La pilule

La pilule au Québec et au Canada

Le 10 juin 1960, Ottawa accorde à la société G. D. Searle and Co. of Canada Ltd, la permission de mettre sur le marché canadien un produit qui a vite acquis le surnom de «la pilule».

En peu de temps, les contraceptifs oraux devinrent le sujet de conversation privilégié des jeunes adultes canadiens.

Ces pilules sont également devenus le symbole – et un agent – des grands changements sociaux qui allaient bouleverser l’Amérique du Nord au début des années 1960.

Bien que ses avantages furent sans conteste exagérés et ses inconvénients ignorés au début de sa mise en marché, la pilule a cependant véritablement aidé les femmes à éviter grossesse par-dessus grossesse, d’une façon qui était facile, peu chère et très fiable.

«Elle leur a certainement donné une arme contre la peur», ont déclaré plusieurs dames à l’époque. «C’est trop demander à un corps de femme que de faire un enfant tous les ans».

En leur enlevant la peur d’avoir des grossesses non désirées, la pilule a aussi probablement rendu la vie sexuelle plus attrayante pour bien des femmes. Elle leur a aussi permis de planifier de front une carrière et une vie familiale et a constitué l’une des étapes menant à l’égalité entre les sexes.

Lettre d’une femme médecin sur la pilule

« Merci, docteur, de ne pas m’avoir prescrit la pilule». (Sophie, 16 ans).

Et pourtant, qui n’aurait pas été d’accord avec la pilule de nos jours? Mais après une longue conversation d’une heure, à cœurs ouverts, entre deux femmes, dans le respect mutuel, nous avons fait toutes les deux un pas en avant: elle en décidant d’assumer sa sexualité et moi en décidant d’accorder du temps à mes patients afin de leur permettre d’éclairer leurs décisions.

Pourquoi raconter cette histoire «banale»? Parce que le journal LA PRESSE du 26 septembre m’a rappelé que de 5 à 10% des adolescentes deviennent enceintes chaque année, que la solution qu’on leur offre est la pilule, la solution ultime l’avortement et que les parents qui n’ont que de la morale à faire sont des «culpabilisateurs».

Eh bien non! En tant que parent, je ne suis pas d’accord : en tant que femme, je ne suis pas d’accord; en tant que médecin, je ne suis pas d’accord ! Même si la position des parents semble moralisatrice, et même s’ils ont peine à être compris de leurs adolescents, ils n’ont pas nécessairement tort.

Maturité

Prenons par exemple: un enfant de trois ans a la maturité physiologique de digérer coke, chips, friandises, à tous les repas et hors des repas. Pourtant c’est le devoir des parents d’éduquer petit à petit cet enfant sur la qualité nutritive de ses repas et de le guider fermement, jusqu’à ce qu’il ait atteint la maturité psychologique qui lui permettra d’équilibrer lui-même ses repas et de devenir autonome et responsable de sa santé. De même au plan de la sexualité: c’est le devoir des parents d’éduquer petit à petit leur enfant sur la qualité d’une relation amoureuse et de le guider, jusqu’à ce que l’adolescent ait atteint la maturité psychologique qui lui permettra de vivre par le choix et non par instinct une relation amoureuse et, devenant autonome, d’en prendre la responsabilité.

Oui, c’est à cela que se résume le rôle des parents: amener progressivement leur enfant à prendre la responsabilité de ses choix, à devenir autonome dans le respect de sa physiologie mais aussi dans l’épanouissement de sa psychologie.

Aussi, non seulement les parents ont le devoir d’inviter leur adolescent à une réflexion profonde sur sa sexualité mais ils ont aussi le droit d’être soutenus en ce sens par l’école, le psychologue, la travailleuse sociale… et le médecin.

Marie J E T T É – G R E N 1ER, M.D.,28ans Brossard.

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La pilule en 1960, source de la photo : Archives de Radio-Canada.

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