Le pétrole en Gaspésie

La Gaspésie : un second Leduc et un nouveau Klondike du pétrole

Des forages en profondeur se poursuivent dans la région de Gaspé pour la recherche de gisements pétrolifères. Les résultats sont non seulement prometteurs, mais ils sont probants : il y a du pétrole en Gaspésie.

Le pétrole existe déjà puisque le calcaire s’est avéré généralement pétrolifère quand il émerge à la surface. Le programme de forage avait pour but de pénétrer ce calcaire. Le pétrole qu’il génère peut s’accumuler dans les zones poreuses situées au-dessus des roches productives, spécialement quand ces roches poreuses sont situées sous des roches imperméables, comme le schiste.

Lorsqu’on a atteint une profondeur de 1,400 pieds, on a découvert une importante bande de schiste. Cela était un avantage parce que ce minéral se fracturant difficilement, on prévient ainsi toute sortie de pétrole, tout suintement pétrolifère à la surface. Les dômes reposent sur des roches que les géologues considèrent comme génératrices de pétrole. De plus, du pétrole frais a été découvert dans ces roches lorsqu’elles affleurent à la surface. Ces structures, enfin, sont propices à l’accumulation de pétrole.

Le corallien

Le corallien de Gaspé semblerait être du même genre que celui de Leduc. On sait que c’est dans ce corallien que l’on a trouvé le pétrole à Leduc, en Alberta. D’après les géologues, ce corallien qui passe sous la Gaspésie, est le même que celui qui a fait la fortune de Leduc. Il est situé juste en dessus du silurien et marque le niveau approximatif où l’on pourrait trouver le riche pétrole en quantité commerciale. De plus, les géologues assurent que les infiltrations de pétrole partent de ces niveaux.

Il n’y a aucune divergence d’opinion entre les géologues qui sont allés en Gaspésie et y ont étudié le territoire. Ils s’accordent tous pour soutenir que si l’on doit découvrir des concentrations exploitables, elles seront trouvées à des niveaux que n’ont pas atteint les forages antérieurs.

Précautions

On est tellement certain qu’il y a du pétrole en abondance, qu’on a pris toutes les précautions possibles afin que la première pénétration qui atteindra le pétrole, puisse être contrôlable. On craint que se répète les inondations de pétrole qu’à connues Leduc. Cette perte de pétrole nuirait aux travaux et même si elle procurera une joie énorme aux Canadiens du Québec, il faut contrôler le pétrole comme on doit contrôler sa joie.

Le territoire en question occupe la partie nord de ce que les géologues du gouvernement fédéral ont décrit comme « un géosynclinal allant de l’est à l’ouest, à travers la région centrale de la Gaspésie. La partie nord de ce géosynclinal est caractérisé par la présence de nombreuses structures géologiques bien définies, dont les anticlinaux de Mississippi et du Mont-Chauve (Baid Mountain) sont les plus typiques».

Aux aguets

Les Gaspésiens sont aux aguets et on songe déjà aux grands développements qui s’en viennent. Comme pour le fer dans le Nouveau-Québec, on se prépare déjà à l’événement qui ne manquera pas de réjouir non seulement les gens de Gaspésie, mais de toute la province. On se demande si le chemin de fer sera assez bien équipé au début pour répondre au besoin. Il faudra construire des voies de garage pour recevoir, charger et expédier les wagons-citerne. On ne veut pas retarder ces expéditions. Après le premier jet, chaque jour nous ouvré représentera une grande production qui ne sera pas expédiée.

Monsieur Louis-H. Hudon

Nous avons eu la bonne fortune de rencontrer M. Louis-H. Hudon. Président et administrateur de la Peninsular Oil Corporation qui fait des travaux de forages depuis quelques années dans les cantons Holland, Fletcher et Bonnécamp, entre Gaspé et Ste-Anne-des-Monts.

Profondeur de 4,129 pieds

« Nous avons atteint une profondeur de 4,129 pieds, nous dit M. Hudon. Nous avons eu à lutter contre les sources d’approvisionnements en vivres et en carburant. Au canton de Holland, l’hiver commence au début de novembre et se termine à la fin d’avril. Nous devons tout transporter par auto-neige et parfois ouvrir des routes de 30 à 40 milles de longueur ».

Monsieur Hudon fait exécuter des travaux dans cet endroit précis depuis trois ans et demi, mais dès 1902 on songeait déjà à l’huile de la Gaspésie.

