Peuplement de l’Ontario français

Le peuplement de l’Ontario français

La premier région de migrations

Aux XVII et XVIIIe siècles, nous retrouvons des Français dans le Sud et l’Est de l’Ontario, mais nous ne pouvons pas parler d’émigration canadienne-française à cette époque puisqu’une partie considérable du territoire actuel de l’Ontario faisait partie de la province de Québec et que le peuplement français était centré sur la chasse, le commerce des fourrures et l’expansion militaire de la Nouvelle-France.

Les Français avaient également des forts-comptoirs de traite de fourrures dans le Nord de l’Ontario, mais c’est seulement avec la formation du Haut-Canada, à la fin du XVIIIe siècle, que d’importants mouvements de colonisation constitueront l’Ontario que nous connaissons aujourd’hui.

Le gouvernement du Haut-Canada met en place l’amorce d’une infrastructure routière fondamentale, arpente de nombreux comtés, établit des garnisons et effectue divers travaux pour faciliter la colonisation et le peuplement. Au début du XIXe siècle, les Canadiens-Français du Bas-Canada commencent à affluer. Le peuplement du Haut-Canada se fait dans un corridor étroit de terres qui longe le fleuve Saint-Laurent et contourne le lac Ontario jusqu’au fort Érié. Durant les premières décennies, le territoire de colonisation et de développement s’élargit graduellement pour y inclure presque tout le Sud et l’Est de l’Ontario. L’installation de quelque millier de Canadiens-Français dans le Sud du Haut-Canada ouvre donc le premier sentier migratoire. Toutefois, la péninsule du Sud-Ouest et la région de Midland et de Penetanguishene, sur la rive de la baie Georgienne, demeurent des lieux de destination.

Vers 1840, les Canadiens-Français du Québec commencent à s’établir dans l’Est, notamment dans les comtés de Prescott, Russel et Glengary, le long du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais. Le peuplement canadien-français s’étend donc maintenant jusqu’à la région d’Ottawa. En 1841, ils sont 11 000, soit 2,4% de la population du Haut-Canada, alors qu’en 1861, ils sont 33 287 et représentent encore 2,4 % de l’ensemble de la population. Les migrants canadiens-français s’installent surtout à la périphérie du Québec ; ce mouvement de colonisation de la rive sud de la rivière des Outaouais coïncide avec la colonisation de sa rive nord et de la région des Laurentides du côté québécois. L’émigration québécoise s’inscrit dans un mouvement de colonisation qui voit les Canadiens-Français s’installer en majorité dans les milieux ruraux pour vivre de l’agriculture.

En 1860, la plupart des bonnes terres agricoles du Sud et de l’Est de l’Ontario sont déjà occupées et le mouvement de migrations prend de l’ampleur au milieu du XIXe siècle. Plusieurs Canadiens-Français devront donc s’établir sur des terres moins productives, plus petites et assez souvent abandonnées par des anglophones qui émigrent vers l’Ouest canadien. Les autres problèmes relatifs à la colonisation ontarienne sont semblables à ceux qu’ils retrouvent au Québec : équipements périmés, techniques d’exploitation rudimentaires, manque de diversification, morcellement des terres pour doter les enfants. De façon générale, la production par hectare de l’agriculteur canadien-français de l’Ontario est inférieure à celle de son homologue anglophone. Cette productivité réduite restreint la capacité de capitalisation et limite la mécanisation qui s’amorce à la fin du XIXe siècle. L’engrenage de l’infériorité économique se poursuit en terre ontarienne. La migration change le milieu, mais ne modifie pas les rapports sociaux.

(Tiré du livre de Roger Bernard Le Canada français : entre mythe et utopie. Éditions du Nordir, 1998).

Voir aussi :

Musér Royal de l'Ontario
Musée Royal de l’Ontario

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