Les Places publiques dans les villes de la Nouvelle-France
Depuis l’Antiquité, la vie sociale dans les villes se déroule essentiellement sur les places publiques. C’est aussi le cas dans les trois principales villes de la Nouvelle-France, soit Québec, Montréal et Trois-Rivières.
La ville de Québec en possède deux: dans la Basse-Ville se trouve la Place Royale, ou la Place du Marché, un espace assez petit orné par l’église Notre-Dame-des-Victoires et une série de jolies maisons qui se dressent autour de la place; dans la Haute-Ville, la Place d’Armes est également entourée de belles demeures situées à proximité du château Saint-Louis.
À Montréal, la Place d’Armes se trouve sur la rue Sainte-Geneviève, devant l’église paroissiale. En 1731, elle recouvre une superficie d’environ 90 mètres de large sur 60 mètres de profondeur. La place du Marché, rue Saint-Joseph, est beaucoup plus petite, soit près de 40 mètres sur 30.
Au XVIIe siècle, Trois-Rivières n’a pas encore de place publique. Il faut bien reconnaître que la «ville» de Trois-Rivières est alors un village qui ne regroupe qu’une centaine d’habitants, et il faut attendre la première moitié du XVIIIe siècle pour y voir apparaître une place publique digne de ce nom.
Ces places publiques jouent un rôle très important. Elles sont le centre de la vie commerciale et sociale de la cité.
On s’y donne rendez-vous, on échange des nouvelles, les autorités y affichent les ordonnances et les édits royaux au son du tambour.
Voici un exemple de l’ordonnance annoncée à Trois-Rivières le 9 novembre 1739:
«Je, Hyacinthe-Olivier Pressé, huissier royal en cette dite juridiction, … me suis transporté en la place d’armes de cette ville accompagné de Louis Perrin dit Sabre-en-main, tambour, où étant ledit Sabre-en-main ayant battu sa caisse, j’ai, par un cri public, assigné Jean Brissard dit Saint-Jean à comparaître à la huitaine devant le procureur du roi…»
La justice s’accomplit également sur la place publique, sur laquelle se dressent un poteau, un pilori, une potence ou un échafaud. On estime que la vue de ces instruments de torture, et la crainte du châtiment, dissuadera les habitants de se livrer à de actes que la morale, et la justice, réprouvent.
Sur les places publiques, on fait pendre les criminels après que le confesseur, une croix à la main, ait prononcé les paroles de réconfort et exhorté le condamné au repentir.
On constate que dans la première moitié du XVIIIe siècle, des pendaisons sont effectuées en Nouvelle- France environ une fois par an. Cependant, on marque les délinquants au fer rouge beaucoup plus souvent.
En outre, on les attache au pilori ou au poteau public un jour de marché (le mardi ou le vendredi). Sur leur poitrine et dans leur dos on dispose un panneau précisant la nature du délit.
Ces châtiments corporels sont appliqués deux ou trois fois par année.
À l’occasion, il peut y avoir de subtiles variations et quelques complications. Par exemple, les soldats Bontemps et Printemps, reconnus coupables d’avoir fabriqué de la fausse monnaie, sont condamnés au fouet à tous les carrefours de Montréal, puis à être marqués au fer rouge sur la place publique de Montréal, et envoyés ensuite aux galères.
Après les avoir fouetté, le bourreau les mène sur la place du marché pour les marquer au fer rouge d’une fleur de lys sur le bras droit.
La sentence est exécutée sur le soldat Printemps. Mais lorsque l’on s’apprête à procéder au juste châtiment sur le soldat Bontemps, ce dernier profite d’un moment d’inattention du bourreau pour prendre la fuite, avec l’aide de la foule et la complicité des soldats chargés de sa surveillance.
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