«On a cessé les travaux de 1902 sans aucune raison, souligne M. Hudon, on n’avait pas été assez loin et on a contourné les régions sans faire de recherches géologiques et en arrêtant ces travaux, on a fait un tort considérable à la Gaspésie. »

De 1929 à 1937, d’autres recherches furent faites en 1937, dans un rapport spécial de la région, les géologues concluaient que des travaux de forages étaient justifiés dans la Gaspésie.

Des Canadiens

Nous avons demandé au président de la Peninsular Oil Corporation si les Canadiens s’enrichiraient avec ces puits.

Il nous a répondu : « Nous avons trouvé excessivement difficile d’intéresser les gens du Québec et il a fallu en grande partie aller à l’étranger, à l’extérieur de la province, même aux États-Unis, pour trouver du capital. Nous sommes présentement, étant donné ces conditions, associés avec la Deardorf Oil Corporation d’Oklahoma, afin de poursuivre nos travaux et de partager les frais. »

« Il est temps, de conclure, M. Hudon, que les gens du Québec s’intéressent s’ils désirent, lorsque la Gaspésie sera en pleine production , dire qu’ils ont contribué au développement d,une partie intéressante des ressources naturelles de notre province. »

« Souvent on dit que ce sont les étrangers qui contrôlent nos ressources. Comment peut-il en être autrement ? »

À 5,000 pieds

À quelle profondeur croyez-vous atteindre du pétrole en quantité ?

Nous nous attendons à atteindre la zone productive à environ 5,000 pieds, une zone qui, selon toute apparence, serait semblable à celle de Leduc ainsi que de la grande découverte du Texas (Scurry). Cette découverte fut tellement considérable qu’elle fit le sujet d’un reportage spécial dans le magazine « Life ». Le corallien serait du même âge géologique.

De l’huile

– Avez-vous fait des découvertes déjà, M. Hudon ?

– À 1,800, 2,200 et 2,500 pieds, nous avons pénétré des zones qui produisent du gaz naturel et ce gaz, on pouvait le faire brûler à la surface à volonté. Le gaz naturel vient de l’huile des profondeurs et il est une indications certaine qu’il y a de l’huile en profondeur ».

Des bâtiments ont été érigés aux débuts des opérations pour la perforation, pour la cuisine et pour les dortoirs des hommes. Tout un équipement a été amené en Gaspésie, graduellement, à mesure que les travaux avançaient.

« Il faut tout transporter, même le charbon, dit M. Hudon. On ne saurait utiliser du bois car ce dernier est trop vert. C’est plus économique d’utiliser du charbon que d’abattre des arbres. Avec le charbon, le feu est plus égal et les hommes n’ont pas à se lever la nuit pour chauffer. »

Le cycle de l’exploitation

La période d’expérimentation touche à sa fin et dans quelques mois, ce sera le cycle de l’exploitation, de la production, et même titre que les provinces de l’Ouest, le Québec sera une région productrice de pétrole, comme il l’est déjà pour le fer, pour l’amiante et pour les autres produits de son sous-sol.

Par Arthur Prévost.

(Ce texte a été publié en mars 1950).

Voir aussi :

La partie ouest de la Gaspésie attire l'attention des Canadiens. On remarquera un peu au nord du centre de la péninsule les cantons Holland, Bonnecamp et Fletcher. C'est dans le premier qu'on trouvera le premier pétrole gaspésien, à une profondeur d'environ 5,000 pieds. On a atteint déjà 4,129 pieds. On remarquera que l'endroit est situé environ à mi-chemin entre Gaspé et Sainte-Anne-des-Monts (en haut, à gauche). Comme il n'a y pas de route pratique, on doit tout transporter, vivres, carburant, pièces de rechange, etc., au moyen d'auto-neige. Carte de l'époque, image libre des droits.
La partie ouest de la Gaspésie attire l’attention des Canadiens. On remarquera un peu au nord du centre de la péninsule les cantons Holland, Bonnecamp et Fletcher. C’est dans le premier qu’on trouvera le premier pétrole gaspésien, à une profondeur d’environ 5,000 pieds. On a atteint déjà 4,129 pieds. On remarquera que l’endroit est situé environ à mi-chemin entre Gaspé et Sainte-Anne-des-Monts (en haut, à gauche). Comme il n’a y pas de route pratique, on doit tout transporter, vivres, carburant, pièces de rechange, etc., au moyen d’auto-neige. Carte de l’époque, image libre des droits.

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