Présence des Basques au Canada à l’époque de la découverte du Canada
La connaissance de la mer pousse les Basques à quitter les côtes des mers européens et à s’engager de plus en plus loin dans l’océan.
Certains historiens font remonter la présence des Basques sur les côtes de Terre-Neuve et du Labrador, aussi tôt qu’en 1485, donc à peu près au même moment où s’effectue la découverte « officielle » du Nouveau Monde. Leur présence dans le golfe du Saint-Laurent est attestée dès 1520, alors qu’ils se livrent à des activités de pêche sur une assez large échelle.
Jacques Cartier, lors de sa courte escale à Tadoussac en 1535, ne mentionne pas la présence des Basques. Soit qu’il ne les ait pas rencontrés, soit qu’il préfère éviter que les concurrents, qui ne sont pas Français, fréquentent déjà les lieux qu’il est en train de « découvrir ».
Excellents marins et pêcheurs, les Basques ne craignent pas de s’aventurer en des lieux inconnus. Comme le font les marins des autres nations, ils tiennent secrètes leurs découvertes. Il arrive aussi qu’ils soient obligés de défendre leurs droits et leurs biens, contre des concurrents. Même les navires espagnols, qui se considèrent comme les maîtres du pays, n’hésitent pas à les attaquer et à piller leurs navires. C’est pourquoi leurs bateaux sont fortement armés et les équipages habitués aux coups durs. Leurs talents dans le maniement des armes et dans les batailles navales sont tels que leurs services sont requis, en temps de guerre, par l’un ou l’autre belligérant.
Les premiers contacts dans le Saint-Laurent se font fort probablement entre Basques et Montagnais, le long de la rive nord, ou directement à Tadoussac. Comme le font les mariniers du temps, les Basques cherchant des mouillages sûrs, à proximité des meilleurs sites de pêche. Les activités des Basques ne sont pas concentrées sur la rive nord de l’estuaire ; elles se déroulent aussi sur la rive sud.
Mais la morue qui, à cette époque, abonde dans le fleuve, leur permet de se mettre à l’abri des mauvais résultats de la chasse à la baleine et, le cas échéant, de doubler les profits. Les pêcheurs en viennent aussi à construire des cabanes et des établissement de traitement du gras de baleine, ainsi que des chaffauds ou claies fabriqués à l’aide de branches servant à faire sécher les morues au soleil.
Dans son « Grand Insulaire et pilotage », André Thévet, cosmographe du roi de France, mentionne la chasse à la baleine dans le Saint-Laurent. Selon les propos qu’il a recueillis auprès des capitaines et marins qui naviguent sur le Saint-Laurent, c’est dans l’estuaire à la hauteur de la rivière Saguenay que se concentrent les activités de pêcheries. Sur la rive nord, au chauffaud aux Basques, à Tadoussac, à Bon-Désir, à l’anse aux Basques et aux Escoumins. Sur la rive sud, à l’île aux Basques et à la pointe à la Loupe. Il ne s’agit probablement pas des seuls endroits fréquentés sur une base régulière.
L’île aux Basques est l’un des endroits privilégiés par les Basques pour y dépecer et faire fondre le gras des baleines. Harponnées dans les eaux profondes, à l’embouchure du Saguenay, elles sont déportées par;es vents et les courants vers le rivage, ou elles sont remorquées jusqu’aux sites de dépeçage situées dans la partie est de l’île. Les Basques y ont établi des bâtiments sommaires, à proximité de leurs navires, dont subsistent quelques vestiges des fours servant à faire fondre le lard de baleine.
Divers artefacts ont également été retrouvés sur le site des fours : débris de tuiles en terre cuite, tessons de poterie amérindienne, perles de verre et bagues servant de marchandise de troc, etc. Selon les archéologues, les vases d’argile auraient pu être fabriqués au cap Tourment ou à l’Île Verte. Ces découvertes permettent de confirmer les rapports étroits que les Basques tissent avec les populations amérindiennes qui fréquentent aussi ces endroits.
Certains historiens ont exprimé l’idée que les Basques, à la manière d’autres groupes d’aventuriers de l’époque, pourraient avoir forcé les Indiens locaux à travailler pour eux.
Source : Ghislain Michaud. Les gardiens des portages. L’histoire des Malécites du Québec. Éditions GID.
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