Les précurseurs de la Confédération

Les précurseurs de la Confédération

Ceux qui parlèrent les premiers de la Confédération – Une prophétie du savant abbé Holmes – M. Étienne Parent prévoit, ou l’absorption des colonies anglaises à la confédération américaine, ou leur union par une confédération – M. J.-C. Taché et le « Courrier du Canada » – Une appréciation de M. Bilot

Le patriarche des journalistes canadiens-français

À l’occasion du soixante et onzième anniversaire du fameux Acte de l’Amérique britannique du Nord, mieux connu sous le nom de Confédération, n’est-il pas à propos de parler un peu des premiers personnages qui se firent les avocats de cette cause si importante qui, comme on le verra, n’est pas nouvelle.

Il y a plus de trois-quarts de siècle, déjà, à une époque où aucun mouvement politique ou national ne laissait prévoir cette grande page de notre histoire politique, des personnages en vue prophétisèrent que la Grande-Bretagne procéderait un jour à l’union fédérale des provinces qu’elle possédait en Amérique du Nord, pour faciliter leurs relations, tant économiques qu’autres.

L’abbé Holmes, un savant dont la mémoire est chère à tous, et qui s’intéressa à la politique canadienne et aux progrès immenses que réalisait son pays d’adoption, prévoyait la Confédération dès le milieu du siècle dernier, soit dix-huit ans avant sa sanction. En effet, il écrivait au député de Rimouski dès l’année 1849, une lettre d’amitié dans laquelle il lui déclarait que le Canada ne tarderait pas à entrer dans une ère nouvelle par l’union de ses provinces. Cela nous démontre la sureté et la justesse des vues du célèbre prédicateur.

Le patriarche des journalistes canadiens-français

Avant l’abbé Holmes, cependant, figure, par ordre chronologique, l’un de nos hommes les plus distingués, tant par son patriotisme éclairé que par sa profonde expérience, M. Étienne Parent, que l’on a surnommé « le patriarche des journalistes canadiens-français. Ce dernier, dans, une lettre écrite à un ami en 1856, et dont le texte a été communiqué à M. Thomas Chapais, disait ceci : «Je ne sais si vous êtes de mon avis, mais pour moi, je ne vois que deux alternatives pour ces colonies (les colonies anglaises de l’Amérique du Nord ) : leur absorption prochaine dans la confédération américaine, ou leur formation en une puissance séparée en une confédération. À des sociétés parvenues à un certaine degré d’avancement, il faut un avenir fixe et certain, et l’état colonial n’offre pas cet avenir. Aussi tenons-nous pour assurés que si les gens réfléchis de ces colonies ne réunissent pas à entendre prochainement sur un plan de confédération, les exaltés nous entraineront malgré nous dans le tourbillon de la confédération américaine ». Et M. Parent d’ajouter : Je vous avouerai que, par ma part, je préférerais encore ce dernier parti à l’union législative des colonies, car avec les États-Unis, nous serions, au moins, un État indépendant pour nos affaires locales, tt nous n’aurions à nous défendre que contre l’influence morale des institutions démocratiques. Dans l’autre cas, notre existence nationale même serait menacée ainsi que tout ce qui la constitue, et j’aime mieux avoir la fièvre que d’être cadavre. »

M. J.-C. Taché

Le projet de confédération pour les provinces anglaises de l’Amérique du Nord est demeuré jusqu’alors, nous l’avons vu, dans la correspondance intime; mais en 1857, M. J.-C. Taché, rédacteur du Courrier du Canada, eut le courage d’aborder le premier cette grande et grave question de la confédération. Il le fit dans une série de trente-trois articles à l’aide desquels il forma un plan détaillé autant que précis, d’un projet d’union entre les provinces.

Ce travail qui fut mis en brochure, est jugé par l’un de nos plus dignes historiens comme étant sans contredit « le plus complet et le plus sérieux qui ait été fait sur le sujet ». Le Courrier du Canada a donc l’honneur d’avoir été le premier à traiter cette question épineuse.

Trois ou quatre ans plus tard. Le Journal de l’Instruction Publique reproduisait dans ses colonnes un extrait d’une lettre d’un illustre savant français, M. Bilot, envoyée à M. Chauveau, et dans laquelle le doyen de l’Académie Française di?sait: « J’ai lu avec plaisir le travail de votre ami. M. Taché. Ce travail est plus qu’un bon livre, c’est une une action. »

M. Étienne Parent

En 1861, M. Etienne Parent aborda dans le journal le Canadien, cette question de ls Confédération. adoptant les vues de M. Taché. Dans une longue série d’articles, il démontra à son tour la nécessité d une union solide et concertée entre les différentes provinces anglaises de l’Amérique du Nord. Et pour appuyer ma thèse, qui était en même temps celle de M. Taché, il citait l’extrait suivant d’une lettre envoyée par le comte de Montalembert à M. Taché : «  Cela doit vous prouver la vive sympathie que m’inspire tout qui tient à ce beau pays (le Canada) et par conséquent l’intérêt que j’ai dû mettre à lire votre ouvrage sur le projet d’une union fédérale entre les diverses colonies anglaises de l’Amérique Septentrionale.

Cette union m’avait déjà paru possible et désirable avant de vous lire, mais depuis, mon rêve s’est changé en conviction; et je vous remercie cordialement de m’en avoir fourni les éléments par cette études si pleine de faits et de chiffres lumineux. »

Nous pouvons donc dire, sans crainte de se méprendre, que les principaux précurseurs de la Confédération furent : le avant abbé Holmes, M. Étienne Parent et M. J-C. Tache.

Lorsque, le premier juillet, nous célébrons l’anniversaire de la Confédération. songeons-nous assez à ces trois personnages qui furent parmi les premiers à nous parler de l’union fédérale des provinces anglaises de l’Amérique du Nord ?

Savez-vous que le fameux tableau qui représente les Pères de la Confédération en séance, lors de la fameuse convention de Québec. qui devait aboutir à l’union des provinces anglaises de l’Amérique du du Nord, n’est qu’une vulgaire imitation d’une peinture bien connue en Écosse et qui représente sir Walter Scott entouré d’une pléiade d’hommes de lettres à Abbotsford ?

Pères de la Confédération. Tableau ancien.

C’est du moins ce que prétendait, il y a plusieurs années, un écrivain qui se cachait sous l’anonymat de ses initiales : J. E. R.

Cette peinture originale que la gravure a popularisée, a pour titre: “Sir Walter Scott And His Littery Friends At Abbotsford”. Elle peut être vue dans toutes les auberges d’Écosse.

Le peintre qui a fait le tableau des Pères de la Confédération, aurait tout copié : jeux de lumières, mise en scène, disposition des personnages. L’imitation serait si servile même qu’elle frapperait à première vue.

Sir Étienne-Paschal Taché aurait pris la place de Walter Scott. Sir John Macdonald, sir Hector Langevin, sir George Cartier, sir Charles Tupper, ne seraient que des sosies des principaux littérateurs anglais du commencement du siècle XIX.

À lire également :

Laisser un commentaire