonstances présentes un objet plus particulièrement digne de considération ».
Au même moment, on reçoit à Québec la nouvelle de l’exécution de Louis XVI sur l’échafaud. Les gens sont incrédules. L’historien Claude Galarneau cite le commentaire du français Colbert de Maulevrier, alors en voyage au Bas-Canada:
» …peu, au moment où j’écris, veulent croire à la mort du roi de France. On se cache, disent-ils, et reparaîtra, il a le pouvoir de se rendre invisible. Ils ne veulent pas en général croire un mot des horreurs de la révolution. Le bon peuple français, ou, comme ils disent, nos pères, n’en sont pas capables. Ce sont des calomnies que les anglais répandent à dessein. »
La guerre étant déclarée, les Canadiens français se réjouissent si ils sont favorables à la révolution. Ou, par contre, s’attristent lorsqu’ils ne le sont pas.