Première bataille au Canada

Première bataille entre les Anglais et les Français au Canada

L’archipel des Îles-de-la-Madeleine fut le théâtre des premiers conflits anglo-français au Canada.

Au printemps de 1597, Charles Leigh, équipant un navire et faisant voile vers l’Ile de Ramea (îles ramées, c’est-à-dire réunies les unes aux autres par des dunes de sable), y arriva le 18 juin. Il trouva une multitude de vaches-marines (Vaccae Marinae) sur toutes les îles, même sur les battures du Rocher-aux-Oiseaux.

Aux environs de Brion, il y avait tant de morues qu’en une heure, avec quatre lignes seulement, ses hommes en pêchèrent 250, ainsi qu’un flétan si gros que leur barque ne put le contenir.

Le 19, il pénétra dans la havre de Halabolina (La Grande-Entrée) et, après avoir jeter l’ancre, il envoya sa grosse chaloupe et douze matelots, sous les ordres du premier officier, inspecter le voisinage. Ils trouvèrent (probablement dans la baie du Cap de l’Est) quatre navires: deux de Saint-Malo, en Bretagne, et deux de Sibiburo, des parages de Saint-Jean-de-Luz.

Ces Français voulurent se faire passer pour des Espagnols. À cette nouvelle, Charles Leigh convoque à son bord les quatre capitaines, mais seuls ceux de Saint-Malo s’y rendent. Leigh envoie chercher les deux autres et leur dit: «Nous ne vous ferons pas de mal, nous voulons être vos amis, mais par mesure de prudence, nous vous prions de nous livrer vos munitions.» Les Français s’y refusent. Froissés et humiliés, les Anglais répondent: «Vous ne voulez pas? Eh bien! Nous retirons notre amitié. Soyez nos ennemis! »

Les deux capitaines malouins sont congédiés. Quelques heures après, une barque se présente à leur bord pour jeter les munitions à l’eau. Il s’en suit un combat sur le pont des navires français. Les Anglais l’emportent et, malgré l’engagement de ne pas toucher à autre chose qu’aux munitions, ils enlèvent tout ce qu’ils trouvent.

Informé de la déloyauté de ses subalternes, Leigh, scrupuleusement fidèle à la parole donnée, intervient et fait rendre aux Français tout ce qui leur a été enlevé, mais il garde à son bord les armes et les munitions. Ayant quelques doutes sur la nationalité de ces étrangers, il leur dit: «Si vous êtes les sujets du Roi de France, vous ne perdrez pas un seul sou.» Mais son équipage n’était pas du même avis et il dut réprimer sévèrement une mutinerie qui éclata parmi ses gens qui voulaient à tout prix enlever un navire aux Français.

Ces derniers s’organisèrent. Le lendemain, à la pointe du jour, au moins deux cents Français et Bretons étaient rangés en ordre de bataille sur le rivage, où ils avaient placé trois pièces de canons (qui avaient échappés aux anglais ?), et se préparaient activement au combat.

Tout à coup, une vigoureuse décharge d’une centaine de coups de fusils (mais d’où venaient les munitions qui, si l’on en croit les passages précédents, sont censées se trouver à bord du navire Anglais ?) part d’un petit bois et s’abat sur la tête des Anglais. Charles Leigh hisse le pavillon blanc. Les Français lui demandent d’envoyer des émissaires pour s’entendre avec eux. Ralph Hill et plusieurs délégués arrivent bientôt sur la grève où ils sont faits prisonniers et gardés jusqu’à la restitution des munitions. Ce qui est exécuté sur le champ.

Les Français forment le projet de saisir le navire anglais et de faire passer un vilain quart d’heure à l’équipage, mais les Anglais prennent la fuite durant la nuit.

Voilà donc la première bataille entre les Anglais et les Français au Canada. Elle a lieu sept ans avant la fondation de l’Acadie, onze ans avant la fondation de Québec et douze avant le combat du Lac Champlain.

Aucune relation de voyage ne parle plus de ces Îles avant Champlain, qui les appelle Ramée-Brion et n’en dit pas plus long.

(D’après Paul Hubert, Les Îles de la Madeleine et les Madelinots. Rimouski, Imprimerie Générale de Rimouski, 1926, pp. 26-28).

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Samuel de Champlain en route vers le rassemblement des habitants de la Nouvelle-France (Fête nationale). Photo : © GrandQuebec.com

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