Premiers journaux au Québec
Au XIXe siècle, c’est le journal qui est la plus importante source d’information du grand public. En fait, la Nouvelle-France n’a jamais possédé de presses à imprimer. Ainsi toutes les informations écrites se faisaient de personne en personne. (Force est de noter qu’en absence d’imprimeries, le Canada était dominée plus encore que l’Europe par les traditions orales. C’est-à-dire, contes, fables, légendes, mais c’est un autre thème). C’est en 1764, un an après le Traité de Paris et la Conquête, que les premières presses à imprimer canadiennes arrivent de Philadelphie, de l’atelier de Benjamin Franklin.
Le 21 juin de la même année, on imprime à Québec le premier journal canadien. Montréal devra attendre sa presse encore quatorze années. C’est Fleury Mesplet, l’un des instigateurs de la naissance de la littérature canadienne, qui l’y introduira, avec sa Gazette de commerce et littéraire pour la Ville et district de Montréal, parue le 3 juin 1778.
Fleury Mesplet était d’origine française. Né à Lyon, il apprend très jeune le métier d’imprimeur et s’établit à Londres, en 1773. À Londres, il rencontre Benjamin Franklin (qui l’aurait peut-être incité à émigrer aux États-Unis). Dans sa Gazette, Mesplet et Valentin Jautard, un fougueux journaliste français, recruté par Mesplet, publient des nouvelles. Ces ouvrages suscitent les réactions des lecteurs et éveillent leur intérêt pour l’âge de la Lumière, particulièrement pour Voltaire.
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Sur ordre du gouverneur François-Louis Frédéric Haldimand, Mesplet et Jautard sont incarcérés le 2 juin 1779 cause d’attaques contre les juges de Sa Majesté. Les deux premiers rédacteurs de la presse canadienne se butent au mur de la censure et de l’Église et apprennent ainsi la pratique de l’autocensure.
Le 25 août 1785, Mesplet publie le premier numéro de La Gazette de Montréal/The Montreal Gazette, journal bilingue.
En 1790, Fleury Mesplet écrit dans ce journal : L’entière liberté de la presse est le plus grand honneur dont puisse jouir un état. Influencés par la révolution française, Mesplet et Jautard éveillent une opinion publique indépendante et créent le débat public. Leur journal contribue également à la fondation des associations comme l’Académie de Montréal (fréquentée avec assiduité par les deux journalistes).
Grosso modo, au Québec, depuis Mesplet, la littérature trouve difficilement sa voie, mais finalement, à l’exemple de la littérature de l’Europe, elle réussit à gagner graduellement du terrain.
Une imprimerie sous le Régime français
Kalm comme un vrai savant, s’inquiète un peu de ce qui touche à la vie littéraire. C’est lui qui nous apprend qu’il n’y avait pas d’imprimerie au Canada, lorsqu’il y passa, mais qu’il y en avait eu une autrefois. « On l’ait venir les livres de France, dit-il et tous les ordres même le papier-monnaie sont écrits à la main.
On ne veut pas y introduire la presse pour éviter les libelles contre le gouvernement et la religion, c’est ce que l’on dit, mais le pays est trop pauvre pour que l’on y imprime des livres et la France veut garder le monopole de l’exportation ».
Ce sont là des aperçus nouveaux d’un esprit libre et auxquels les voyageurs français de cette époque ne nous ont pas habitués.
(Voyage de Kalm au Canada. Par J.-Edmond Roy).